Pourquoi les projets de développement, les interventions des ONG ou les politiques publiques nationales sont-ils tous soumis à d'importants écarts entre ce qui était prévu et ce qui se passe effectivement ? Cet ouvrage apporte une réponse documentée à ce « problème des écarts ».
Les politiques publiques standardisées, telles les politiques de développement omniprésentes en Afrique, méconnaissent les contextes dans lesquels elles sont mises en oeuvre. Dans cette confrontation, les acteurs locaux jouent un rôle majeur. Les multiples stratégies de contournement des directives et protocoles officiels suivent des « normes pratiques » implicites ignorées des experts internationaux, mais que l'observation du terrain peut mettre en évidence. C'est un phénomène qui va au-delà du développement : tout se passe comme si l'Afrique révélait de façon paroxystique une revanche des contextes dont on peut trouver des exemples dans le monde entier.
Pour analyser ces processus, un dialogue est noué entre d'une part des données de terrain particulièrement riches, et d'autre part une vaste littérature en sciences sociales revisitée afin de mieux rendre compte des réalités observées.
Le diagnostic est structuré autour de quelques concepts clés : modèles voyageurs, normes pratiques, modes de gouvernance et logiques sociales. Tout entier consacré à une démarche analytique rigoureuse, sans complaisance et sans polémique, il se termine néanmoins par une prise de risque face à la redoutable question « que faire ? », en suggérant de mettre les normes pratiques au centre de toute intervention et de valoriser les « experts contextuels » aujourd'hui invisibles.
Ce livre constitue une contribution majeure à l'analyse des effets inattendus des politiques publiques.
Cet ouvrage, méthodologique propose une réflexion systématique sur l'ancrage empirique des énoncés dans les sciences sociales qualitatives, en s'interrogeant sur la nature du lien entre le " réel de référence " et ces données, comme sur le lien entre ces données et les énoncés interprétatifs et autres " théories" figurant dans le texte écrit final.
Cette analyse ethnographique détaillée des élections locales au Niger intègre celles-ci dans leurs contextes locaux, politiques, sociaux, culturels. Cette démarche originale explique qu'il s'agisse du second volume d'une série sur Les pouvoirs locaux au Niger.
Il s'agit d'un apport majeur à la socio-anthropologie des processus électoraux (en Afrique et au-delà), qui repose sur des enquêtes approfondies menées sur douze sites au sein d'un même pays par des chercheurs de ce pays, connaissant particulièrement bien les contextes locaux et utilisant une problématique commune. Un tel comparatisme intensif de proximité est peu fréquent dans les méthodes qualitatives. Portant sur l'ensemble du processus électoral, depuis l'établissement des listes électorales jusqu'à l'élection des maires par les conseils municipaux, les résultats témoignent de comportements largement partagés par les militants des partis politiques et les cadres de l'administration, et dessinent ainsi les traits principaux d'une culture électorale nigérienne, très moderne, fondée sur des normes pratiques contournant bien souvent le code électoral, mais témoignant d'une réelle appropriation de l'institution électorale à travers diverses techniques de jeu avec les règles du jeu.
Le LASDEL. Les auteurs sont chercheurs au Laboratoire d'études et recherches sur les dynamiques sociales et le développement local (LASDEL), un institut nigérien et béninois de recherches en sciences sociales, fondé en 2001 à Niamey. Plusieurs ouvrages sont issus de ce laboratoire : Une politique publique de santé et ses contradictions. La gratuité des soins au Burkina Faso, au Mali et au Niger (dir. par J.-P. Olivier de Sardan et V. Ridde), Karthala, 2014 ; et Les pouvoirs locaux au Niger. Tome 1 : En attendant la décentralisation (dir. par J.-P. Olivier de Sardan et M. Tidjani Alou), Paris, Karthala, 2009.
Comment sont délivrés les services publics en Afrique ? Il s'agit là d'un chantier neuf pour la socio-anthropologie, qui, dans cet ouvrage, aborde le problème par le biais de la corruption quotidienne. En effet, les relations entre fonctionnaires et usagers des services publics sont aujourd'hui indissociables d'une corruption (au sens large) banalisée et systémique. On trouvera ici les résultats de la première enquête de terrain qualitative menée sur ce thème à l'échelle de plusieurs pays ouest-africains (Bénin, Niger et Sénégal).
La mise en place des communes, étape cruciale des politiques de décentralisation en Afrique, ne se fait pas sur une terre vierge : ces nouvelles institutions prennent place dans des espaces sociaux et politiques complexes. C'est pourquoi on trouvera ici une analyse détaillée du fonctionnement des arènes politiques locales au Niger, avant les premières élections municipales de 2004. À partir de nombreuses enquêtes empiriques menées sur des sites variés, selon une problématique commune, cet ouvrage décrit les rôles respectifs de la chefferie (qui est restée au Niger une institution centrale de l'État), des multiples comités de gestions et associations (implantés le plus souvent par les institutions de développement), des ressortissants, des commerçants, des partis politiques ou des agents locaux de l'État, en accordant une grande place aux propos des intéressés et aux études de cas. Une réflexion analytique et théorique plus générale, mais toujours enracinée dans le terrain, traverse et sous-tend cet ouvrage. Elle porte sur les modes de gouvernance locale, la construction de l'État, la culture politique locale, les interactions entre institutions, groupes stratégiques et acteurs, la dialectique entre dynamiques locales et facteurs externes, les normes pratiques, le factionnalisme, les formes de légitimité, de revendication et de contestation, les registres de notabilité, la constitution d'un espace public local. Cet ouvrage est l'ouvre d'un laboratoire de recherche africain, le LASDEL (Laboratoire d'études et de recherches sur les dynamiques sociales et le développement local), qui a mobilisé neuf de ses chercheurs et deux chercheurs européens associés. Il constitue la première étape d'une étude à long terme des dynamiques sociales et politique locales, menée par le LASDEL dans le cadre de son « Observatoire de la décentralisation au Niger », selon une perspective simultanément diachronique et multi- sites, et grâce à un véritable travail d'équipe. Un second ouvrage examinera la mise en place des communes et les caractéristiques du nouveau mode de gouvernance communal, et un troisième portera sur les élections municipales.