"Année après année, Mathilde revint à la charge. Chaque été, quand soufflait le chergui et que la chaleur, écrasante, lui portait sur les nerfs, elle lançait cette idée de piscine qui révulsait son époux. Ils ne faisaient aucun mal, ils avaient bien le droit de profiter de la vie, eux qui avaient sacrifié leurs plus belles années à la guerre puis à l'exploitation de cette ferme. Elle voulait cette piscine, elle la voulait en compensation de ses sacrifices, de sa solitude, de sa jeunesse perdue."
1968 : à force de ténacité, Amine a fait de son domaine aride une entreprise florissante. Il appartient désormais à une nouvelle bourgeoisie qui prospère, fait la fête et croit en des lendemains heureux. Mais le Maroc indépendant peine à fonder son identité nouvelle, déchiré entre les archaïsmes et les tentations illusoires de la modernité occidentale, entre l'obsession de l'image et les plaies de la honte. C'est dans cette période trouble, entre hédonisme et répression, qu'une nouvelle génération va devoir faire des choix.
En 1944, Mathilde, une jeune Alsacienne, s'éprend d'Amine Belhaj, un Marocain combattant dans l'armée française. Après la Libération, le couple s'installe au Maroc à Meknès, ville de garnison et de colons. Tandis qu'Amine tente de mettre en valeur un domaine constitué de terres rocailleuses et ingrates, Mathilde se sent vite étouffée par le climat rigoriste du Maroc. Seule et isolée à la ferme avec ses deux enfants, elle souffre de la méfiance qu'elle inspire en tant qu'étrangère et du manque d'argent. Le travail acharné du couple portera-t-il ses fruits? Les dix années que couvre le roman sont aussi celles d'une montée inéluctable des tensions et des violences qui aboutiront en 1956 à l'indépendance de l'ancien protectorat.
Tous les personnages de ce roman vivent dans «le pays des autres» : les colons comme les indigènes, les soldats comme les paysans ou les exilés. Les femmes, surtout, vivent dans le pays des hommes et doivent sans cesse combattre pour leur émancipation.
Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.
À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.
Clotilde Courau nous plonge dans l'histoire terrifiante de Louise, héroïne d'un conte noir fascinant.
Prix Goncourt 2016
Prix des lecteurs - Gallimard 2017
Comme un écrivain qui pense que « toute audace véritable vient de l'intérieur », Leïla Slimani n'aime pas sortir de chez elle, et préfère la solitude à la distraction. Pourquoi alors accepter cette proposition d'une nuit blanche à la pointe de la Douane, à Venise, dans les collections d'art de la Fondation Pinault, qui ne lui parlent guère ?
Autour de cette « impossibilité » d'un livre, avec un art subtil de digresser dans la nuit vénitienne, Leila Slimani nous parle d'elle, de l'enfermement, du mouvement, du voyage, de l'intimité, de l'identité, de l'entre-deux, entre Orient et Occident, où elle navigue et chaloupe, comme Venise à la pointe de la Douane, comme la cité sur pilotis vouée à la destruction et à la beauté, s'enrichissant et empruntant, silencieuse et raconteuse à la fois.
Une confession discrète, pudique, qui n'appuie jamais, légère, grave, toujours à sa juste place : « Écrire, c'est jouer avec le silence, c'est dire, de manière détournée, des secrets indicibles dans la vie réelle ».
"Une semaine qu'elle tient. Une semaine qu'elle n'a pas cédé. Mais cette nuit, elle en a rêvé et n'a pas pu se rendormir. Un rêve moite, interminable, qui s'est introduit en elle comme un souffle d'air chaud. Adèle ne peut plus penser qu'à ça."
Adèle semble heureuse avec Richard, le médecin qu'elle a épousé. Pourtant, elle ne peut s'empêcher de collectionner les conquêtes. Dans le jardin de l'ogre est l'histoire d'un corps esclave de ses pulsions que rien ne rassasie. Un roman féroce et viscéral sur l'addiction sexuelle et ses implacables conséquences.
SEXE ET MENSONGES, c'est la parole, forte et sincère, d'une jeunesse marocaine bâillonnée dans un monde arabe où le sexe se consomme pourtant comme une marchandise. Les femmes que Leïla Slimani a rencontrées lui ont confié sans fard ni tabou leur vie sexuelle, entre soumission et transgression. Car au Maroc, la loi punit et proscrit toute forme de relations sexuelles hors mariage, tout comme l'homosexualité et la prostitution.
Dans cette société fondée sur l'hypocrisie, la jeune fille et la femme n'ont qu'une alternative : vierge ou épouse. SEXE ET MENSONGES est une confrontation essentielle avec les démons intimes du Maroc et un appel vibrant à la liberté universelle d'être, d'aimer et de désirer.
Le diable est dans les détails rassemble 6 textes de Leïla Slimani publiés dans l'hebdomadaire Le 1, "six petits bijoux, chacun doté d'une force qui impressionne, servis par une plume déliée, un regard tout en finesse, qu'il s'agisse de courtes nouvelles à la Tchekhov ou de textes engagés" (Éric Fottorino). Le lecteur pourra ensuite se plonger dans le dialogue entre Leïla Slimani et Éric Fottorino, intitulé Comment j'écris.
Leïla Slimani, née à Rabat en 1981, est arrivée à Paris à l'âge de 18 ans. Après des études à Sciences Po, elle devient journaliste à Jeune Afrique. Elle obtient le prix Goncourt en 2016 pour Chanson douce (Gallimard).
« Leïla Slimani a reçu le prix Goncourt 2016 pour Chanson douce paru chez Gallimard. Remarquée dès son premier roman, Dans le jardin de l'Ogre, publié lui aussi chez Gallimard, Leïla Slimani a obtenu un immense succès de librairie. Ce livre-ci rassemble les textes qu'elle a écrits pour Le 1. Six petits bijoux, chacun doté d'une force qui impressionne, servis par une plume déliée, un regard tout en finesse, qu'il s'agisse de courtes nouvelles à la Tchekhov - Le diable est dans les détails - ou de textes engagés : ainsi Intégristes je vous hais, rédigé dans l'urgence et la rage au lendemain des attentats du 13 novembre 2015. Nous vous proposons ainsi de mieux connaître les multiples facettes d'une jeune auteure dont la voix n'a pas fini de nous interpeller, tantôt par un murmure, tantôt par un cri. » Éric Fottorino, Directeur de l'hebdomadaire Le 1
Née à Rabat en 1981, Leïla Slimani est arrivée à Paris à l'âge de 18 ans. Après des études à Sciences Po, elle devient journaliste à Jeune Afrique. Son premier roman, Dans le jardin de l'ogre, est paru chez Gallimard en 2014. Deux ans plus tard, elle publie chez le même éditeur Chanson douce, qui a reçu le prix Goncourt.
SEXE ET MENSONGES, c'est la parole, forte et sincère, d'une jeunesse marocaine bâillonnée dans un monde arabe où le sexe se consomme pourtant comme une marchandise. Les femmes que Leila Slimani a rencontrées lui ont confié sans fard ni tabou leur vie sexuelle, entre soumission et transgression. Car au Maroc, la loi punit et proscrit toute forme de relations sexuelles hors mariage, tout comme l'homosexualité et la prostitution. Dans cette société fondée sur l'hypocrisie, la jeune fille et la femme n'ont qu'une alternative : vierge ou épouse. SEXE ET MENSONGES est une confrontation essentielle avec les démons intimes du Maroc et un appel vibrant à la liberté universelle d'être, d'aimer et de désirer.
Leïla Slimani est la douzième femme à avoir reçu le prix Goncourt. Quelle écrivain est-elle ? Comment écrit-elle ? Quelles sont ses inspirations ? Quel est son rapport à la langue ? Dans cette conversation avec le journaliste Éric Fottorino, l'auteure se dévoile et raconte son processus créatif.
"Au moment où je me mets à ma table de travail, je ne suis plus vraiment moi. Je ne suis plus une femme, je ne suis plus marocaine ou française, je ne suis même plus à Paris ni nulle part, je suis complètement affranchie de tout. Je pense que quand on s'engage en littérature, on est obligé de s'engager totalement. On est obligé d'aller jusqu'au bout et d'explorer parfois des choses désagréables pour soi. On doit faire confiance au lecteur."
Leïla Slimani est née à Rabat en 1981. Arrivée en France à l'âge de 18 ans, elle a étudié à Sciences Po avant de devenir journaliste à Jeune Afrique. Elle a publié deux romans chez Gallimard, Dans le jardin de l'ogre et Chanson douce, prix Goncourt 2016.
Héroïne oubliée du XXe siècle, Suzanne Noël a rendu leur dignité aux gueules cassées, en étant une pionnière de la chirurgie réparatrice.
Brillante étudiante en médecine, Suzanne Noël
va assister à la naissance de la chirurgie plastique
comme spécialité médicale et y apporter une contribution
essentielle. Considérée comme dangereuse
et inutile par une grande partie de la communauté
médicale de l'époque, la chirurgie esthétique est
pour elle un outil d'émancipation des femmes.
À travers ses techniques chirurgicales, elle veut
corriger les effets de la vieillesse, de la pauvreté, de
la maladie ou de l'épuisement. Pendant la première
guerre mondiale, la chirurgie réparatrice gagne ses
lettres de noblesse. Au côté du professeur Hippolyte
Morestin, Suzanne Noël opère les soldats défigurés
par les obus et développent, sur ces " gueules cassés
" des protocoles chirurgicaux révolutionnaires.
Dans les années folles, Suzanne Noël devient une
célébrité, à Paris et dans le monde.
Féministe, engagée dans le combat pour le droit de
vote des femmes, elle n'a eu de cesse de lutter pour
son indépendance et pour la reconnaissance de son
travail de chirurgienne esthétique.
" J'ai trop longtemps accepté de vivre et de travailler sous la tutelle de mes maris.
À présent, j'ai 47 ans et je ne dois plus rien à personne. Ensemble nous allons mener le combat d'une vie : permettre aux femmes d'être indépendantes et fortes. "
Rabat, été 2015.
Suite à la parution de son livre Dans le jardin de l'ogre, un roman cru et audacieux qui aborde la thématique de l'addiction sexuelle, Leila Slimani part à la rencontre de ses lectrices marocaines. Face à cette écrivaine franco-maghrébine décomplexée qui aborde la sexualité sans tabou, la parole se libère.
Au fil des pages, l'auteur recueille des témoignages intimes déchirants qui révèlent le malaise d'une société hypocrite dans laquelle la femme ne peut être que vierge ou épouse, et où tout ce qui est hors mariage est nié : prostitution, concubinage, homosexualité. Le code pénal punit toute transgression : un mois à un an de prison pour les relations hétérosexuelles hors mariage, six mois à trois ans de prison pour les relations homosexuelles, un à deux ans de prison pour les adultères.
Soumises au mensonge institutionnalisé, ces femmes nous racontent les tragédies intimes qui égrènent leurs vies et celles des femmes qui les entourent : IVG clandestines, viols, lynchages, suicides. Toutes sont tiraillées entre le désir de se libérer de cette tyrannie et la crainte que cette libération n'entraîne l'effondrement des structures traditionnelles.
A travers cette BD, il s'agit de faire entendre la réalité complexe d'un pays où l'islam est religion d'Etat. Et où le droit des femmes passera, avant tout, par la défense de leurs droits sexuels.
"Depuis mon adolescence, un portrait de Simone Veil est accroché au-dessus de mon bureau. Sur cette photographie, elle porte un chemisier blanc et ses longs cheveux noirs sont détachés. Son regard fixe l'objectif avec une détermination qui impressionne. Elle est belle comme une star de cinéma. C'était mon héroïne à moi."
Dans ce texte lapidaire, Leïla Slimani rend hommage au parcours de Simone Veil, à ses combats, à son engagement. Illustré par Pascal Lemaître, ce texte est fort, bouleversant. L'ensemble constitue un très bel objet à offrir et à s'offrir, pour ne pas oublier.
Leïla Slimani, née à Rabat en 1981, a publié deux romans aux éditions Gallimard, Dans le jardin de l'ogre et Chanson douce (prix Goncourt 2016). Elle a également publié, dans la collection Le 1 en livre aux éditions de l'Aube, l'ouvrage Le diable est dans les détails.