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Lessay/j
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Si l'on conteste la particule et le titre d'Antoine, comte de Rivarol, né à Bagnols-sur-Cèze (Gard) en 1753, personne ne met en cause son esprit, son style, sa finesse, son impertinence et son indépendance de pensée. Le Français par excellence, disait de lui Voltaire qui l'admirait. Il figure au premier rang des hommes les plus spirituels du XVIIIe siècle. Son succès fut considérable ; autant qu'à ses maximes, ciselées selon la grande tradition des moralistes français, il le devait à ses ouvrages satiriques, comme Le petit almanach de nos grands hommes (1788), à ses reparties et à ses bons mots dans les salons qui se l'arrachaient, et ses ennemis ne parvenaient pas à le rabaisser en rappelant en toute occasion qu'il était fils d'aubergiste. [...] En 1789, à la différence de ses amis Mirabeau, Talleyrand et Chamfort, Rivarol, homme pauvre qui s'est toujours refusé à dépendre de la protection d'un Grand, combat la Révolution montante. [...] Il prévoit, dès l'été et l'automne 89, les dérapages et l'échec de la Révolution, mais il sait voir les faiblesses et les erreurs de la noblesse. Le parlementaire et écrivain anglais Burke le définit comme le Tacite de la Révolution. Contraint d'émigrer en juin 1792, il continue, en Belgique, en Angleterre, en Allemagne, à défendre le principe monarchique et la langue de Racine, tout en jetant, sur le comportement de certains émigrés, un regard critique. À Hambourg, en 1797, il entreprend la rédaction d'une oeuvre qu'il veut monumentale : Le Nouveau Dictionnaire de la langue française, mais il ne parviendra à achever, et à publier, que le Discours préliminaire à ce dictionnaire, un essai philosophique brillant. Rivarol meurt à Berlin, en 1801, à l'âge de quarante-huit ans. Jaloux de son indépendance, cet admirateur de Montaigne et de Montesquieu était tout le contraire d'un réactionnaire banal. Personnage complexe, dont l'humour cynique masque mal le pessimisme foncier, Rivarol demeure le plus grand rassembleur de tous les amoureux de la langue française.
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L'Américain de la Convention : Thomas Paine
Lessay/j
- Perrin (réédition numérique FeniXX)
- 25 Septembre 2015
- 9782262055660
Thomas Paine, né à Thetford (Grande-Bretagne) en 1737, est le premier travailleur manuel de l'Histoire à être devenu écrivain, philosophe, révolutionnaire professionnel de dimension internationale. Fils de corsetier, corsetier lui-même, mais relativement instruit (il est allé à l'école jusqu'à treize ans), il obtient un poste d'inspecteur à la régie anglaise des alcools. Chassé comme complice d'un trafic, il démontre, dans un pamphlet qui fait scandale, que les fonctionnaires subalternes - parce qu'ils sont sous-payés - sont acculés à se laisser corrompre. Remarqué par Franklin - à Londres - qui lui conseille d'émigrer, il débarque en Amérique en 1774. [...] Si Washington est l'épée de la Révolution américaine, Paine en est la plume. [...] Menacé d'arrestation, il se réfugie en France. Les électeurs du Pas-de-Calais choisissent Paine (naturalisé français) pour les représenter à la Convention. Cet ennemi juré de tous les rois tente, malgré tout, de sauver la vie de Louis XVI. Emprisonné sous la Terreur, il est sauvé de la guillotine par la chute de son ennemi Robespierre, mais il n'est libéré que quatre mois après Thermidor. Ses amis Brissot, Danton, Condorcet, qui traduisaient ses discours, sont morts. Bonaparte, qui l'admire, le consulte avant de rompre avec lui : Paine a deviné le dictateur sous l'uniforme du général républicain. Il passe encore quelques années en France, dans la gêne, oublié, cherchant le réconfort dans l'alcool. Rentré en Amérique en 1802, il y fait l'expérience amère de l'ingratitude. Bien loin d'être accueilli en héros, ce révolutionnaire suscite la méfiance. Abandonné par les compagnons avec qui il a fondé les États-Unis, il meurt en 1809, léguant ses maigres biens à une famille française fidèle. Un immense écrivain et journaliste politique, un précurseur du socialisme démocratique, attaché à la propriété et à la liberté du commerce. Un destin pathétique, scandaleusement méconnu en France.