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Emmanuel Loi
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Le soliloque a une tradition perpétuée au cours des siècles, de l'incantation la plus douce à l'invocation la plus ardente. Parler seul est une célébration d'un partage manqué, les autres ne sont pas là, ils font défaut. C'est cependant leur absence qui permet le chant. NU est une supplique, un adagio proféré dans la nuit d'un cachot ou d'une loge, un homme emmuré dans son écho scande sa solitude. Encagé, il n'attend plus. Il tente sa chance comme d'autres se risquent, à apprivoiser le malheur. Les mots-chiens sont lâchés, le carnarge est toujours intime. Celui qui recueille les mots reçoit ainsi son dû : il tient tous les rôles, s'abuse, se noie. L'auteur, fait acteur pour une danse, dit sa chose : sans fard, sans remède et banalement cruel.
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Le Onzième Commandement
Emmanuel Loi
- FeniXX réédition numérique (Fleuve Éditions)
- Les noirs
- 12 Décembre 2018
- 9782402323451
Clavets, la soixantaine, est un pape du braquage. Transféré à la prison-mouroir de Liancourt, il se sait doublement condamné : par le nombre d'années d'emprisonnement dont il vient d'écoper, et par le cancer qui le ronge. Aidé de quelques fidèles, il va s'offrir un dernier tour de piste... Un roman palpitant comme une évasion réussie, angoissant comme la préparation d'un casse, tragique comme le destin de son héros.
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Marseille est incorrigible. Hochet des médias, elle paie son tribut séculaire aux échecs et aux rumeurs qui la secouent, grelots et crécelles d'une lépreuse au grand coeur. Qui peut vouloir régner sur une métropole saignée, sur une ville en crise d'identité depuis toujours ? Grand port du passé, cité du commerce international, Marseille « fatigue » face à la sape de l'Histoire. Un homme symbolise Marseille depuis la Seconde Guerre mondiale : Gaston Defferre. Qui est-il, que s'est-il passé entre la ville et lui ? Duel terrible et fascinant semblable à la lutte entre le serpent et l'épervier. Seigneur de guerre pour certains, parrain pour d'autres, Defferre a surtout été l'avocat de sa propre cause. Il a, paraît-il, toujours agi sans vergogne. Monstrueusement seul dans la cohorte des hommes publics, tout semble avoir été dit sur quelqu'un qui a été un grand fantôme de la vie politique des années cinquante-80 : manitou, baron, grand vizir. La nécessité d'esquisser une analyse, un décryptage d'une passion bridée entre une ville et un homme, l'histoire indéfectible de deux destins, est venue.
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Le canal de Panama
Emmanuel Loi
- FeniXX réédition numérique (L'Incertain)
- Franc-parler
- 12 Août 2016
- 9782402151771
Une atmosphère à la Wim Wenders, à la fois lourde et étrangement légère, décrite avec minutie, pèse sur ces dix nouvelles. Sur fond de paysages omniprésents, des narrateurs antihéros nous y font partager leurs fragments de vie aux destins minuscules. Souvenirs d'après-adolescence, escales vagabondes, dérives sentimentales ou littéraires, prisons et hôpitaux psychiatriques, tous ces rites inhumains ne trouvent exutoire que dans un certain exotisme, décadent et forcément panaméen. Né en 1950, Emmanuel Loi vit et travaille à Marseille. Sociologue, écrivain, scénariste, homme de théâtre à l'écoute de son temps, il est une figure active de la vie culturelle marseillaise, où il collabore à divers journaux et manifestations. Il a déjà publié sept ouvrages.
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- La caisse, fait Miguel. Il ne crie pas, la voix est plus dure. De mauvaise grâce, la brune groupe les coupures d'une main, elle les pose à côté du sac. - Mettez-les vous-même, dit-elle - Vous êtes brave. Si j'étais un truand, j't'en planterais une dans la tête. - Vous me faites pas peur. - Alors pourquoi t'as donné l'argent ? - Pauvre con ! Miguel ne la tue pas. Il ne sait pas, il aime cette fierté.
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Rien ne rassemble Deleuze, Duras et Debord sinon d'avoir été contemporains, d'avoir vécu en même temps les années de l'après-guerre, l'existentialisme, les guerres coloniales, la chute du mur de Berlin, l'écroulement des certitudes justes. Et une nécessité commune à dire les choses, une faculté à élucider le poids du monde par les mots. Trois parleurs émérites, trois solitaires avec leurs bandes, leurs réseaux de fidèles. Trois insoumis qui se défiaient de toute idée de système, de tout enclos de la pensée.
Le rapport aux images est fondamental pour relire l'ensemble de leur œuvre. Debord les étrille, Deleuze les étudie, Duras s'y essaie.
La lucidité exige son prix. Malgré leur force et leur courage, le penseur politique et le philosophe ont décidé de mettre fin à leurs jours, l'écrivain et cinéaste a utilisé quant à elle une mèche longue. Que cela nous serve de leçon n'est pas sûr. En tout cas, c'est un emblème des temps que nous vivons. Endurance et suffocation contre laxisme et silence.
Emmanuel Loi, né en 1950 vit à Marseille. Il est auteur d'une quinzaine de livres, dont La Vie périmée (Éditions 1, 2000), Les Mains en l'air (Léo Scheer, 2002) et Peine capitale (Flammarion, 2003).
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Le sentiment d'usurpation est tenace. J'ai souvent perçu que je n'avais aucune légitimité. Le simple fait d'articuler cette prétention allait dévoiler à la compagnie un trafic, un artifice. Cela vient en partie d'une facilité à tisonner les mots. J'active le feu, fais partir la braise et m'abuse des mèches d'incendie. Je jette du sable pour araser le sol, de peur que pousse une plante dont je ne connais pas le nom.
E. L.
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Il est né dans les Vosges, mais c'est sans doute à Marseille
qu'il trouve ses plus sûres racines ou amarres. Pour le meilleur
et pour le pire. Cette ville chaotique, mystérieuse, vénéneuse
peut-être, agitée, il y débarque dans les années soixante-dix,
sur fond d'agitation politique, avec toute sa soif de liberté.
Et c'est dans cette ville que revient de nos jours Emmanuel
Loi, toujours aussi indocile, pour arpenter le terrain de sa
mémoire en une errance urbaine qui réveille les fantômes et
constate les réalités d'un aujourd'hui, où ne se retrouvent plus
tout à fait les saveurs d'antan.
Dans un mélange de haine et d'amour, l'auteur empoigne
Marseille à bras le corps, il se perd, sort des sentiers battus,
cherche à comprendre le mystère de ce port des grands brassages.
Il est supposé livrer un texte de commande, une étude
urbaine. Mais il est trop rétif à la contrainte pour jouer tout à
fait le jeu. Et régulièrement, il s'échappe de la ville pour aller
vider, en Seine-et-Marne, la maison de sa mère, dans le deuil
encore béant de celle-ci.