Aimer passionnément le Moyen Âge, c'est embrasser mille ans d'histoire. C'est, dans ce temps long, traquer les images stéréotypées: chaos, violence débridée, rudesse des moeurs... Si les élites, nobles ou prélats, échappent parfois à ce sombre tableau, les petites gens en constituent la cible privilégiée.
Ce livre rassemble une vingtaine de textes écrits par l'une des plus éminentes spécialistes du Moyen Âge pour déconstruire pas à pas cette image qui alimente nos propres fantasmes. La réalité est autre. Les archives, en particulier judiciaires, permettent de décrire une société forte du respect de la tradition, ancrée dans un temps rituel, où hommes et femmes ont des rôles séparés quoique complémentaires. Leurs valeurs ne sont plus les nôtres. La vie n'y a pas de prix si l'honneur est blessé.
N'imaginons pas une société passive et écrasée par le poids des dominations. Elles sont certes nombreuses. Mais les petites gens des derniers siècles du Moyen Âge participent à la construction de l'État, manifestent leur opinion et, au sein du royaume de France, deviennent des sujets politiques.
Elle a fait la France de son vivant et plus encore pendant les siècles qui suivirent son martyre. Son irruption dans la guerre de Cent Ans change le cours de l'Histoire. Guidée par des voix qui lui intiment de bouter les Anglais hors du royaume, Jeanne devient la Pucelle, chef de guerre et héros politique. Elle communique sa hardiesse à ses compagnons d'armes et à Charles VII, qu'elle fait sacrer à Reims.
Mais sa renommée, jusqu'au-delà des frontières, ne se résume pas à sa vaillance. Elle est également édifiée par tous ceux qu'effraie la figure d'une femme prophétesse et guerrière : Jeanne d'Arc terrorise les Anglais et sans doute ses juges. Ils font d'elle une ' putain ribaude ' et une sorcière, la capturent, l'emprisonnent, la soumettent à un procès inique qui la condamne au feu.
C'est la construction d'un personnage maléfique que ce livre donne à lire, en interrogeant les sources à frais nouveaux. Le procès de condamnation, véritable tribunal d'inquisition, fabrique des chefs d'accusation pour déshonorer la Pucelle : son alliance avec le diable, ses échanges avec les démons, le signe mystérieux qu'elle aurait présenté à Charles VII pour le persuader d'asseoir son pouvoir légitime...
Pourtant, son courage et son supplice n'ont pas suffi à lui attirer la reconnaissance du roi. Pour lui, Jeanne d'Arc a en partie échoué dans ses prophéties comme dans la guerre.
Reste le peuple, dont on explore ici les croyances et les peurs ; car c'est le peuple qui restitue finalement à Jeanne d'Arc son honneur, avant que la légende ne s'en empare.
Quels sont les événements historiques qui inaugurent, jalonnent et clôturent le Moyen Âge français ? Comment un ensemble de régions dominées par les Francs devient-il progressivement le royaume de France ? Quelles sont les valeurs sur lesquelles s'est construite la société médiévale et quelle a été leur évolution ? Parcourant mille ans d'histoire française dans un style clair et précis, Claude Gauvard visite la France médiévale, de la fin de l'Empire romain d'Occident jusqu'au crépuscule du XVe siècle. Évoquant tour à tour les aspects économiques, politiques, mais aussi sociaux et culturels de la France médiévale, l'historienne démontre avec brio à quel point cette période, éloignée des stéréotypes négatifs issus de la Renaissance, a ses valeurs propres fondées sur l'honneur, tout en préfigurant déjà l'État moderne.
En 2013 était lancée la ligne des « Histoires personnelles de France » avec l'ouvrage de Bruno Dumézil, Des Gaulois aux Carolingiens. L'ambition affichée est alors de donner carte blanche à un panel de spécialistes, un par période, pour constituer une histoire de France non seulement la plus juste scientifiquement, mais aussi la plus abordable. Les sept volumes de la collection ont été ici réunis, formant un récit vivant et d'une cohérence impeccable. De cette continuité entre les récits de chacun ressort clairement qu'il n'existe qu'une histoire de France, complexe et articulée, faite de mouvements plutôt que de moments, dont les contours sont connus et admis ; seuls les angles d'approche varient, et c'est dans cette subjectivité que réside la force de l'ensemble coordonné par Claude Gauvard.
« Digne de mourir, comme inutile au monde » : c'est en ces termes que les archives ont conservé la trace de la condamnation à mort d'un valet déclaré coupable de vol, à Paris, en 1391. Est-ce là une simple tournure de phrase destinée à la postérité, ou cette expression traduit-elle la réalité d'un jugement considérant l'« utilité au monde » comme un prérequis au droit de vivre ? Et ce « monde », est-il celui du roi, qui affirme ainsi son pouvoir sur ses sujets, ou celui d'une chrétienté qui ne considère plus que le criminel peut être racheté ? Condamner à mort au Moyen Âge n'est pas un acte plus anodin qu'aujourd'hui. Il n'est pas non plus, semble-t-il, plus fréquent. Et si la condamnation est un outil d'affirmation du pouvoir royal, ce n'est pas par sa nature coercitive ou arbitraire, mais par l'encadrement des juges et la pratique de la grâce. C'est là l'autre pan d'un Moyen Âge rénové depuis plusieurs décennies que Claude Gauvard révèle, avec cette volonté d'approcher au plus près, par un examen minutieux et clairvoyant des sources, la cohérence d'une société médiévale qui nous est à la fois étrangère et pourtant fondatrice.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
"Pour la première fois, l'éditeur des savoirs, les Presses Universitaires de France, et la maison de disques culturels de référence Frémeaux & Associés, s'associent pour proposer des cours particuliers sur l'histoire de France, racontée, expliquée et analysée par les plus grands universitaires.
En près de cinq heures, cet enregistrement retrace l'histoire de France sous les rois capétiens, lors des XIIe et XIIIe siècles, incarnée par Claude Gauvard, spécialiste d'histoire médiévale."
Claude COLOMBINI FREMEAUX
"Pour la première fois, l'éditeur des savoirs, les Presses Universitaires de France, et la maison de disques culturels de référence Frémeaux & Associés, s'associent pour proposer des cours particuliers sur l'histoire de France, racontée, expliquée et analysée par les plus grands universitaires.
En près de cinq heures, cet enregistrement retrace l'histoire de France aux XIVème et XVe siècles, incarnée par Claude Gauvard, spécialiste d'histoire médiévale."
Claude COLOMBINI FREMEAUX
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
La rue est à ce point familière qu'on n'y prête plus guère attention. Mais à quoi ressemblait-elle hier ? Avant l'automobile ? Avant l'électricité ? Avant les gratte-ciel ? Et aujourd'hui, comment le street-art s'inscrit-il dans le paysage urbain ?
Dès l'Antiquité, les rues découpent l'espace en lignes droites, trottoirs et portiques apparaissent, l'eau circule sous les voies. Puis commence le long Moyen Âge de la rue. C'est l'époque du clair-obscur, de la boue et du feu, des charrettes, des cris : la rue devient un théâtre. C'est aussi le lieu des processions royales, des exécutions, des châtiments publics et des carnavals. Côté sombre, c'est la prostitution, la mendicité, les crimes. Ensuite, surgit le temps des transformations : les percées, les alignements et les destructions, l'éclairage, la numérotation des maisons, l'invention de la poubelle. Dans la rue depuis toujours prompte à se soulever, on passe de la révolte à la manif', quand s'élèvent les barricades, tandis que se succèdent les événements, des plus tragiques telles « les matines sanglantes » de la Saint-Barthélemy, aux plus glorieux comme les bals de la Libération de Paris.La révolution automobile et l'urbanisme sur dalle, la rue piétonne, la rue des exclus, la rue franchisée sont autant de bouleversements dont nous sommes les témoins. Catherine Saliou, Claude Gauvard, Joël Cornette, Emmanuel Fureix et Danielle Tartakowsky nous offrent une histoire inédite de la rue politique, culturelle, artistique et sociale. Éclairé par une centaine de photographies, de cartes et de plans, ce livre invite chacun et chacune à s'approprier ce lieu de mémoire et de vie.
Dressée au coeur de Paris depuis le XIIe siècle, la cathédrale Notre-Dame a été bâtie par et pour la ville, dont elle a modifié le visage. Loin de n'être qu'une construction de pierre, dont les prouesses architecturales et esthétiques ne cessent de fasciner, Notre-Dame constitue avant tout un phénomène historique urbain et global inscrit dans la longue durée, dès avant la cathédrale gothique. C'est de ce constat que sont partis Boris Bove et Claude Gauvard, accompagnés d'une quinzaine de spécialistes parmi les meilleurs, pour retracer l'histoire de cette cathédrale, laquelle, longtemps restée le symbole d'une ville, appartient désormais au patrimoine mondial, au point que la destruction de sa flèche lors du grand incendie de 2019 ait ému la communauté internationale. Plus d'une centaine de documents iconographiques et une dizaine de cartes originales éclairent cet objet d'étude, au croisement de l'histoire religieuse, sociale, politique, culturelle et urbaine.
Neuf historiens ont mis leur science au service de l'histoire de Paris, pour en éclairer un aspect à la lueur de leurs propres travaux et des derniers acquis de la recherche. C'est ainsi que sont tour à tour abordées la question de la place des saints fondateurs dans la ville, celle de l'évêque, des enceintes, de la justice, de la bourgeoisie, de l'assistance, des femmes, de l'université, de l'aristotélisme, du roi en son palais et de la guerre civile. Ce sont autant de portraits d'une ville aux visages multiples qu'il est difficile de saisir dans son ensemble, mais leur mise en série permet ici de s'en faire une idée. Il en ressort néanmoins que Paris cumule déjà à cette époque les fonctions économiques, religieuses, intellectuelles, curiales et politiques, ce qui est unique en Occident où les villes peuvent rarement s'enorgueillir de plus de deux ou trois fonctions : Gand est avant tout une cité industrielle, Bologne une ville universitaire, Venise un pôle commercial... Cet épais feuilletage de fonctions variées est probablement l'explication de l'exceptionnel développement de Paris au Moyen Âge.
Cet ouvrage traite de la réparation en justice après une punition qui n'a pas été conforme à la vérité et qui, dans les cas les plus graves, a puni de mort ou d'emprisonnement à vie un innocent, au détriment de son honneur et de sa famille. Le cas de Jules Durand, docker-charbonnier du port du Havre, condamné à mort en 1910, réhabilité en 1918 sert de trame à la réflexion. Mais combien le processus s'avère délicat quand la justice a mal jugé, voire a condamné à mort un innocent. Est-ce si facile pour la Cour de cassation de réhabiliter sans remettre en cause les juges que la Loi protège depuis le Moyen Âge ? La solution consiste à mieux penser la procédure, à exercer la justice en humaniste comme l'a souhaité l'avocat général Raymond Lindon dont le livre contribue à éclairer la pensée et l'action. Alors, le jugement peut prendre en compte à la fois la vérité des faits et l'honneur des hommes.
« Tous les historiens français ? Il va de soi que le bilan entrepris ne peut, dans les limites imparties - un jour et demi de colloque, une quinzaine de communications -, prétendre à l'exhaustivité. Assurément, le choix de la première partie s'imposait de lui-même : le système universitaire français découpe traditionnellement et institutionnellement le continuum historique en quatre périodes et des collègues ont accepté d'en dresser l'inventaire. On mesure l'ampleur de la tâche, et les trois maîtres d'oeuvre de ce livre en sont d'autant plus reconnaissants aux auteurs pressentis : avec des méthodes et des angles d'attaque parfois différents, ils ont relevé le défi et gagné le pari. Les bilans esquissés constituent de véritables tours de force et fournissent l'épine dorsale de la présentation globale.Si, déjà, l'exhaustivité était interdite à ces auteurs, elle était encore plus difficile à réaliser quand s'est posée, pour les autres séances du colloque, la question du choix des thèmes. Ceux-ci, assurément, n'ont pas été choisis au hasard mais, inversement, l'établissement de leur liste, par le bureau du CFSH, ne doit pas être interprété comme un tableau d'honneur historiographique. Plus prosaïquement, il a paru utile de faire le point sur quelques domaines, parmi d'autres, dans lesquels des évolutions se sont produites. Souvent, ont été retenus en premier lieu ceux de ces domaines pour lesquels l'analyse pouvait concerner plusieurs sous-périodes à la fois . Les choix, en tout cas, ont été faits avec le souci constant de respecter - et de tenter de rendre compte de - la pluralité des sensibilités historiographiques qui est l'un des facteurs de la richesse de la production scientifique des historiens français. Leur maison commune ne peut exister que si elle se montre apte à incarner une telle pluralité et capable aussi de refléter, on l'a dit, sa diversité générationnelle. »