Filtrer
Langues
Accessibilité
Prix
René de Ceccatty
-
"Ceux qui comme moi ont eu le destin de ne pas aimer selon la norme finissent par surestimer la question de l'amour. Quelqu'un de normal peut se résigner - quel mot terrible - à la chasteté, aux occasions manquées : mais chez moi la difficulté d'aimer a rendu obsessionnel le besoin d'aimer : la fonction a hypertrophié l'organe, alors que, dans mon adolescence, l'amour me semblait être une chimère inaccessible."
La vie de Pier Paolo Pasolini (1922-1975), cinéaste, romancier, théoricien de l'art et de la littérature, se déroula à la fois comme un destin tragique et comme le symbole de la plus noble des libertés. Ce courage, il le paya très cher : scandales, procès, assassinat mystérieux enfin dont il fut la victime, sur une plage d'Ostie, une nuit de novembre. -
"Le jour où mes prétendues rivales chanteront ce que je chante, travailleront comme je travaille, se sacrifieront comme je me sacrifie, apporteront ce que j'apporte à l'histoire de l'art, je pourrai les considérer comme des rivales. Vous voyez, je n'ai pas de rivales. Je n'en ai pas une seule, grâce à Dieu pour moi et malheureusement pour l'art ! Parce que la musique y perd et le monde aurait besoin d'autres chanteuses. Malheureusement, je ne peux pas tout chanter partout. On m'accuse de vouloir faire tout. Il ne s'agit pas de vouloir tout faire. J'accomplis mon devoir. Ma seule arme est d'avoir la santé, un art parfait et la capacité de le prouver."
Le nom de Maria Callas (1923-1977) s'est définitivement identifié à la renaissance du bel canto au XXe siècle. Fille d'un pharmacien grec émigré à New York, où elle naît en pleine crise économique, elle devient une cantatrice exceptionnelle à Athènes, puis en Italie et enfin à travers le monde entier où elle triomphe dans un répertoire jusque-là inconcevable pour une même voix. Ses capacités phénoménales, son génie dramatique et sa spectaculaire transformation physique font d'elles une icône. Sa vie privée l'inscrit dans la légende. La perte précoce de sa voix et sa mort brutale achèvent l'élaboration d'un mythe que René de Ceccatty, en biographe attentif, nous fait revivre dans toute sa quotidienneté et son extravagance. -
« Comme tous les grands artistes, Pasolini demeure éternellement présent. Lorsqu'on a admiré profondément un créateur, on ne change pas de rapport avec lui. Souvent, autour de moi, on dit que Pasolini est dépassé, que son cinéma est daté, que ses poèmes et ses romans sont illisibles... Cela me paraît aberrant. Autant dire que Flaubert est vieillot, que Villon est illisible, que Dante est ennuyeux... Pasolini était une figure active de la vie politique. C'est cela qui donne l'impression qu'il appartient au passé. Mais les grandes oeuvres sont inépuisables... »Le poète, le romancier et le polémiste ; le cinéaste, le dramaturge et le peintre ; ses relations aux autres ; la mort... À l'occasion du centenaire de la naissance de Pier Paolo Pasolini (1922-1975), dont la vie s'est tragiquement achevée une nuit de novembre sur une plage d'Ostie dans des circonstances encore mystérieuses, René de Ceccatty rassemble ici un large choix de ses études, articles, entretiens et conférences qu'il n'a cessé depuis quarante ans de consacrer au poète cinéaste.
René de Ceccatty est romancier, éditeur, traducteur et critique. Il a publié une trentaine de romans et récits, et de nombreux essais littéraires et biographies. Il a traduit une grande partie de l'oeuvre de Pasolini (romans, essais, poèmes) et il est l'auteur de sa biographie chez Gallimard. -
"Pendant que j'écrivais sur mes premières années, maman vivait, à Montpellier, ses quatre dernières. Sa mémoire immédiate l'abandonnait, mais demeuraient intacts la force de sa personnalité et ses souvenirs lointains, du temps de mon enfance, précisément. En me souvenant, je luttais contre son amnésie.
Sans doute, sa présence auprès de moi a-t-elle été décisive pour la construction de ce récit qui évoque notre vie en Tunisie, puis de ce côté-ci de la Méditerranée, et la conscience de n'avoir ni repères ni frontières. Mais c'est surtout aux sensations d'un paysage intérieur que je me suis attaché, m'arrêtant à l'orée de l'adolescence : quand tout était tracé de ce que j'allais être et que je n'ai pu m'empêcher d'anticiper ici. La mort de maman a arrêté cette remémoration écrite. Je ne pouvais pas aller plus loin. Le dernier chapitre avait été écrit."
René de Ceccatty -
"Dans les derniers jours, il m'a dit, lui qui était écrivain, qu'il n'avait pas eu la force de décrire ce qu'il vivait et que personne encore n'avait pu décrire cette lutte contre la mort à l'hôpital. Il m'a dit qu'un autre ami écrivain - lui aussi très présent à ses côtés pendant toute la maladie - et moi, nous en savions désormais assez pour décrire ce que nous avions vu. C'était un appel."
-
Esthètes japonais
René de Ceccatty, Marie Céhère, Huy-minh Tran, Nicolas Gaudemet, Philippe Forest
- Plon
- 4 Novembre 2021
- 9782259307871
Cinq regards d'écrivains français sur cinq grands auteurs japonais qui ont changé leur vie. Un recueil de la collection Fidelio.
Dans chaque Fidelio, cinq auteurs contemporains racontent leurs premiers émois littéraires avec l'écrivain qui a changé leur vie : ici, cinq géants de la littérature japonaise moderne.
Minh Tran Huy est troublée parce qu'elle retrouve de son propre parcours dans l'oeuvre de Haruki Murakami, habitée par la perte et l'errance. Nicolas Gaudemet raconte comment la découverte de Mishima et de ses personnages l'a transfiguré. René de Ceccatty évoque avec érudition son amitié avec Kenzaburô Ôé. Philippe Forest se souvient de sa rencontre avec Yûko Tsushima, qui a connu la même tragédie que lui, la mort d'un enfant. Et Marie Céhère explore comment, malgré la distance et le temps, Kawabata parle encore à des jeunes femmes d'aujourd'hui. -
"Que reste-t-il d'un amour, en dehors du temps qui passe au moment où il passe, une fois que l'on a esquivé l'affrontement des amants, une fois que s'est dissipé le trouble de la présence, la terreur de perdre l'autre ? Maintenant que je sais que j'ai perdu Hervé, maintenant que je vois écrite la rupture et que rien ne peut renverser l'ordre du temps, je ne crains plus qu'un mot dangereux ne l'éloigne de moi. Je n'ai plus peur. Cela me donne une grande force. Je peux écrire au présent. J'ai perdu toute nostalgie parce que l'avenir m'a définitivement échappé."
-
"Vous m'avez rendue poussière", écrit madame du Deffand à Horace Walpole. Cette vieille femme aveugle est amoureuse d'un étrange dilettante anglais, de vingt ans son cadet. Il lui répond par l'ironie, puis par l'agacement, enfin par la colère. C'est alors que la passion s'installe entre ces deux êtres excessifs que tout sépare et tout mutuellement fascine. L'amitié, cet or que les alchimistes des sentiments tentent de créer, est-elle possible entre eux ? Plutôt l'amour qu'ils ne cessent de soupçonner et de nier. Horace Walpole, esthète, antiquaire, visionnaire, auteur du premier roman noir, Le Château d'Otrante, est peut-être aussi le premier romantique. Marie de Vichy-Champrond, marquise du Deffand, nostalgique du XVIIe siècle, protagoniste de la vie littéraire de salons, est peut-être la dernière Française classique. De cette rencontre exceptionnelle, une femme décide de garder la mémoire : Mary Berry, jeune amie des vieux jours de Walpole, témoin littéraire de cette "amitié contrariée".
À partir de documents authentiques, l'auteur reconstitue une double biographie, à travers laquelle l'on peut lire la naissance de la sensibilité romantique. -
"Dès mon arrivée à Tôkyô, j'avais été frappé par la beauté exceptionnelle de sa lumière. La nuit tombant, des marchands de patates douces cuites à la braise avançaient leurs carrioles, éclairées de lanternes en papier, en chantonnant des mélopées lugubres comme des thrènes qui invitaient la clientèle. Dans la journée, d'autres voiturettes, elles modernes, collectaient les vieux journaux, elles aussi en faisant retentir des ritournelles, mais moins tristes."
René de Ceccatty relate ici son lointain séjour au Japon et les années qu'il a consacrées à la littérature de ce pays. Dans cette évocation, il nous livre un autoportrait sans complaisance, puisant dans ses souvenirs comme dans certaines lettres envoyées et conservées par sa mère... Le Japon et la découverte d'une nouvelle forme de pensée et de rapport au monde l'auront marqué à jamais, comme une deuxième naissance, influençant son parcours artistique et sentimental.
Avec beaucoup de détermination et d'énergie, René de Ceccatty réussit à s'arracher au temps présent en écrivant, et à ranimer non le passé comme passé, mais "le présent du passé". -
Le mot amour a, dans le langage, un statut très singulier : c'est un mot qu'il est facile de prononcer, mais qu'il est difficile d'entendre, l'eût-t-on longtemps attendu. Il a le pouvoir de donner vie et mort, les deux parfois se confondant.
Les quatre dialogues réunis ici mettent en scène quatre couples que hante une amitié amoureuse : Artemisia Gentileschi et Galilée, Julie Talma et Benjamin Constant, Eleonora Duse et Gabriele D'Annunzio, Maria Callas et Pier Paolo Pasolini.
Les quatre femmes sont des artistes qui vécurent la passion sur scène ou sur la toile. Toutes les quatre en ont retiré des plaisirs incertains. Artemisia fut tentée d'abandonner les sujets sanglants de ses tableaux. Julie renonça très vite à sa carrière de comédienne pour assurer celle de son mari. La Duse, enfant de la balle, aurait souhaité pouvoir se passer du public et du théâtre, mais, à l'exception de quelques mois de silence, ne se permit aucune pause et mourut en tournée. La Callas perdit sa voix et crut, l'espace de quelques années, préférer la vie à la scène, avant de comprendre qu'elle n'avait d'existence que par son art qui l'avait abandonnée.
Toutes les quatre ont été, par ailleurs, sinon de grandes amoureuses, du moins des femmes obsédées par la représentation narcissique de l'amour, dans sa violence tragique. Aucune ne fut fidèle, aucune n'inspira de fidélité amoureuse.
Les quatre hommes qui furent leurs amis respectifs multiplièrent liaisons ou aventures. Aucun ne connut d'amour heureux. -
Elle s'appelle Harriet Norman. C'est une romancière anglaise. Elle a eu du succès avant la guerre, puis à nouveau après la guerre. Ses livres ont été traduits, puis oubliés. Elle revient à Paris où elle a vécu. Elle se souvient d'une croisière entre le Japon et l'Angleterre. Sur le bateau, elle avait rencontré Adrian, Olivier, Georgina, des jeunes gens qui avaient leur vie et leurs amours, et qui l'ont observée et se sont confiés à elle. Leurs voix se confondent avec la sienne. Est-ce elle qui les regarde vivre ou eux qui se laissent gagner par la nostalgie d'un monde qu'ils n'ont pas connu ? Elle écrit, dit-elle, un roman. Et voici que ses anciens livres connaissent un regain d'intérêt. On l'adapte au théâtre. Son oeuvre survivra-t-elle ? Et ce témoignage qu'apportent ses jeunes amis appartient-il à son oeuvre ? Et ce roman qu'elle écrit n'est-il pas justement le livre que vous tenez entre vos mains ?
-
Violette Leduc ; éloge de la bâtarde
René de Ceccatty
- Stock
- Essais - Documents
- 23 Octobre 2013
- 9782234076693
« Vingt ans après la mort de Violette Leduc (1907-1972), j'écrivais, pour la collection que dirigeaient J-M-G. Le Clézio et sa femme Jemia, et qu'animait Philippe Rey, un hommage à cet écrivain dont la découverte a été déterminante pour moi. Le principe de cette collection éphémère était de proposer un texte qui soit à la fois un portrait et une confidence intime. Il ne s'agit donc pas d'une biographie, mais du récit très personnel de mon rapport avec l'oeuvre de Violette Leduc. J'y raconte l'influence qu'elle exerça sur ma vie personnelle et ma vie de lecteur et d'écrivain. J'y analyse ses livres, en les comparant à d'autres oeuvres qui ont également compté pour moi (Marguerite Duras, Jean Genet, Tony Duvert, Julien Green, Pasolini entre autres).
Lorsque Martin Provost préparait son film Séraphine, je fis sa rencontre et lui appris que Violette Leduc était une grande admiratrice de cette artiste autodidacte et mystique. Martin se mit à lire Violette Leduc et, complètement conquis par son talent et sa personnalité, il décida de lui consacrer un film, en me demandant mon aide pour l'écriture du scénario, avec son ami Marc Abdelnour.
Ce film que j'ai co-écrit évoque donc la vie de Violette entre 1942 et 1958, c'est-à-dire entre le moment où elle écrit son premier livre et celui où elle commence la rédaction de La Bâtarde et va donc connaître le succès. » R. de C.
-
"Il restait encore des documents à découvrir sur la romancière morte Harriet Norman. Un film, qui n'avait pas encore été monté, la montrait sur une terrasse à Rome, au début des années soixante-dix. Cette terrasse où je devais, moi-même, par hasard, me retrouver trente ans plus tard et vivre une fois encore mon amour pour Hervé que je croyais perdu. À l'occasion d'un voyage en Amérique du Sud, dans une capitale hantée par des poètes français, j'ai retrouvé la trace d'Harriet et j'ai essayé de réfléchir au temps, à la persistance du sentiment amoureux, à la solitude, à la nécessité de la littérature. J'ai ranimé des figures réelles et imaginaires dans ce livre qui prolonge, de l'autre côté du monde, la passion que j'ai décrite dans Aimer et dans Consolation provisoire. Il n'y a pas de dernier mot."
René de Ceccatty. -
"Un flot de lumière trop vive noya taffetas, velours, dentelles, chaînes d'or, nacre aux oreilles, ambre aux cous, cuir patiné à la ceinture et aux pieds, coton amidonné, cheveux soyeux en rouleaux, favoris vigoureusement frisés d'hommes dans la force de l'âge, chevalières à chatons en nicolo ou en cornaline, montres à gousset, éternellement figées à l'heure de leur portrait comme furent figées dans le ciment de la lave refroidie les victimes de Pompéi, carnets et lettres froissées, étouffés dans la crispation des doigts, médaillons qui exposent des liens familiaux, cartes à jouer, dés et dominos, plans de construction et d'architecture, violons et cors, vaisselle et armes, sabres et fusils à baïonnette, mèches lasses d'hommes pomponnés, calvities élégantes de vieillards à la pâleur jaunie comme des ivoires de netsuké, assemblée muette de morts plus vivants que je ne l'avais été, avant de recevoir ce message d'Olga G. me rappelant ma passion lointaine pour son père, une passion que j'avais comparée à celle, soudaine, durable et sans retour, d'Amalia von Lengeheimb pour l'ami de Josef Tominz, l'hôte invisible."
-
La dame aux camelias. d'apres le roman d'alexandre dumas fils
René de Ceccatty
- Seuil
- Cadre rouge
- 1 Octobre 2009
- 9782021006131
Isabelle Adjani, décidant d'incarner à son tour Marguerite Gautier, a préféré qu'une nouvelle version théâtrale soit écrite. J'ai adapté non pas la pièce, mais le roman d'Alexandre Dumas fils. Les passions y sont présentes, à nu. L'intimité, l'urgence, la violence s'y expriment avec plus d'immédiateté. Eliminant l'aspect grivois ou moraliste de la pièce, j'ai pensé, ainsi, susciter une émotion à la fois plus vivante et plus réfléchie. Le nombre réduit de personnages, le rythme même de la narration, la construction en vingt tableaux, le choix des moments psychologiques m'ont paru permettre de représenter, de nos jours, cette histoire d'amour donnant lieu, depuis un siècle et demi, à un véritable culte. La mise en scène a été confiée à Alfredo Arias.
R. de C.
-
Les écrits. No. 148, Novembre 2016
Danielle Fournier, David Desrosiers, André Major, René de Ceccatty, Benjamin Hoffmann, Marie Huot, D Grozdanovitch
- Les écrits de l´Académie des lettres du Québec
- Les écrits
- 14 Décembre 2016
- 9782924558201
Le tout récent numéro de la revue Les écrits est le premier numéro conçu sous la direction de Danielle Fournier. L'écrivain en résidence André Major y livre des pages inédites de ses carnets. Un dossier est consacré au thème de la lecture et de l'écriture, avec, entre autres, les contributions de Renée de Ceccatty, Benjamin Hoffmann et Denis Grozdanovitch. Le numéro comprend une vingtaine de textes d'auteurs d'ici et d'ailleurs, avec, notamment, une suite poétique de Jean-Paul Daoust sur l'idée de tolérance, un récit de Luc Bureau sur le thème de l'émasculation et un essai de Jean Désy sur les communautés du Nord. Le portfolio est consacré à l'artiste Stéphanie Béliveau, dont l'oeuvre, tendue entre l'idée de la ruine, du rebut, de la relique, et celle de la réparation, de la récupération, de la rédemption, pose un regard mélancolique et sur le monde et ses habitants, leurs blessures et leurs cicatrices, mais aussi leurs capacités de résilience et de régénération.
-
"Quand, ayant cessé de voir Hervé, j'ai écrit et publié Aimer, je n'ai pas pensé que j'avais clos une histoire parce qu'elle était devenue livre et que des lecteurs en prenaient connaissance, le plus souvent en se regardant dans le miroir que je leur offrais. Il me semblait que manquaient une voix encore et surtout un regard : sa voix à lui et le regard qu'il avait posé sur ce que j'avais été en sa présence. L'histoire était, tout simplement, inachevée. Je suis retourné en Italie comme, dans Aimer, j'étais allé en Angleterre, pour y retrouver quelque chose d'essentiel et de secret. J'ai traversé l'Italie, pays intérieur, de part en part. De la Sicile au Piémont, en passant par Rome. Des amis m'ont soudain entouré et je me suis rendu compte que la solitude de l'amour était aussi un creuset de l'amitié. Amis présents, vivants ou morts, amis dont le soutien créait une communauté, non plus sociale, non plus superficielle, mais qui me permettait d'atteindre une forme de vérité que j'avais tant recherchée avec lui, Hervé, vérité à laquelle je ne renoncerai jamais, quelles que soient les erreurs commises. C'est donc ce voyage que je raconte ici."
-
Une passion chaste, ainsi peut-on définir le lien qui unit Giacomo Leopardi et Antonio Ranieri dès leur rencontre. Le premier, philosophe et poète, avait à peine plus de trente ans. Mais son génie étouffait dans son environnement familial. Le second, révolutionnaire napolitain en cavale, avait une vingtaine d'années. Ils fuient Florence où pourtant Leopardi est admiré par un cercle d'intellectuels et s'installent ensemble à Naples où les attend le choléra. Le destin du plus grand écrivain romantique italien, mourant dans les bras d'un jeune homme dont, disait-il, « seule la foudre de Jupiter pourrait le séparer », a suivi un cours romanesque. J'ai voulu comprendre cet amour étrange, auquel se mêlent la création poétique, le combat politique et la maladie. Leur histoire est devenue une part de la mienne.
R. de C. -
Juillet 1833. Xavier Sigalon arrive à Rome pour copier le Jugement dernier : une chance, pour ce peintre romantique, de s'imposer comme un héritier du génie de la Renaissance. Il s'installe dans le Palais Cavalieri où, un an auparavant, Stendhal avait aussi séjourné. Entre le copiste, l'écrivain et l'ombre de Michel-Ange, se joue un chassé-croisé de passions, de réflexions sur l'art et la mort. Que recherchait Michel-Ange dans la pierre et sur les murs du Vatican ? Quel est ce « digne objet d'amour » dont parle Stendhal ? En quatre années, Sigalon va relever le défi, entouré de ses amis, de ses rivaux, de ses admirateurs, de ses envieux.S'appuyant sur des documents rares reproduits ici, parmi lesquels la nouvelle inédite que Stendhal a consacrée à l'amour de Michel-Ange pour Tommaso Cavalieri, René de Ceccatty signe le roman de Sigalon, ce peintre méconnu qui fut le modèle de Joseph Bridau dans La Comédie humaine de Balzac.
-
« Dans la rue on la reconnaît et la poursuit. En la voyant filer à grandes enjambées martiales, dans ses capes qui font claquer leurs ailes à chaque pas qui fuit, on dit de cette grande ombre au visage enseveli sous une pluie de cheveux, camouflé sous la visière d'un chapeau mou, derrière d'énormes lunettes noires, que sa beauté rayonne encore, que son style éclate. » En septembre 1949, Greta Garbo s'apprête à jouer dans La Duchesse de Langeais sous la direction de Max Ophuls. Le tournage est brutalement annulé. René de Ceccatty revient sur cet échec, symbole d'un renoncement qui aura marqué la vie et la carrière fabuleuse de l'actrice suédoise à la beauté miraculeuse. En se retirant de l'écran, Garbo a orchestré l'effacement auquel elle a toujours aspiré, au coeur de sa gloire et pendant un demi-siècle, jusqu'à sa mort en 1990. Avec finesse et élégance, ce récit éclaire le mythe de l'inoubliable Reine Christine à la lumière d'archives retrouvées.
Couverture : Portrait de René de Ceccatty par Philippe Matsas © Flammarion -
Le narrateur a eu une relation tourmentée avec Raphaël dont il s'est séparé. Il est tenté de maintenir une amitié intense, abstraite. Il retrouve une amie perdue de vue depuis longtemps. Au cours d'une nuit blanche, elle lui raconte sa vie. Elle a aimé, elle aussi, un Raphaël qui l'a abandonnée. En écoutant ces confidences, l'auteur revoit son propre passé. Hanté par son enfance - d'où se détache le souvenir d'un pont de bois, symbole japonais de la fragilité de tout amour et du danger de le
raconter -, il précise sa défiance à l'égard de la fiction, tout en affirmant son goût de l'imaginaire quand il est ancré dans l'expérience.
Portrait de René de Ceccatty par Philippe Matsas © Flammarion