"Pour empêcher qu'on tuât, elle tuait", disait d'elle Clémenceau, qui la soutint toujours. Voici la Commune selon Louise Michel, qui participa, armes à la main, à de nombreux combats, du début de l'insurrection jusqu'à la terrible Semaine sanglante de mai 1871. "Oui, écrira-t-elle dans ses Mémoires, j'aime le canon, l'odeur de la poudre, la mitraille dans l'air, mais surtout je suis éprise de la révolution." Son récit historique possède un indéniable souffle littéraire. Documents, paroles d'anonymes, témoignage direct et analyse politique s'y entremêlent pour donner corps aux émotions et à l'adrénaline qui parcourent toute personne projetée au coeur de l'Histoire en train de se faire.
Le livre de Louise Michel est suivi, pour la présente édition, d'un texte inédit où Emma Goldman, qui l'avait rencontrée en 1895, stigmatise la violence des attaques que cette femme hors du commun dut subir de la part d'hommes qui s'en prirent à sa sexualité pour masquer l'importance de son action politique.
Celle que l'on surnomma en son temps la Vierge Rouge reste un objet de fascination : qu'il s'agisse de condamner son tempérament exalté lors de la Commune de Paris ou d'admirer son héroïsme, de considérer son jugement politique et son activisme social ou d'apprécier l'institutrice anticonformiste, l'image a gardé tout son éclat.
Le mystère "Louise Michel" a fait couler beaucoup d'encre. Les biographies romancées et les prétendues autobiographies foisonnent. Pour les écrire, chacun pioche dans les textes de la révolutionnaire, se sert, gomme ou remanie... Comme si, pour faire connaître la « vie » de Louise Michel, on commençait par oublier qu'elle en a été elle-même l'autrice. Comme s'il fallait commencer par la faire taire - au fond, comme si elle dérangeait toujours.
Dans ses Mémoires de 1886, on découvre une Louise Michel tour à tour adolescente facétieuse, institutrice féministe, révolutionnaire patentée, déportée en Nouvelle-Calédonie, combattante anarchiste, passionnée d'art et de science, enthousiaste de la nature... On découvre aussi la Louise Michel qui pense, qui parle et qui écrit, la plume acérée, la sensibilité à vif, la conscience intrépide.
À mes frères,
Nous reviendrons, foule sans nombre ;
Nous reviendrons par tous les chemins,
Spectres vengeurs sortant de l'ombre.
Nous viendrons, nous serrant les mains,
Les uns dans les pâles suaires,
Les autres encore sanglants,
Pâles, sous les rouges bannières,
Les trous des balles dans leur flanc.
Tout est fini ! Les forts, les braves,
Tous sont tombés, ô mes amis,
Et déjà rampent les esclaves,
Les traîtres et les avilis.
Hier, je vous voyais, mes frères,
Fils du peuple victorieux,
Fiers et vaillants comme nos pères,
Aller, La Marseillaiseaux yeux.
Louise Michel, prison de Versailles, 1871.
Louise Michel (1830-1905) est une figure iconique du mouvement ouvrier français.
Pionnière du féminisme, Louise Michel écrit dans ses Mémoires : « La question des femmes est, surtout à l'heure actuelle, inséparable de la question de l'humanité. » Ce Carnet propose de rassembler les textes et pamphlets féministes de l'auteur dont Le Manifeste et proclamation de Louise Michel aux citoyennes de Paris en est l'emblême. Son souhait le plus cher est d'apporter aux femmes une aussi bonne éducation que les hommes, elle leur enseigne tout : les mathématiques, le théâtre, les sciences naturelles jusqu'à l'éducation sexuelle.
"On croit connaître Louise Michel : c'est la « Vierge rouge » de la Commune, c'est la révolutionnaire, c'est la pasionaria de la Commune et de la Troisième république. C'est aussi une station de métro et, ici ou là, des rues... Et après ? Pas grand-chose, pas une phrase, pas un mot.
Sait-on bien que cette exaltée de l'amour de l'humanité, si radicale et si directe dans ses excès souvent, a même été déclarée « malade mentale » et donc irresponsable, en 1890. Vaine et retorse tentative d'évacuation d'une personnalité encombrante... Et pourtant Victor Hugo ne la jugeait pas si folle ! Leur correspondance en atteste, et même des sentiments au-delà de l'Amitié - dont tous deux gardent éternellement le mystère. Des lettres, des rencontres, des déceptions parfois... Seules les lettres de Louise Michel demeurent où les mots de Victor Hugo y transparaissent, et des poèmes, comme des baumes sur des plaies béantes.
Anouk Grinberg lit Louise Michel. Après les lectures de Rosa Luxembourg (Rosa la Vie), c'est avec tendresse et fougue qu'Anouk Grinberg glisse sa passion dans celle, brûlante, de Louise Michel. Passion des mots, des gestes, passion d'amour et de douleur... et désarroi aussi devant l'incommensurable détresse humaine, devant tous ces « petits pieds » que nulle main ne parvient à réchauffer." Claude Colombini-Frémeaux
Table des matières
La Neige
La vieille Chéchette
Robin des Bois
L’Héritage du Grand-Père Blaise
Les dix sous de Marthe
Le Père Rémy
La famille Pouffard
Extrait : "Souvent on m'a demandé d'écrire mes Mémoires ; mais toujours j'éprouvais à parler de moi une répugnance pareille à celle qu'on éprouverait à se déshabiller en public. Aujourd'hui, malgré ce sentiment puéril et bizarre, je me résigne à réunir quelques souvenirs. Je tâcherai qu'ils ne soient pas trop imprégnés de tristesse."
Trois événements littéraires sont au coeur de cette édition des Écrits. Le numéro s'ouvre avec quatre textes lus lors la journée d'étude sur « la transmission », qui s'est tenue lors des célébrations des soixante ans de la revue en novembre dernier. On lira d'abord le texte de l'invité d'honneur, Alexandre Prstojevic, puis les contributions de Jean-Pierre Vidal, Guillaume Asselin et Vincent Filteau. On trouvera aussi, au coeur du numéro, les discours de réception de deux nouveaux membres de l'Académie des lettres du Québec, Monique Deland et Rober Racine, accompagnés des textes de présentation des auteurs ayant proposé leur candidature, soit Pierre Ouellet et Marie-Claire Blais. Un dernier groupe rassemble les textes de cinq écrivains qui ont participé au colloque de l'Académie sur « la traduction poétique », organisé par André Vanasse et produit par Nicole Brossard. Un dernier groupe de textes rassemble les contributions de cinq écrivains qui ont participé au colloque de l'Académie sur « la traduction poétique », organisé par André Vanasse et produit par Nicole Brossard.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Ce sont les archives que l'on célèbre dans ce nouveau numéro de Cap-aux-Diamants. On y souligne les 50 ans de l'Association des archivistes du Québec qui, tout au long de son existence, a promu « les principes de l'archivistique contemporaine et leur intégration dans les cursus scolaires », tout en veillant au développement de cette discipline. Coordonné par l'archiviste Gilles Héon, ce numéro aborde toutes sortes d'archives, retraçant entre autres l'histoire de la Déclaration québécoise sur les archives. Marc Lacasse s'intéresse aux archives religieuses, tandis que Marc Vallières et Jacques Rouillard traitent respectivement des archives d'entreprises et syndicales. De son côté, Yvon Lemay se penche sur l'expérience émotive que peuvent susciter les archives. Ce dossier aborde également les enjeux de la conservation des documents numériques.
Circuit consacre son numéro d'automne au cinquantième anniversaire de la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) qui en 1966 était le seul organisme voué à la musique contemporaine au Québec et est aujourd'hui l'un des plus anciens. Quatre auteurs refont l'histoire de l'organisme et des oeuvres qu'elle a créées et commandées. Si à l'origine il s'agissait d'une poignée de pionniers cherchant à imposer leurs convictions, aujourd'hui l'organisme s'est consciemment institutionnalisé. En 2017, la SMCQ n'est pas spécialement la voie (ni la voix) de la jeunesse branchée et de l'underground, et le milieu des musiques de création s'est considérablement diversifié. (Maxime Mckinley) Toutefois, des deux grandes périodes artistiques de la SMCQ : celle du cofondateur Serge Garant (1966-1986) et celle de son successeur Walter Boudreau (depuis 1988) se dégagent des constantes. Parmi celles-ci : le désir de présenter, dans le grand concert du répertoire international, la musique des compositeurs d'ici.
Ce printemps, la revue L'Inconvénient entreprend de baliser les tendances et écoles de la littérature québécoise contemporaine afin d'en cerner la structure, l'écosystème, voire la spécificité dans son dossier « Les nouveaux courants de la littérature québécoise ». Bien que depuis une dizaine d'années on la dise si hétérogène et diversifiée qu'il est difficile d'en avoir une vue d'ensemble, certains courants s'annonçaient ou émergeaient. Littérature familiale, roman documentaire, littérature du corps, littérature réparatrice, roman de l'ailleurs, nouveau régionalisme, littérature migrante ou encore littérature engagée sont quelques exemples abordés par les collaborateurs et collaboratrices. Hors-dossier, retrouvez les habituelles rubriques consacrées à la littérature, au cinéma, aux séries télé et au jazz.
En tête de la revue, la directrice artistique, Danielle Shelton, explique comment elle parvient à faire beaucoup, en travaillant rarement. La revue Entrevous présente ensuite dans ce numéro plusieurs oeuvres de création et rendez-vous littéraires. D'abord, dans la section LaboClic, elle publie des haïkus et des tankas créés au Parc de la Rivière-des-Mille-Îles et au Centre de la nature de Laval, écrits dans le cadre du premier volet d'un vaste projet poétique et écologique de médiation culturelle. Puis, la revue présente les mots et les dessins poétiques d'un collectif d'adultes et de ceux de huit jeunes âgés de 5 à 8 ans qui ont visité les Stations Poésie de la Société littéraire de Laval au Centre de la nature et participé à un atelier de création. Pour la section « Marché des mots et des images : quatre façons de se raconter », des auteurs·rices se dévoilent sous forme de fanzine, de prose poétique, de nouvelle ou de journal de voyage. Dans ce numéro, les lecteurs·rices peuvent aussi retrouver une installation poétique au Centre de cancérologie de Laval où dix poètes et une photographe d'art ont créé pour l'hôpital régional dix affiches, sous le titre « La vie à vivre encore ». La revue présente ensuite les contributions de Joséphine Bacon et de Jean Pierre Girard au programme de francisation et d'inclusion culturelle de la Société littéraire de Laval, «Le bouquineur novice». Finalement, trois Cafés littéraires l'Assemblement sont décrits dans la revue. Le premier est un rendez-vous littéraire et artistique avec le couple Annouchka Gravel Galouchko et Stéphan Daigle, incluant des clins d'oeil à Marie-Claire Blais et Gaston Miron. Le second est une performance de Nelly Desmarais et virginie fauve, en hommage à Anne-Marie Alonzo. Le troisième est une entrevue, un récital de poésie et un spectacle de tango chanté par Flavia Garcia accompagnée du pianiste José María Gianelli.
Liste des 45 auteurs, autrices et artistes du numéro : Anne-Marie Alonzo, Marie Anne Arragon, Louise Arsenault, Joséphine Bacon, Aline Beauchamp, Germaine Beaulieu, Romain Bécourt, Maxianne Berger, Monique Bernier, Marie-Claire Blais, France Bonneau, Lise Chevrier, Stéphan Daigle, Aimée Dandois, Roger Desgagné, Nelly Desmarais, Vincent Diraka, virginie fauve, Flavia Garcia, José María Gianelli, Jean Pierre Girard, Annouchka Gravel Galouchko, Rita Habib Kazan, Arianna Karpouzis, Diane Landry, Sarah-Lea Lebenbaum, Monique Leclerc, Marie-Claude Leduc, Michel Leduc, Marie-Soeurette Mathieu, Harry Métellus, Gaston Miron, Cristina Montescu, Fernand Ouellette, Monique Pagé, Thierry Pardo, Akasua Phillips, Leslie Piché, André-Guy Robert, Lady Rojas Benavente, Danielle Shelton, Louise Sigouin, Suzanne St-Hilaire, Anne Thivierge, Louise Vachon.
Codirectrices littéraires : Danielle Shelton, Leslie Piché et Diane Landry.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.