Chargé contre son gré d'organiser l'enterrement d'un parfait inconnu, un Égyptien installé à Londres depuis de nombreuses années, bureaucrate blasé, se lance dans une sorte d'anti-épopée. Confronté à des aberrations administratives, à des rencontres improbables, à des souvenirs peu glorieux - doublés d'une "complication professionnelle" qui prend des proportions imprévues -, il lutte pour ne pas succomber au vertige de ce monde absurde.
Roman décapant à l'humour très british, "Sur le méridien de Greenwich" - "la ligne sacrée qui partage le monde entre Orient et Occident" - est une vraie découverte.
Hishâm est marchand de livres anciens au Caire. Jeune homme solitaire et fragile, il est habité par des manuscrits et des personnages d'autres temps. À la poursuite de l'interprétation de l'un de ses rêves récurrents, dans lequel il voit des anges venus du ciel cueillir le jasmin de la ville irakienne de Basra, il finit par se convaincre qu'il y a vécu dans une vie antérieure, au VIIIe siècle, et qu'il y a fréquenté d'illustres théologiens. Ce roman d'une beauté lumineuse révèle le douloureux contraste entre la splendeur de la Basra d'hier et le destin funeste de la Basra contemporaine - où les bombes ont remplacé les anges.
Anat Ismaël attend impatiemment la libération de son mari, prisonnier politique. Elle travaille comme interprète à l'ambassade du Canada à Damas, où elle est chargée d'accueillir les demandeurs d'asile. Les histoires de ces victimes de la répression dans tout le monde arabe s'articulent à la sienne et à celles de ses amies.
Cette anthologie poétique couvre l'oeuvre de Nouri al-Jarrah, grand poète syrien, de 1988 à 2019. Le livre s'ouvre sur les écrits les plus récents, de longs poèmes en plusieurs chants, inspirés notamment de la mythologie grecque, et marqués par la tragédie syrienne, pour aboutir à l'un des premiers recueils du poète, quand sa voix commençait à acquérir sa propre tonalité.
Nouri al-Jarrah est sans doute l'un des très rares poètes arabes vivants, sinon le seul, à marier avec bonheur l'épique et le lyrique, qui plus est dans une langue où transparaît son souci constant de la sonorité des mots.
Edition bilingue français-arabe.
Nelson est tout content de prendre le bateau pour rencontrer enfin sa correspondante étrangère. Fubalys est encore plus jolie que sur les photos échangées, ses parents sont très accueillants et le planning des sorties qu'on lui propose des plus alléchants. Alors pourquoi se sent-il mal à l'aise dans ce pays, pourtant si proche du sien ?
Il s'avère que Fubalys a deux nombrils, alignés l'un au-dessus de l'autre, et douze doigts. Nelson est un peu rebuté par ces malform ations, qu'il observe en fait chez tous les habitants de Brick-City - de véritables monstres ! Il a hâte de rentrer chez lui, pour retrouver des gens normaux, dotés comme lui de trois nombrils en triangle et de 4 doigts à chaque main...
Affamé, Abou Ali le chacal se déguise en pèlerin repentant pour mieux tromper ses proies. Il affirme à la poule, au coq et à la perdrix, étonnés de ne pas le voir se lancer à leurs trousses, qu'il renonce au monde - et à la consommation de viande... Impressionnés par tant de ferveur, les trois volatiles s'embarquent à sa suite dans ce vertueux pèlerinage. Tenaillé par la faim, Abou Ali change brutalement les règles du jeu et dévore ceux qu'il juge coupables de péchés. Seule la perdrix lui échappera, soudain consciente qu'il n'a jamais été question pour le chacal de se repentir !
Une fable animalière pleine d'esprit sur la roublardise des puissants, le suivisme des imprudents et la possibilité d'un sursaut de clairvoyance - véritable ressort de l'instinct de survie.
Jawad est le fils cadet d'une famille chiite de Bagdad. Son père le prépare à exercer la même profession rituelle que lui, celle de laver et de préparer les morts avant leur enterrement. Mais Jawad s'y refuse et rêve de devenir sculpteur "pour célébrer la vie plutôt que vivre avec les trépassés".
Pour les Syriens aux prises avec la violence déchaînée qui suivit la révolution de 2011, le monde est ce qui a fait silence et détourné les yeux pendant le crime. Pour ceux qui furent livrés à un long abandon, politiquement concerté et socialement consenti, le monde est le lieu d'un dégoût sans fond : une coalition de nihilismes conduisant au pire, qui a réduit à rien leur combat, à l'image des villes fantômes et des corps pulvérisés sous les bombes. Composé de huit textes écrits entre 2017 et 2022, ce livre adopte une approche anti-nihiliste face à ce monde défait, évoquant des formes différentes de destruction et de résistance.
Rayyane est une adolescente koweïtienne née avec une déformation de ses organes sexuels, d'origine génétique, et qui vit depuis l'enfance avec le sentiment confus d'être un garçon.
Kamal Achour, d'origine tunisienne, enseigne les mathématiques dans une université parisienne. Il a soixante ans, et vit avec sa femme, Brigitte, dans un immeuble où les copropriétaires et les locataires sont de nationalités et d'occupations fort différentes. Au dernier étage, habite une jeune Tunisienne, Zahra, qui travaille comme femme de ménage pour nourrir sa petite famille.
Imbu de sa personne, fier de son ascension sociale, Kamal ne peut s'empêcher de sympathiser peu à peu avec Zahra et, tout à son jeu de séduction, finit par tomber amoureux d'elle. Son rêve le plus cher, à elle, est de rentrer en Tunisie, et elle ne tarde pas à le réaliser...
Roman qui aborde subtilement la question de l'acculturation, il vient d'être nominé dans la short list du prix international du roman arabe.
Mai 1969, dans un petit village soudanais au bord du Nil. Le roman commence par la découverte dans le Nil du corps d'une adolescente que personne ne semble reconnaître. Les palabres autour de l'événement nous conduisent chez le maire, descendant d'une famille de notables en conflit ouvert sur le pouvoir local avec un autre clan du village, aussi riche et puissant. La femme du maire, Radiyya, se pose en gardienne des traditions, dont l'excision des filles, et maintient en esclavages ses domestiques en principe affranchis. C`est le cas de Fayet Niddo, mère de la belle `Abîr qui a été interdite de fréquenter l'école et qui, à treize ans, offre ses charmes sans renâcler à tous les hommes qui le lui demandent. Y compris le frère du maire qui lui promet sa protection...
Anthologie puisée dans quatre recueils de poèmes dont la publication s'est étalée de 2009 à 2019 : "Un billet pour deux" (2009), "Prière pour le début du gel" (2014), "Métaphysique du renard" (2016), "Le deuil ne porte pas de couronne"(2019). Accablé au cours de ces années par la disparition, l'un après l'autre, de ses proches amis, notamment le poète Bassam Hajjar (auteur de "Tu me survivras") et l'écrivaine et éditrice Mayy Ghoussoub, et grièvement blessé lui-même dans un accident de la route qui l'a plongé deux semaines dans le coma, le poète donne libre cours dans ces recueils au même sentiment de perte, mais avec des tonalités très variées allant du cri de douleur à la méditation métaphysique chuchotée. Il confirme de nouveau sa place parmi les plus grands poètes arabes contemporains.
Mêlant témoignage personnel, méditations, poèmes et cris, la poétesse libanaise, secrétaire générale du Booker Prize arabe et responsable des pages culturelles du quotidien An-Nahar et du magazine érotique JASAD, nous offre une belle illustration du nouveau féminisme arabe. "Tuer Schéhérazade", c'est à la fois vivre et penser en femme libre, en femme arabe et libre, comme il en existe tant et qu'on s'interdit de voir et d'entendre.
Le héros du roman, Ahmad, est un licencié en lettres qui rêve de devenir un grand écrivain et d'obtenir les prix littéraires les plus prestigieux alors qu'il est contraint, pour gagner sa vie, d'écrire de petits romans pornographiques à l'intention des sites internet spécialisés. Il fait la connaissance d'une jeune femme mariée, Nivine, une dévoreuse d'hommes, qui le mêle à ses torrides aventures sexuelles...
Sarmad est un ancien militant communiste exilé à Londres où il gagne sa vie comme traducteur. Il est toujours amoureux d'Alef, restée à Bagdad, et qui a été contrainte de se marier avec le frère de Sarmad, Mohannad, haut responsable des services de sécurité du parti au pouvoir. Le temps passe, et un jour, il constate, ahuri, en se réveillant, que son sexe a rétréci jusqu'à disparaître - lui, le machiste qui était naguère si fier de sa virilité et de ses innombrables conquêtes féminines.
Après avoir bourlingué à travers le monde, Zakaria Moubarak rentre dans son village natal, à l'est de Beyrouth. Quelques mois plus tard, on découvre son cadavre dans le terrain hérité de son arrière-grand-mère. L'enquête explore plusieurs pistes, de la vendetta familiale au règlement de comptes mafieux lié à une toile - volée à une ancienne maîtresse - qui serait un original de Chagall.
Empreint d'un irrésistible charme cosmopolite, ce formidable roman, le septième de l'auteur, distille le mystère tout en déployant une foisonnante chronique libanaise.
Amjad Nasser est le pseudonyme de Yehia Awwad al-Nu'aymi, célèbre poète, romancier et chroniqueur jordanien né en 1955 et unanimement considéré comme un maître du poème en prose. Son dernier recueil, Le Royaume d'Adam, qui vient de paraître alors qu'il se trouve entre la vie et la mort, rongé par un cancer du cerveau, est salué comme un chef-d'oeuvre, grâce notamment à son souffle épique en résonance avec La Divine Comédie. C'est l'occasion de publier, enfin, en français une anthologie substantielle et plusieurs fois retardée de son oeuvre poétique.
Fondé sur un événement révélé en 2003 par la presse israélienne, celui du viol et du meurtre en 1949 d'une jeune bédouine du Néguev, un roman dense et décapant qui, au-delà du conflit israélo-palestinien, dénonce le viol comme arme de guerre et aborde subtilement le jeu de la mémoire et de l'oubli.
Un livre incontournable savant et savoureux, sur la composition et le déroulement du repas épicurien libanais.
Reclus dans une chambre d'hôtel, un écrivain dénommé Monsieur N. ressasse les souvenirs de son enfance malheureuse. La femme qu'il a vraiment aimée l'a quitté, et il vient de constater que les pages qu'il a écrites pour se défouler depuis qu'il est à l'hôtel ont disparu. Hanté par le héros de l'un de ses romans, un tueur, il parcourt les bas-fonds de Beyrouth à sa recherche, le retrouve, mais le fuit précipitamment, paniqué à l'idée que l'autre le reconnaisse. Tout se confond dans sa mémoire : les événements vécus, les intrigues de ses romans, les rêves et les cauchemars... Qui est finalement ce mystérieux Monsieur N. ? On ne le saura qu'à la toute dernière page de ce roman haletant, certainement l'un des plus prenants et des plus ingénieux publiés en arabe ces dernières années.
Stigmatisant l'hypocrisie des religieux et de la société traditionnelle, ces nouvelles du célèbre auteur du Prophète plaident pour l'authenticité des sentiments, pour une justice impartiale et une religion sincère.
Pendant de longues années, Najla Jraissaty Khoury a sillonné le Liban afin de constituer le corpus le plus exhaustif possible des contes populaires libanais. Le présent ouvrage rassemble trente de ces contes, des histoires de femmes, racontées par des femmes à l'adresse d'autres femmes. On y retrouve la faconde des conteurs, la sagesse féminine, et de l'humour à toutes les pages...
Une jeune écrivaine égyptienne, Enayat El-Zayyat, s'est donné la mort en 1963, et personne ne se rappelle plus de son seul et unique roman, L'Amour et le Silence, publié en 1967. Plus de quarante ans plus tard, Iman Mersal l'a lu et, intriguée par le suicide de son auteure, a mené une longue et minutieuse enquête pour reconstituer son histoire. Un livre inclassable, entre la biographie, l'enquête historique et journalistique ou encore l'essai, superbement écrit par Iman Mersal dont la prose se révèle aussi forte et émouvante que sa poésie.
Autobiographie imaginaire d'un artiste-peintre, Chehab al-Chamandar (1958-2018) qui, à soixante ans, juste avant sa mort, se décide à raconter son itinéraire depuis son enfance dans une famille au passé politique glorieux. Défile ainsi sous nos yeux, en une trentaine de séquences portant chacune le titre d'un de ses tableaux, la vie tumultueuse d'un homme avide de tous les plaisirs, la sensibilité à fleur de peau, avec ses enthousiasmes, ses doutes, ses innombrables aventures amoureuses et surtout sa passion dévorante pour l'art moderne. Fort différent de Taxi ou de L'Arche de Noé, tant par le milieu social qu'il explore que par sa construction et son style, ce roman foisonnant sur les affres de la création artistique est probablement le seul du genre - ou l'un des très rares - dans la littérature arabe.