En tout, le numéro de printemps des Cahiers de lecture propose trente recensions d'essais québécois parus récemment. Rédigées par des spécialistes, ces comptes-rendus critiques se divisent en trois thèmes, dont le premier s'intitule « L'expérience de la Conquête » et qui analyse entre autres les 2 tomes de Vivre la Conquête écrit par Gaston Deschênes et Denis Vaugeois. On trouvera aussi dans ce numéro la recension d'essais consacrés au pouvoir des images (Les images que nous sommes de Serge Bouchard) ainsi qu'à des ouvrages s'intéressant aux enjeux féministes actuels (Les filles en série de Martine Delvaux).
Fort à propos, l'édition automnale des Cahiers de lecture de L'Action nationale propose plusieurs recensions d'essais sur la science et les technologies. Histoire des épidémies, état des métiers scientifiques sous le libéralisme, biologie, gestion des égouts et des eaux, héritage du Frère Marie-Victorin ou encore Big Data, les sujets abordés par les essayistes au sommaire sont vastes et d'une grande pertinence. Le numéro comprend aussi une entrevue avec Normand Baillargeon autour de son essai Devoirs d'éducation. Parmi les autres sujets abordés par les ouvrages recensés, relevons la bande dessinée au Québec, l'ère trumpienne en politique états-unienne, l'écosocialisme, la complexité du colonialisme au Canada ou encore le fédéralisme, entre autres.
Les Cahiers de lecture se consacrent entièrement aux recensions des récents essais québécois. Pour le numéro d'automne, ce n'est pas moins de 28 ouvrages qui passent sous la loupe des collaborateurs à travers comptes rendus, analyses critiques, notes de lecture et points de vue. Deux thèmes regroupent plusieurs essais. Premièrement, l'éducation : Françoise Bouffière s'attaque à trois titres signés Normand Baillargeon (éditions Leméac et VLB éditeur) ainsi qu'à celui de Jean-Francois Roberge (Québec Amérique) sous la bannière de « la dure réinvention de l'école ». Deuxièmement, le Mouvement Desjardins, notamment à travers les récentes autobiographies de Monique F. Leroux et Claude Béland : une analyse de Jean-François Barbe. Impossible également de passer sous silence les publications importantes de Kuei, je te salue de Deni Ellis Béchard et Natasha Kanapé Fontaine (Écosociété) et de de deux réflexions sur l'islam moderne, celles de Sami Aoun (Athéna éditions) et d'Aziz Farès (XYZ).
Si L'Action nationale souligne ses cent ans cette année, ses Cahiers de lecture fêtent quant à eux plus modestement leurs dix ans d'existence. Il n'empêche que ce numéro de printemps est un numéro commémoratif. Il s'agit de rendre hommage à un véritable travail de fécondation de la pensée, en particulier dans le domaine de l'essai, car « un texte relu, parfois, peut ouvrir des brèches dans le plus opaque avenir. Ce qui s'y révèle entre les lignes peut suffire à donner le goût d'agir ». Les titres recensés sont nombreux. Notons toutefois, rassemblées sous la bannière de « Créatrices d'ombre et de lumière », des parutions récentes dédiées à des artistes capitales : la correspondance de Marcelle Ferron avec sa famille ainsi que deux ouvrages consacrés à Anne Hébert. La revue propose également une entrevue avec Éric Poirier, qui a étudié l'état de la Charte de la langue française quarante ans après l'adoption de la loi 101 dans un livre publié aux éditions Septentrion.
En couverture, le dessin automobile, une illustration de Roland Giguère dont le travail typographique est le sujet d'un brillant essai recensé dans ce numéro comme c'est le cas pour l'éblouissement provoqué par l'oeuvre de Gilles Tremblay.
Dans ce numéro, on observera également la vie et les réalisations de personnages ambigus, lumineux, fragiles, déterminés révélant des pans de notre histoire et de notre culture.
Les Cahiers de lecture de L'Action nationale ont publié plus de 700 recensions d'essais québécois depuis leur première parution en 2007.
Les temps sont durs. Pour la langue française, dont la désaffectation actuelle rime avec « la dévaluation de l'écrit et de la parole réfléchie ». C'est ce que déplore l'ancien professeur de littérature et écrivain Jean Larose dans son recueil Essais de littérature appliquée. Les temps sont durs aussi pour la poésie qui, selon Robert Melançon dans son essai Pour une poésie impure, n'a tout simplement « plus d'existence publique ». Du côté des essais politiques, cette édition des Cahiers de lecture désigne Ismaël contre Israël d'Esther Benfredj comme un incontournable. Trois livres parus en 2015 portant sur les Patriotes et leur rébellion de 1837, comme Brève histoire des Patriotes de Gilles Laporte, sont aussi au sommaire, ainsi que des ouvrages traitant de l'indépendance, comme La souveraineté en héritage de Jacques Beauchemin.
Le numéro de l'automne des Cahiers de lecture de l'Action nationale se penche sur des essais qui traitent de la terre, du territoire et de l'histoire. La terre, celle qu'on habite, qu'on cultive, qu'on harmonise, le territoire, celui qu'on revendique, qu'on négocie, qu'on traverse et l'histoire, celle qu'on personnifie, qu'on enseigne, qu'on perçoit dans le regard de l'autre. Ces trois thèmes traversent les essais lus pour ce numéro. Sans oublier quelques piques politiques et relectures approfondies de notre littérature. Parmi les titres recensés, trouvez entre autres La révolution agroécologique d'Alain Olivier, C'est le Québec qui est né dans mon pays d'Emmanuelle Dufour, Bilan et perspectives en historiographie de l'Amérique française par Julien Goyette et Louise Bienvenue (dir), Gens du fleuve, gens de l'île de Roland Viau, Un seul Québec de David Cliche, Kosmos de Michel Maltais, Choisir l'environnement par Sylvain Perron et Jean-François Gingras.
L'édition de l'été des Cahiers de lecture de L'Action nationale propose un hommage à l'homme de lettres Michel Lessard et deux entrevues en plus des habituelles recensions d'essais québécois. Le premier entretien, avec Virginie Hébert, s'articule autour de son essai L'anglais en débat au Québec. Mythes et cadrages. Le second, avec Steve Bissonnette, tourne autour de la notion d'enseignement explicite. Parmi les recensions, lisez entre autres celles d'Indien stoïque de Daniel Sioui, Ils mangent dans leurs chars. Chroniques du troisième lien et de la fin du monde de Simon-Pierre Beaudet, 5060 : L'hécatombe dans nos CHSLD de Gabrielle Duchaine, Katia Gagnon et Ariane Lacoursière, Se battre contre les murs. Un sociologue au centre jeunesse de Nicolas Sallée et Cantine sauvage. S'approvisionner en pleine nature et en toute liberté, d'Alexandra Dion-Fortin, Nathalie Le Coz et Martin Perreault
Ce dossier analyse des pratiques littéraires contemporaines conscientes des ambiguïtés et des contradictions qu'elles soulèvent dans leurs représentations du passé, leur saisissement de la mémoire et leur investissement de différentes formes d'histoire - histoire de l'art, histoire nationale, familiale, fictionnalisée, sublimée ou détournée.
Si la littérature est un assaut contre la frontière (Patrick Boucheron), elle se présente comme un questionnement de son poids éthique et esthétique quant à sa capacité à explorer le réel ou la vérité. Lorsque la littérature cherche à recomposer le réel, elle peut recourir à l'archive et au document pour soutenir ses conjectures. Aussi la vérité est-elle vue avec circonspection par une littérature consciente de ses limites et soucieuse d'en explorer le tracé et la valeur ; l'usage et les définitions mêmes de fiction, récit, roman et romanesque (entre autres) se trouvent alors bousculés par l'ambiguïté véritative d'oeuvres qui interrogent leurs dimensions historiques et sociopolitiques tout comme leur inscription dans le monde.
Ce dossier présente ainsi des études portant sur la capacité qu'a la littérature française contemporaine d'interroger les modalités aléthiques des discours sur la mémoire, en redéfinissant un certain nombre de frontières et d'enjeux thématiques et formels liés à la capacité représentationnelle du langage et à la mémoire comme expérience mitoyenne du passé et du présent.