Filtrer
Rayons
Éditeurs
Langues
Prix
B. Andre Lar
-
Le train venait de faire son entrée en gare Saint-Charles à Marseille. Géraldine, penchée à la fenêtre de son wagon, scrutait l'horizon, guettant la silhouette de sa cousine Zize.
Les voyageurs couraient dans tous les sens.
Certains, que le roulis du train avait quelque peu bercés, descendaient la tête encore dans les nuages, mettant un certain temps avant de réaliser qu'ils étaient
arrivés à destination ; d'autres faisaient un signe de la main, heureux de retrouver la personne qui devait venir les chercher. Le quai ressemblait à une véritable fourmilière humaine.
Soudain, un épais nuage de fumée blanche, ainsi qu'une odeur âcre obligèrent Géraldine à rentrer la tête dans son compartiment afin d'échapper aux effluves malodorants
que dégageait la locomotive. Elle toussota, frotta légèrement ses yeux, puis s'empara de ses bagages.
Au moment où elle allait descendre du wagon, elle entendit une voix qui l'appelait :
- Géraldine !
- Zize ! Enfin, te voilà ! J'ai cru un instant que tu m'avais oubliée.
- Comment ? T'oublier ! Cela fait des jours que nous attendons ton arrivée !
-
MA LORRAINE
Région prospère s'il en était !
Tes quartiers délaissés sombrent dans la torpeur.
Tes rues tristes et vides me font presque peur.
Dis-moi, que t'est-il arrivé ?
Un à un, on détruit ceux qui firent ton orgueil.
Partout il y a le vide, partout s'installe le deuil.
Tes hauts fourneaux manquent au paysage.
Leurs gros panaches blancs sont devenus nuages.
La nature vorace a bien repris ses droits,
Que l'homme lâchement a négligé, ma foi.
Bravo ! Dame nature car tu es la plus forte.
Dommage à vous, les hommes, d'avoir fermé vos portes.
Que reste-t-il de mon enfance ?
Des jours heureux de l'insouciance ?
Ce silence m'effraie chaque fois que je passe
Par cette belle région meurtrie au plus profond d'elle-même,
J'ai beau me retourner, il n'y a plus de trace
De ma jeunesse enfouie sous ce paysage blême.
B. André-Lar -
Avant de quitter la Tanzanie, la jeune femme avait prévenu ses parents de son arrivée et leur avait demandé de venir la chercher à l'aéroport. Ce fut donc avec bonheur qu'elle aperçut au loin son père qui tentait de se frayer un chemin parmi les voyageurs.
- Papa ! cria-t-elle en levant le bras.
- Nina !
Le père et la fille se jetèrent dans les bras l'un de l'autre. Nina pleurait sur l'épaule rassurante de ce père qui était toujours à ses côtés aussi bien dans les bons moments que dans les mauvais.
- Ta mère nous attend à la maison, je crois même qu'elle a fait ton dessert préféré !
- Alors, dépêchons-nous, dit la jeune femme, se sentant redevenir une petite fille.
Lorsqu'ils arrivèrent à la maison, une bonne odeur de gâteau flottait dans l'air.
- Attends ! dit Nina. Laisse-moi deviner... Un marbré !
- Oui, ma chérie ! Comme tu nous as manqué !
- Vous aussi ! dit-elle en retenant ses larmes.
- Tu vas nous raconter ton voyage, n'est-ce pas ? dit Claudette, sa mère, très excitée par ce qu'allait leur raconter leur fille.
- Laisse-la respirer ! dit gentiment Georges. Elle doit être fatiguée par son voyage, regarde la petite mine qu'elle a.
- C'est vrai ! Tu n'as pas très bonne mine, dit Claudette.
- Ah ! dit Nina, c'est que j'en ai des choses à vous raconter... -
Cinq mois s'écoulèrent.
John quitta le château sans laisser d'adresse.
Monsieur de Rubière contacta un organisme susceptible de lui envoyer une jeune femme pour s'occuper de l'enfant. Après quelques visites, une des jeunes femmes retint son attention. Ce ne furent ni ses diplômes ni son expérience qui l'interpellèrent, mais sa douceur, sa façon de parler et surtout de prendre le petit Axel dans ses bras, de le réconforter. Il lui demanda de rester quelques jours au château afin de faire ses preuves, mais au bout d'une journée, il comprit que ce serait elle et aucune autre qui s'occuperait de son petit-fils.
Jeanne, cette jeune fille de la campagne lorraine, avait su convaincre ce grand-père exigeant. De taille moyenne, très mince, la blondeur de ses cheveux et le bleu de ses yeux lui donnaient l'air d'un ange. Ses gestes naturellement délicats laissaient à penser qu'elle avait reçu une très bonne éducation. Sa douceur et sa patience lui valurent immédiatement le respect de tout le personnel du château. À son contact, le petit Axel s'ouvrait à la vie comme une rose à la rosée du matin. Tous les jours, sur les coups de dix heures, elle emmenait le petit Axel voir son grand-père dans son bureau. Monsieur de Rubière attendait ce moment avec impatience. L'enfant poussait de grands cris en le reconnaissant et agitait ses petites jambes aussi vite qu'il le pouvait. Plus rien ne comptait à ce moment-là. Monsieur de Rubière interdisait à qui que ce soit de le déranger : ce moment privilégié avec son petit-fils, il ne l'aurait manqué sous aucun prétexte.
- Merci, Jeanne, disait-il chaque fois. A-t-il bien dormi ?
- Oui, monsieur, c'est un vrai petit ange. -
C'était un jeune médecin installé depuis peu dans la région. Il était arrivé dans ce village tout à fait par hasard. Il venait de Paris. À la suite d'un chagrin d'amour, il avait décidé de changer de vie et surtout de fuir la capitale. Un ami lui avait parlé de ce petit village dans le Sud de la France. Il n'avait pas pris le temps de venir voir sur place, il avait accepté tout de suite ce poste de médecin resté vacant depuis le décès de son prédécesseur quelques mois auparavant.
Tous les villageois l'accueillirent à bras ouverts : ils désespéraient de voir un jour un médecin venir se perdre dans ce village perdu dans cette si belle région inondée de soleil et bercée par le chant des cigales.
- Cet endroit est merveilleux, ne cessait de répéter Aurélien. Cela faisait six mois qu'il était arrivé dans la région, plusieurs de ses amis étaient venus le voir, mais lui n'avait pas encore fait le chemin à l'envers. Il disait qu'à présent, sa vie était ici et que plus rien ni personne ne le ferait changer d'avis.
Ce fut lui qui vint lorsque la grand-mère adoptive de Margaux tomba gravement malade. Malgré tous ses efforts, la pauvre femme décéda quelques semaines plus tard. Margaux restait seule dans cette grande maison. Orpheline à l'âge de sept ans, elle avait été adoptée par cette femme qui n'avait jamais pu avoir d'enfant et qui avait été heureuse de prendre sous son aile cette pauvre petite, qui n'était autre que la fille de sa voisine. La fillette avait tout de suite aimé cette femme au grand coeur, qui lui donna toute la tendresse et l'amour d'une mère et d'une grand-mère. Au fil du temps, tout naturellement, Margaux la nomma « grand-mère ». -
Ils pénétrèrent dans l'étable. Une dizaine de vaches en train de manger tournèrent la tête en les voyant entrer. Leur gros oeil tout rond alla se loger au plus loin
qu'il put dans son orbite pour ne rien perdre des allées et venues des intrus. L'une d'entre elles avait un ventre énorme. Elle était couchée sur un lit de paille
et respirait avec difficulté.
- La voilà, dit la paysanne. Elle est pas ben vaillante.
Le vétérinaire s'approcha d'elle et invita Alizéane à faire de même.
Soudain la femme la retint par le bras et dit :
- Elle touchera à aucune de mes vaches. Compris ?
- Mais je suis vétérinaire, tout comme le docteur M...
- Vous êtes une femme ! Une femme a sa place à la maison, à faire la popote pour son homme et ses enfants.
-
La vie n'a pas épargné Katia de Bonnafieux. Elle n'a jamais connu ses parents. Sa mère est morte en couche et son père, fou de chagrin, a disparu sans laisser de traces. Recueillie par son oncle, elle est placée dans un pensionnat. À dix-sept ans, lorsqu'elle apprend le décès de cet homme qui lui a tout appris, elle se retrouve seule au monde. Elle devra se battre pour sauver son héritage. Mais une Bonnafieux ne baisse jamais les bras.
Michel, son cousin, la prend sous son aile. Il tombe immédiatement amoureux de cette belle cousine dont il ignorait l'existence. Déterminée, un brin réservée, Katia est également une talentueuse violoniste. Il la fait participer à des récitals. Très vite, le succès est au rendez-vous. Dans tous les salons où Katia se produit, c'est la même effervescence. Les concerts s'enchaînent et elle se met à sillonner le monde. Chez le comte russe Naedje Naubonxief, elle fait la connaissance de Benoît, dont le charme slave la touche en plein coeur. Mais pourquoi la courtise-t-il alors qu'il en aime une autre ? Un jour, alors que Katia se promène à cheval, un homme tente de la tuer. Qui est cet inconnu décidé à la faire disparaître ?
La Révélation de l'anagramme nous entraîne dans le tourbillon de la vie de Katia, entre la France et la Russie, à la fin du XIXe siècle. Son destin la conduira à la découverte de l'amour et de secrets de famille bien gardés. -
Les trois jeunes gens passèrent un long moment à admirer l’une après l’autre ces toiles de grands maîtres qui les faisaient rêver. Alors que l’une d’elles suscitait leur intérêt, Flora sentit la main de Stanislas se poser sur son épaule. Surprise, elle tourna la tête, son regard croisa celui du jeune homme. Il la regarda fixement sans pour autant enlever sa main. Gênée, elle dirigea les deux jeunes gens vers un autre tableau. Ils la suivirent, mais une fois encore, Stanislas plaça sa main sur son épaule, prétextant un mauvais contre-jour. Il l’attira contre lui. Son visage était si proche du sien qu’elle sentit le souffle de sa respiration dans son cou. Prise d’un léger vertige, elle se laissa aller contre lui quelques secondes, puis se reprit.
— Messieurs, je vais vous quitter. Je dois m’entretenir avec ma mère au sujet de l’un de nos métayers.
— Nous verrons-nous pour le dîner ? proposa Kenneth. Nous allons chez Claude, nous y serons tous. Seras-tu de la partie Stan ?
Le jeune homme regarda Flora, il semblait attendre sa réponse pour donner la sienne.
— En ce qui me concerne, je décline votre invitation mon cher ami, je suis lasse ce soir, s’excusa Flora.
La journée qu’elle avait passée l’avait bouleversée. Elle ressentait le besoin d’être seule.
— Désolé Ken, j’ai moi aussi à faire de mon côté, s’empressa d’ajouter Stanislas.
— Tu vas retrouver ta chère Priscilla ? insista le jeune homme.
Ce dernier ne répondit pas. Il se saisit de la main de Flora, la porta à ses lèvres tout en la fixant droit dans les yeux.
— À bientôt, j’espère !
Flora rosit puis répondit d’une façon presque inaudible :
— Moi aussi. -
L’automne s’annonça précoce. Il ne fut plus question de Sir Enguerrand, et la vie reprit son cours habituel. Les carnets de commandes des deux femmes ne désemplissaient pas. Guenièvre devint une brodeuse que tout le monde s’arrachait et Marguerite vit sa clientèle s’agrandir jusqu’à la cour du château.
Deux mois s’étaient écoulés depuis que le seigneur Enguerrand avait demandé à recevoir Guenièvre à sa cour.
Souvent, à présent que les arbres perdaient leurs feuilles, on pouvait apercevoir le châtelain accompagné de ses écuyers et de ses dames de compagnie partir à la chasse. À chaque fois, Guenièvre se cachait à l’arrière de la maison afin de ne pas être vue.
Puis un jour, quelqu’un vint frapper à la porte. Yvin alla ouvrit et fut violemment repoussé par l’un des gardes de monseigneur Enguerrand.
— As-tu ce qu’il faut pour soigner un blessé ? demanda-t-il d’une voix tonitruante.
— Oui ! J’ai ce qu’il faut, qui est blessé ? interrogea Yvin.
— Ça ne te regarde pas !
— Je ne soigne pas n’importe qui ! insista-t-il, prêt à en découdre avec cet impoli.
Ce dernier lui donna un tel coup de coude qu’il envoya Yvin violemment contre le mur. Son front se mit à saigner.
— N’êtes-vous pas fou ! s’insurgea Marguerite. Sortez de ma maison ! Vous m’entendez !
— Non mais regardez-moi cette pie-grièche ! Tu as de la chance d’être une femme !
L’homme leva une main prêt à la battre.
— Si tu touches un seul cheveu de ma femme ! Je te tue ! s’écria Yvin soudain remis du choc qu’il avait eu à la tête.
Alors que les deux hommes allaient se battre, des pas de chevaux résonnèrent devant la porte de la maison. L’homme sortit précipitamment. Quelques bribes de voix parvinrent aux oreilles d’Yvin et de sa femme. Ils se regardèrent atterrés.
— Monseigneur Enguerrand ! dirent-ils en même temps.
— Où est Guenièvre ? s’inquiéta Marguerite.
— Je ne sais pas, elle est partie se promener dans la forêt, tu sais que l’automne est sa saison préférée.
— Seigneur, faites qu’elle n’arrive pas maintenant, supplia Marguerite. -
Pour son vingt-quatrième anniversaire, Aline reçoit un « Bon pour un stage de vitraux?» offert par sa grand-mère. Quelques jours plus tard, elle arrive devant un imposant château balayé par le mistral. Alors que personne n'est venu l'accueillir, elle suit une flèche indiquant le chemin de l'atelier. Elle y fait la connaissance de Michel, son maître de stage. Très rapidement, un lien d'amitié s'établit entre la stagiaire et le vitrailliste.
Aline remarque plusieurs vitraux représentant des scènes violentes. Qui est cette femme aux longs cheveux pleurant sous les coups de fouet d'un homme ? Qui est ce guerrier piétinant des cadavres en implorant le ciel ? Le maître de stage n'est pas très loquace. Que sait-il au juste ?
Elle va faire la connaissance d'Amaury, puis de Matthieu et de Raoul. Tous ont un passé torturé, mais aucun d'eux ne résistera au pouvoir envoûtant des yeux d'Aline.
Parviendra-t-elle à percer le secret de ces hommes aussi mystérieux que les personnages de ces vitraux ? La malédiction des Pantaverne de Roxances va-t-elle enfin prendre fin ?
Quoi qu'il arrive, la vie d'Aline ne sera jamais plus la même. -
Marthe, héritière d'un magnifique chalet savoyard, doit entamer une rééducation afin de retrouver son autonomie suite à une chute.
Un beau matin, Corinne, jeune infirmière libérale, sonne à la porte de l'ancestrale demeure. Éblouie par la magnificence des lieux, elle tombe également sous le charme de cette nonagénaire hors du commun.
De révélations en confidences plus intimes, une tendre complicité va naître entre les deux femmes. Mais, Corinne dissimule les véritables raisons de sa venue.
Qui est exactement Corinne ? Fifi, la fidèle employée de Marthe, ne l'a-t-elle pas surprise en train de fouiller dans son bureau ?
La présence de Corinne semble déranger certaines personnes au chalet qui, de toute évidence, recèle de nombreux mystères... -
La vie de Céline va être bouleversée à tout jamais, à l'ouverture du testament de son père, et à l'annonce de l'existence de son demi-frère Alexis.
Tout d'abord vexée, elle refuse de parler à cet héritier tombé du ciel.
Qui du frère ou de la soeur va reprendre les rênes de l'entreprise, dirigée depuis des décennies de main de maître par les hommes de la famille ? Alexis voudra-t-il s'acquitter de cette lourde charge qui lui incombe et à laquelle il n'était pas préparé ? Sera-t-il l'héritier, dont Gustave Maurisse rêvait en secret, et que le destin venait de mettre sur sa route ?
Céline décide de tout quitter pour s'installer dans le charmant village provençal au nom chantant de Clair-Matin-lès-Oliviers, pour se consacrer à sa passion, «?la poterie?».
Elle va y faire la connaissance d'un vieil homme rongé par les remords, qui vit seul dans son château sur un piton rocheux. Elle va découvrir la vie aux moeurs étriquées d'un petit village, où la rumeur mesquine se répand aussi vite que la semence un jour de grand vent. La raison l'emportera-t-elle sur la colère et les sentiments sur le devoir ?