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Editions l'Escalier
-
Extrait
SCÈNE III
Devant le château.
Mélisande Il fait sombre dans les jardins. Et quelles forêts, quelles forêts autour des palais !...
Geneviève Oui, cela m’étonnait aussi quand je suis arrivée ici, et cela étonne tout le monde. Il y a des endroits où l’on ne voit jamais le soleil. Mais l’on s’y fait si vite... Il y a longtemps, il y a longtemps... Il y a près de quarante ans que je vis ici... Regardez de l’autre côté, vous aurez la clarté de la mer...
Mélisande J’entends du bruit au-dessous de nous...
Geneviève Oui, c’est quelqu’un qui monte vers nous... Ah ! C’est
Pelléas... Il semble encore fatigué de vous avoir attendue si longtemps...
Mélisande Il ne nous a pas vues.
Geneviève Je crois qu’il nous a vues, mais il ne sait ce qu’il doit faire... Pelléas, Pelléas, est-ce toi ?
Pelléas Oui !... Je venais du côté de la mer...
Geneviève Nous aussi, nous cherchions la clarté. Ici, il fait un peu plus clair qu’ailleurs, et cependant la mer est sombre.
Pelléas Nous aurons une tempête cette nuit : il y en a toutes les nuits depuis quelque temps... Et cependant elle est si calme ce soir... On s’embarquerait sans le savoir et l’on ne reviendrait plus...
Mélisande Quelque chose sort du port...
Pelléas Il faut que ce soit un grand navire... Les lumières sont très hautes, nous le verrons tout à l’heure quand il entrera dans la bande de clarté...
Geneviève Je ne sais si nous pourrons le voir... Il y a encore une brume sur la mer...
Pelléas On dirait que la brume s’élève lentement...
Mélisande Oui ; j’aperçois, là-bas, une petite lumière que je n’avais pas vue...
Pelléas C’est un phare ; il y en a d’autres que nous ne voyons pas encore.
Mélisande Le navire est dans la lumière... Il est déjà bien loin...
Pelléas Il s’éloigne à toutes voiles...
Mélisande C’est le navire qui m’a menée ici. Il a de grandes voiles... Je le reconnais à ses voiles...
Pelléas Il aura mauvaise mer cette nuit...
Mélisande Pourquoi s’en va-t-il cette nuit ?... On ne le voit presque plus... Il fera peut-être naufrage...
Pelléas La nuit tombe très vite...
Geneviève Il est temps de rentrer. -
Cyrano-Guignol de Bergerac
Joseph des Verrieres, Lucien Sachoix
- Editions l'Escalier
- 1 Avril 2014
- 9782355831690
Extrait
La même voix
Voilà !... Qui qu’en désire ?...
La Miche, continuant
... qui vend le Passe-Temps, le Programme, là-bas ?
Le Bret
C’est Ragueneau-Gnafron... Vous ne connaissez pas ?...
Un ancien savetier qui n’a pas fait fortune,
Et qui, las de percer tant de trous dans la lune,
S’est fait — oui ! — pâtissier, rôtisseur, camelot !...
La voix
Demandez le Programme ! Il est très rigolo !...
La Miche, se tournant vers Terrenfrich
À propos, je vais vous apprendre une nouvelle :
J’ai reçu, ce matin, la promesse formelle
D’être nommé bientôt...
Terrenfrich
Vous le méritez bien !
La Miche
... Colonel des Cadets du Plateau Croix-Roussien !
Terrenfrich
Ce fameux régiment ?...
La Miche
Celui-là même !
Terrenfrich
Peste !...
La Miche, l’entraînant un peu vers la gauche
Et maintenant, mon cher, causons un peu... du reste !
Avez-vous vu Roxane ?...
Christian, qui a entendu
Hein ?... Que dit-il ?...
Terrenfrich
Mais... non...
Ou plutôt... si !... Je vous... Elle a... Mais à quoi bon
Vous mentir ?... Pauvre ami !
Ce n’est pas vous qu’elle aime !
La miche, avec colère
Mais qui donc aime-t-elle ?...
Christian, à part
Ah ! Peut-être moi-même !... -
L'orfeo - orphee et eurydice (edition bilingue)
Striggio Alessandro
- Editions l'Escalier
- 1 Juin 2015
- 9782355831812
Extrait
PROLOGUE
Ritournelle
LA MUSIQUE
Des rives de mon bien aimé Permesso, je viens à vous
Illustres héros, noble lignée de rois,
Dont la renommée conte les sublimes vertus
Sans atteindre à la vérité tant elles sont élevées.
Je suis la Musique, et par mes doux accents
Je sais apaiser les coeurs tourmentés,
Et enflammer d’amour ou de noble courroux
Même les esprits les plus froids.
M’accompagnant d’une cithare d’or, j’ai coutume
D’enchanter l’oreille des mortels ;
Et, à m’entendre, leur âme aspire
Aux sons harmonieux de la lyre du ciel.
C’est le désir de vous parler d’Orphée qui m’a conduite ici,
Orphée qui de son chant apprivoisait les bêtes féroces
Et fit céder l’Enfer à ses prières,
Orphée, gloire immortelle du Pinde et de l’Hélicon.
Et tandis que je fais alterner les chants tristes aux gais,
Qu’à présent nul oiseau ne bouge dans ces arbres,
Que tous les flots sur ces rives se taisent,
Et que la moindre brise en sa course s’arrête -
Extrait
Paris. Un petit salon au cinquième. Ce qu’une femme, qui a beaucoup aimé et ne s’est pas enrichie, peut y mettre d’intimité, de bibelots offerts, de meubles disparates. Cheminée au fond. Porte tenture à gauche. Table à droite. Pouf au milieu. Un piano ouvert. Fleurs bon marché. Quelques cadres au mur. Feu de bois. Une lampe allumée.
Blanche, puis Maurice. Blanche est assise à sa table. Robe d’intérieur. Vieilles dentelles, c’est son seul luxe, tout son héritage. Elle a fouillé ses tiroirs, brûlé des papiers, noué la faveur d’un petit paquet, et pris dans une boîte une lettre ancienne qu’elle relit. Ou plutôt, elle n’en relit que des phrases connues. Celle-ci l’émeut jusqu’à la tristesse. Une autre lui fait hocher la tête. Une autre enfin la force à rire franchement. On sonne. Blanche remet, sans hâte, la lettre dans sa boîte, et la boîte dans le tiroir de la table. Puis elle va ouvrir elle-même. Maurice entre. Dès ses premières phrases et ses premiers gestes, on sent qu’il est comme chez lui.
MAURICE, il appuie sur les mots: Bonjour, chère et belle amie.
BLANCHE, moins affectée: Bonjour, mon ami. (Maurice veut l’embrasser par habitude, politesse, et pour braver le péril. Elle recule.) Non.
MAURICE: Oh! en ami.
BLANCHE: Plus maintenant.
MAURICE: Je vous assure que ça ne me troublerait pas.
BLANCHE: Ni moi : précisément : c’est inutile... Avez-vous terminé vos courses ? -
La belle helene - meilhac et halevy
& Halevy Meilhac
- Editions l'Escalier
- 1 Février 2015
- 9782355831751
Extrait
ACTE II
Scène 2
Hélène, Bacchis, un esclave
BACCHIS
Y pensez-vous, madame?... ne pas vous décolleter un jour comme aujourd’hui !...
HÉLÈNE
(assise près du guéridon) Je garderai cette toilette.
BACCHIS
Dans une heure, ici, vous aurez le jeu des Rois : la partie d’oie qui vous a été demandée hier par le grand Agamemnon... puis, ce soir, le souper de cent couverts dans la galerie de Bacchus.
HÉLÈNE
Je garderai cette toilette.
BACCHIS
L’étiquette la plus vulgaire exige...
HÉLÈNE
(avec force, se levant) Je garderai cette toilette... et si j’en connaissais une plus austère et plus montante, je m’y voudrais emprisonner jusqu’au retour de mon mari.
BACCHIS
C’est contraire à tous les usages...
HÉLÈNE
C’est un voeu.
BACCHIS
Heureusement que la réputation de madame est faite et que l’on sait bien que madame est la plus belle femme du monde!...
HÉLÈNE
(agitée) Ne dis pas cela !
BACCHIS
Grande reine, ce trouble... (entre un esclave par la droite)
HÉLÈNE
Ah! fatale beauté !... (haut) Que me veut cet esclave?
L’ESCLAVE
Madame, c’est le seigneur Pâris.
HÉLÈNE
Bing ! Voilà ce que je craignais.
BACCHIS
Madame...
HÉLÈNE
Je ne le recevrai pas.
BACCHIS
C’est laisser croire que vous avez peur...
HÉLÈNE
Moi, fille de Léda, j’aurais peur !...
BACCHIS
Alors, recevez-le...
HÉLÈNE
Oui, tout à l’heure, Bacchis, tu le feras entrer ; mais laisse moi consulter ma mère.
BACCHIS
Combien de temps ?
HÉLÈNE
Dame!...
BACCHIS
Combien?
HÉLÈNE
Que sais-je, moi ?... Le temps qu’il faut à une fille pour consulter sa mère... tu dois savoir cela aussi bien que moi.
BACCHIS
Oui, madame... (à part) Pauvre Ménélas ! (elle sort par la droite avec l’esclave)
-
L'étau ; limettes de Sicile ; le devoir du médecin Tome 1
Luigi Pirandello
- Editions l'Escalier
- 1 Juin 2017
- 9782355832024
Extrait
Antonio, vivement, avec gravité
Tu es injuste ! Je t’ai aimée, comme toi tu m’as aimé, tu le sais bien ! Je t’ai conseillé la prudence... Ai-je mal fait ? C’était plus pour toi que pour moi. Oui parce que moi, dans cette affaire, je n’ai rien à perdre, tu l’as dit toi-même. (brève pause, puis en insistant sur les mots) Je ne t’ai jamais blâmée, ni reproché quoi que ce soit : je n’en ai pas le droit...
(il se passe une main sur les yeux, puis, changeant de ton et d’attitude) Allons, allons... remets-toi. Andrea ne saura rien... tu le crois... et il en sera ainsi... Même à moi à présent il me paraît difficile qu’il ait pu se maîtriser autant. Il ne se sera rendu compte de rien... Et comme ça... Allons, allons... rien n’est fini... Nous serons...
Giulia
Non, non, ce n’est plus possible ! Comment voudrais-tu que désormais... Non, il vaut mieux, il vaut mieux en finir...
Antonio
Comme tu voudras.
Giulia
Voilà ton amour.
Antonio
Tu veux me rendre fou ?
Giulia
Non, vraiment il vaut mieux en finir, et immédiatement ; quoi qu’il doive se passer. Tout est fini entre nous. Tu entends, et peut-être serait-il encore mieux qu’il sache tout.
Antonio
Es-tu folle ?
Giulia
Beaucoup mieux même ! Que sera ma vie ? Tu y penses ? Je n’ai plus le droit d’aimer personne, moi ! Pas même mes enfants ! Si je me penche pour leur donner un baiser, j’ai l’impression que l’ombre de ma faute tache leur front immaculé ! Non... non... Est-ce qu’il se débarrasserait de moi ? C’est moi qui le ferais si lui ne le fait pas.
Antonio
Voilà que tu perds la raison !
Giulia
Sérieusement ! Je l’ai toujours dit. Trop... c’est trop... Il ne me reste plus rien désormais ! (elle prend sur elle pour se reprendre) Ah, pars, pars maintenant : qu’il ne te trouve pas ici.
Antonio
Je dois partir ? Te laisser ? J’étais venu exprès... Ne vaut-il pas mieux que je... ?
Giulia
Non tu ne dois pas te trouver là. Mais reviens, quand il arrivera. C’est nécessaire. Reviens vite, et avec calme et indifférence, pas comme ça... Parle-moi, devant lui, adresse-toi souvent à moi. Je te seconderai.
Antonio
Oui, oui.
Giulia
Vite. Et si jamais...
Antonio
Si jamais ?
Giulia
Rien ! De toute façon...
Antonio
Quoi ?
Giulia
Rien, rien... Je te dis adieu.
Antonio
Giulia !
Giulia
Va-t’en !
-
Répertoire écrit du théâtre de Guignol Tome 4 ; chante clair, Guignol !
Joseph des Verrieres, Lucien Sachoix
- Editions l'Escalier
- 1 Février 2017
- 9782355831980
Extrait
Acte 3
LA SOIRÉE DE LA PIE-PELETTE
Chez la Pie-Pelette. — Une loge de concierge. On entre à droite et à gauche. Au fond, baie vitrée, par où l’on peut apercevoir la cour où l’on se trouvait au 1er acte.
Scène 1
La Pie-Pelette, Lemerle
LA PIE-PELETTE, affairée
Aujourd’hui dans ma loge il y aura du monde ;
Je crois qu’il faudra bien toute ma table ronde,
— En se serrant, encor — pour y prendre le thé…
Songez donc que j’aurai… vous, d’abord…
LEMERLE
Très flatté !
LA PIE-PELETTE, énumérant
L’Étrangère…
LEMERLE
Guignol…
LA PIE-PELETTE
Vraiment ?
LEMERLE
Soyez certaine
Qu’il viendra. Je l’ai vu ce matin.
LA PIE-PELETTE
Quelle aubaine !…
Et puis, tous ces Messieurs que vous m’avez promis,
Et qui me font l’honneur d’accep…
LEMERLE, négligemment
Oh !… des amis !
Et d’ailleurs, vous savez, c’est le Guignol des Voûtes
Qui va les amener.
LA PIE-PELETTE
Jamais je ne l’écoute !
Il est si drôle… Il dit des horreurs, parfois !… Mais
Je me bouche une oreille, et je n’entends jamais…
LEMERLE
… Que de l’autre.
LA PIE-PELETTE
Plaît-il ?
LEMERLE
Oh ! rien !
LA PIE-PELETTE
C’est tout à l’heure
Qu’ils vont arriver ?…
LEMERLE
Oui.
LA PIE-PELETTE
J’ai deux livres de beurre,
Des palmiers, des gâteaux…
LEMERLE
Il n’en fallait pas tant !
Nous allons faire un lunch épatant…
LA PIE-PELETTE
Épatant,
Vous verrez.
LEMERLE
Nous verrons.
(entre l’Étrangère)