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Francis Ponge
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"Il s'agit de savoir si l'on veut faire un poème ou rendre compte d'une chose (dans l'espoir que l'esprit y gagne, fasse à son propos quelque pas nouveau).
C'est le second terme de l'alternative que mon goût (un goût violent des choses, et des progrès de l'esprit) sans hésitation me fait choisir.
Ma détermination est donc prise...
Peu m'importe après cela que l'on veuille nommer poème ce qui va en résulter. Quant à moi, le moindre soupçon de ronron poétique m'avertit seulement que je rentre dans le manège, et provoque mon coup de reins pour en sortir."
Francis Ponge -
Poèmes en prose, brouillons, réflexions sur la poésie, fragments de correspondance : l'auteur du Parti Pris des choses nous fait entrer dans son atelier de création. Comment décrire le monde qui nous entoure, trouver le mot juste pour transcrire notre expérience de la nature, du monde végétal, du règne animal ? L'écrivain nous dévoile sa méthode mais aussi son éthique : afin de renouer avec le monde, afin d'élargir nos existences, nos mots ne doivent pas dominer les choses mais les épouser. Splendide leçon de littérature pour notre temps, La Rage de l'expression nous montre que toute manière d'écrire est aussi une manière de vivre.
À retenir : Repères chronologiques ; Francis Ponge et son temps ; La structure du recueil ; Les thèmes clés de La Rage de l'expression.
Dossier sur l'oeuvre et sur le parcours associé, "Émancipations créatrices" :
o Pourquoi lire La Rage de l'expression aujourd'hui ?
o Histoire littéraire et présentation de La Rage de l'expression
o Les mots importants du recueil
o Deux groupements de textes
o Prolongements artistiques
o Exercices d'appropriation
o Points de méthode
De nombreux exercices rédigés et guidées pour préparer l'écrit (le commentaire, la dissertation, la contraction de texte) et l'oral du Bac (les analyses linéaires et la grammaire). -
Nuit
du 19 au 20 juillet 1961
(les Fleurys)
Voici pourquoi j'ai vécu
Goûtant un vif plaisir à ne rien faire que provoquer par ma seule présence (chargée d'une sorte d'aimantation à l'être des choses) - cette présence étant en quelque façon exemplaire : par l'intensité de son calme (souriant, bienveillant), par la force de son attente, par la force d'exemple de son existence accomplie dans le calme, dans le repos, par la force d'exemple de sa santé - que provoquer une intensification vraie, authentique, sans fard de la nature des êtres et des choses, qu'à l'attendre, qu'à attendre ce moment-là.
À ne rien faire qu'à attendre leur déclaration particulière.
Puis à la fixer, l'attester : à l'immobiliser à la pétrifier (dit Sartre) pour l'éternité, à la satisfaire ou encore à l'aider (sans moi ce ne serait pas possible) à se satisfaire.
À ne rien faire qu'écrire lentement noir sur blanc, très lentement, attentivement, très noir sur très blanc.
Je me suis allongé aux côtés des êtres et des choses la plume à la main, et mon écritoire (une page blanche) sur les genoux.
J'ai écrit, cela a été publié, j'ai vécu.
J'ai écrit. Ils ont vécu, j'ai vécu. -
Pratiques d'écriture
Francis Ponge
- FeniXX réédition numérique (Hermann Édition)
- L'esprit et la main
- 30 Octobre 2020
- 9782307450924
À partir du moment où l'on considère les mots (et les expressions verbales) comme une matière, il est très agréable de s'en occuper. Tout autant qu'il peut l'être, pour un peintre, de s'occuper des couleurs et des formes.
Très plaisant d'en jouer.
Et pourquoi n'y aurait-il pas un public, une clientèle pour goûter ces jeux ?
Par ailleurs, c'est seulement (peut-être) à partir des propriétés particulières à la matière verbale, que peuvent être exprimées certaines choses - ou plutôt les choses.
On me dira que telle n'est pas la fin de la parole. C'est possible. Et qu'on préfère aussi d'autres écrits, cela peut certes se concevoir.
Mais, s'agissant de rendre le rapport de l'homme au monde, c'est seulement de cette façon qu'on peut espérer réussir à sortir du manège ennuyeux des sentiments, des idées, des théories, etc. -
Correspondance 1957-1982
Francis Ponge, Philippe Sollers
- Gallimard
- blanche
- 29 Juin 2023
- 9782073025890
Il a suffi qu'un jour de mars 1957 Philippe Joyaux aille écouter Francis Ponge enseigner la langue et la littérature françaises à des étudiants étrangers pour que débute une longue amitié faite d'admiration, d'affection et de complicité critique. Près de quinze années durant, le poète apportera son plus fidèle soutien à Philippe Sollers, révélation littéraire de la fin des années 1950, ainsi qu'à sa revue Tel Quel, créée en 1960. L'auteur du Parc servira son aîné avec le sentiment que l'oeuvre de ce dernier incarnait l'esprit de la littérature telle qu'il la concevait - émancipée d'un certain idéalisme poétique, attachée au travail jouissif sur la matérialité de la langue et conçue comme une expérience proprement essentielle. L'un et l'autre étaient pareillement convaincus qu'il leur fallait à la fois former leur oeuvre et le public qui la lirait - en somme, "créer leur école" contre une adversité entretenue et vécue avec la même intensité. Aussi cette correspondance dessine-t-elle toute une cartographie du monde revuiste et éditorial des années 1957 à 1974. Des divergences politiques - sans que ce soit là le seul sujet de discorde - ont peu à peu éloigné les deux hommes à partir des événements de 1968. Mais leur grande proximité aura fait date, dans une autre histoire.
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Correspondance : 1941-1944
Francis Ponge, Jean Tardieu
- Gallimard
- blanche
- 1 Décembre 2022
- 9782072961205
Paris, 1941 : ' la température est gravement malade ', ironise Jean Tardieu avec les termes imposés par la censure dans les cartes interzones. À Francis Ponge, exilé au sud de la ligne de démarcation, il raconte à mots couverts son quotidien fébrile, tiraillé entre poésie et ravitaillement.
Dans cette insolite correspondance, provoquée par le désordre de la guerre, émaillée d'allusions à décrypter, on peut lire le détail de leur travail poétique et leurs stratégies éditoriales, tout comme le désarroi affectif, les incertitudes professionnelles ou les privations matérielles. On peut aussi déchiffrer entre les lignes les positions politiques et tâcher de reconstituer ce qui est tu des activités clandestines.
Les deux poètes sont alors engagés dans des expérimentations décisives pour leur oeuvre à venir, tandis que le paysage éditorial est bouleversé du nord au sud par l'occupation allemande. À travers leurs lettres, ce sont ainsi les réseaux parisiens et lyonnais de la littérature en guerre qui se donnent à voir.
D. H. -
Correspondance (1941-1957)
Albert Camus, Francis Ponge
- Gallimard
- blanche
- 19 Septembre 2013
- 9782072479427
Albert Camus et Francis Ponge se rencontrent pour la première fois à Lyon le 17 janvier 1943, en compagnie du journaliste Pascal Pia, leur ami commun. Le Parti pris des choses a paru quelques mois plus tôt, en même temps que L'Étranger. Mais Francis Ponge a lu le manuscrit du Mythe de Sisyphe dès août 1941 et, y trouvant un écho inespéré à ses propres interrogations sur l'absurde, aspire dès lors à se rapprocher de son cadet. Deux conceptions du monde se reconnaissent soeurs et s'accordent alors pour se nourrir de leurs différences, sans que soit jamais occulté ce qui les distingue au plan de l'idéologie, de l'esthétique et du tempérament.
Ces lettres, que les deux écrivains échangent principalement entre 1943 et 1945, laissent ainsi entrevoir ce que fut leur amitié, si vive et justifiée en même temps que très tôt "endormie", et jamais vraiment ressuscitée. Pour Francis Ponge, elles constituent un moment essentiel de sa réflexion sur son propre travail, lui permettant de "mieux penser ce qu'il pense", alors même qu'il s'impose comme le poète d'un certain objectivisme. À Albert Camus, isolé un temps dans une convalescence prolongée près de Saint-Étienne, elles offrent une magnifique occasion de lutter contre les circonstances négatives, de reprendre des forces dans la chaleur d'une amitié nouvelle, dans les plaisirs de l'échange et de la confrontation intellectuelle. De là, ce brillant dialogue entre deux hommes pareillement soucieux des lendemains et dont l'influence sur la vie intellectuelle et morale de l'après-guerre sera décisive.