Dans ce livre, le premier qu'il consacre au racisme, Dany Laferrière se concentre sur ce qui est peut-être le plus important racisme du monde occidental, celui qui dévore les Etats-Unis. Les Noirs américains : 43 millions sur 332 millions d'habitants au total - plus que la population entière du Canada. 43 millions qui descendent tous de gens exploités et souvent martyrisés. 43 millions qui subissent encore souvent le racisme. Loin d'organiser une opposition manichéenne entre le noir et le blanc, précisément, Dany Laferrière précise : « On doit comprendre que le mot Noir ne renferme pas tous les Noirs, de même que le mot Blanc ne contient pas tous les Blancs. Ce n'est qu'avec les nuances qu'on peut avancer sur un terrain si miné. »
Voici donc un livre de réflexion et de tact, un livre littéraire. Mêlant des formes brèves que l'on pourrait rapprocher des haïkus, où il aborde en général les sensations que les Noirs éprouvent, et de brefs essais où il étudie des questions plus générales, Dany Laferrière trace un chemin grave, sans jamais être démonstratif, dans la violence semble-t-il inextinguible du racisme américain. « Mépris », « Rage », « Ku Klux Klan » alternent avec des portraits des grands anciens, Noirs ou Blancs, qui ont agi en noir ou en blanc : Charles Lynch, l'inventeur du lynchage, mais aussi Eleanor Roosevelt ; et Frederick Douglass, et Harriet Beecher Stowe, l'auteur de La Case de l'oncle Tom, et Bessie Smith, à qui le livre est dédié, et Angela Davis. Ce Petit traité du racisme en Amérique s'achève sur une note d'espoir, celui que Dany Laferrière confie aux femmes. « Toni, Maya, Billie, Nina, allez les filles, le monde est à vous ! »
Robert Penn Warren s'entretient avec tous les acteurs du mouvement des droits civiques aux États-Unis. Un fantastique document à la fois historique et littéraire, signé par le triple lauréat du Prix Pulitzer.En 1964, Robert Penn Warren lance une série d'interviews des représentants du mouvement des droits civiques aux États-Unis. Il rencontre Martin Luther King, Malcolm X, James Forman mais aussi les écrivains James Baldwin et Ralph Ellison, sans oublier de nombreux militants locaux, actifs sur le terrain.
Pour l'auteur de
Tous les hommes du roi, il s'agit d'une véritable quête, qui va bien au-delà du reportage ou de l'exercice journalistique. Enfant du Sud des États-Unis, Robert Penn Warren a vécu dans une société ségrégationniste. Il s'interroge sur le poids de cette éducation et sur l'avenir des relations entre communautés. Loin de tout militantisme, il retranscrit ici ses entretiens en veillant à conserver le ton exact des échanges. À l'heure où les questions d'intégration comptent parmi les sujets centraux de nos sociétés,
Au nom des Noirs constitue un document exceptionnel où les dialogues sont complétés par les réflexions personnelles de l'un des derniers géants de la littérature américaine.
Historique, introspectif, porté par une exigence jamais prise en défaut et un style unique... cet ouvrage échappe à toutes les classifications. " Il s'agit de ma tentative pour comprendre ce que je pouvais comprendre. J'ai conservé la forme des conversations car je voulais que le lecteur puisse voir, écouter et ressentir ce que j'avais vu, écouté et ressenti. Ce livre devait être le plus honnête possible ", résume Robert Penn Warren.
Disons-le d'emblée : aucun pays n'a inventé de système parfait permettant de lutter contre le racisme et les discriminations. L'enjeu est d'imaginer un nouveau modèle, transnational et universaliste, qui replace la politique antidiscriminatoire dans le cadre plus général d'une politique sociale et économique à visée égalitaire et universelle, et qui assume la réalité du racisme et des discriminations - pour se donner les moyens de les mesurer et de les corriger, sans pour autant figer les identités, qui sont toujours plurielles et multiples.
En 1956, Howard Zinn s'installe à Atlanta afin d'enseigner au departement d'histoire du Spelman College, un etablissement d'enseignement superieur uniquement fréquenté par des femmes noires. Arrivant de Boston, il découvre un Sud profond secoué par le mouvement des droits civiques, dans lequel le militantisme étudiant joue un rôle important. Intellectuel capable de penser l'histoire sans renoncer à la faire, Howard Zinn s'engage sans hésiter dans les luttes que mènent les Afro-Américains. Et le paie cher: en 1963, on le licencie de Spelman en raison de ses positions contre la ségrégation.
Combattre le racisme raconte ces années de résistance tout en les replaçant dans la longue histoire des luttes contre l'esclavage et le racisme aux États-Unis. Dans une prose claire, sensible et vivante, Zinn nous livre ses reflexions sur les abolitionnistes, la marche de Selma a Montgomery, John F. Kennedy, les piquets de greve et, pour finir, son message aux etudiants de l'universite de New York au sujet de la question de la race, dans un discours qu'il a prononce a la veille de sa mort. Il exprime la conviction inebranlable que les gens ont le pouvoir de changer les choses s'ils suivent ensemble la tradition americaine de la desobeissance civile.
Souvent présentée sous le signe d'un troisième sexe alimentant l'imaginaire de l'hermaphrodite, l'intersexuation a longtemps été de l'unique ressort de la médecine qui s'arrogeait l'autorité de dire « le vrai sexe » et intervenait en conséquence. Mais, depuis quelques décennies, des témoignages se font jour, révélant les violences physiques et psychiques subies par ces enfants et ces adolescent·es dont on a voulu conformer le corps à l'image binaire du sexe, effaçant par là même leur existence corporelle, légale et culturelle.
Cet ouvrage cherche à ouvrir le débat, à compléter et enrichir les recherches actuelles. Il aborde l'histoire de la médicalisation des personnes intersexes, les conséquences du paradigme interventionniste sur les individus et leurs mobilisations collectives à l'origine d'évolutions des institutions nationales et internationales sur le sujet.
Au travers également de témoignages, Michal Raz montre la nécessité d'un changement de paradigme sur la binarité des sexes, sur le genre et la sexualité pour permettre de considérer l'intersexuation non pas comme une anomalie à réparer, mais comme une variation du corps parmi d'autres.
Toute technologie est ambivalente : si le Web a permis aux voix marginalisées - celles des femmes lesbiennes, bi, trans, handicapées, racisées, précaires, victimes de violences sexuelles - de se faire entendre, il s'est aussi fait l'écho de discours de haine, alimentant des violences qui intimident et poussent à quitter les réseaux.
Bien qu'Internet ait, pour un temps, incarné l'utopie d'une agora démocratique, l'illusion s'est vite dissipée, dévoilant un espace devenu anxiogène à force d'être recomposé, marketé et accaparé par les groupes dominants. Dès lors, comment s'extraire de la toile des dominations et faire en sorte que ce territoire de tous les possibles ne demeure pas le terrain de jeu de la domination masculine ?
Cofondatrices de Féministes contre le cyberharcèlement, Laure Salmona et Ketsia Mutombo, en médiatisant le hashtag #TwitterAgainstWomen à l'échelle internationale, ont ainsi contribué à faire naître un nouveau regard sur le harcèlement en ligne et à politiser le phénomène des cyberviolences genrées en pointant leur caractère systémique. Cet ouvrage est le produit de cette lutte et de l'engagement résolu des autrices à emmener le mouvement de recomposition de l'Internet de demain, pour qu'il devienne un espace de liberté et d'égalité pour toutes et tous.
Un livre personnel et percutant sur un thème original par un joueur de football légendaire, très aimé des Français
Qu'est-ce qu'être blanc ? Plus qu'une couleur de peau, n'est-ce pas plutôt une pensée ? Qui sont ceux qui l'ont inventée, et pourquoi ?
Ce livre raconte l'histoire de la pensée blanche, son origine et son fonctionnement, la manière dont elle divise, comment elle s'est répandue à travers le monde au point d'être aujourd'hui universelle, jusqu'à infuser l'air que l'on respire. Depuis des siècles, la pensée blanche est une norme, la fossilisation de hiérarchies, de schémas de domination, d'habitudes qui nous sont imposées. Elle signifie aux Blancs et aux non-Blancs ce qu'ils doivent être, quelle est leur place. Comme la longue emprise des hommes sur les femmes, elle est profondément ancrée dans nos mentalités et agit au quotidien. Seule sa remise en question permettra d'avancer pour passer à autre chose.
Il ne s'agit pas de culpabiliser ni d'accuser, mais de comprendre les mécanismes à l'œuvre, d'en prendre conscience pour construire de nouvelles solidarités. Le temps n'est-il pas venu d'élargir nos points de vue pour nous considérer tous enfin comme des êtres humains ?
Lilian Thuram
"Les Doctrines de haine" est consacré à la violence politique, religieuse et sociale de notre société, régulièrement traversée par des "moments haineux" portés par les courants populistes de droite ou de gauche. Leur discours est celui des "anti" : antisémitisme, anticléricalisme, antimaçonnisme, anticapitalisme... Tous se présentent comme les seuls vrais défenseurs des libertés. Ils utilisent tous les mêmes arguments. Et fantasment tous un ennemi de la France. Pour Anatole Leroy-Beaulieu, l'antagonisme des passions porte donc moins sur les croyances que sur l'appartenance nationale : que signifie être un citoyen français ?
Plus d'un siècle après sa parution, ce livre résonne encore comme un appel à la tolérance mutuelle, la paix religieuse, la liberté de tous dans le respect de chacun.
Il existe de grandes différences entre les hommes et les femmes dans la façon d'être surdoué et de vivre cet état. Les femmes à haut potentiel ne répondent pas de la même manière que les hommes aux contraintes d'une société dans laquelle les schémas de réussite sont encore imprégnés de sexisme. Le défi est double pour elles : dans un monde fondé sur l'image d'une femme au corps parfait et non d'une femme dotée d'un cerveau, il leur faut réussir à articuler leur féminité et leur intelligence et se faire accepter.
En se fondant sur les dernières études sociologiques et scientifiques, et sur de nombreux exemples de patientes, Monique de Kermadec met en lumière les nombreuses barrières sociales et professionnelles auxquelles se heurtent ces femmes qui se sentent en décalage. Elle leur donne des clés pour optimiser leur potentiel afin d'arriver à assumer le rôle qu'elles pourraient avoir dans notre société pour le bénéfice de tous.
Pas besoin de vous la présenter, la téléréalité est aujourd'hui partout. Si les programmes et les participants sont souvent méprisés, il n'empêche qu'ils sont devenus un élément incontournable du paysage télévisuel en France et que leur influence se propage dans toutes les couches de notre société. Nous sommes très nombreux à regarder de la téléréalité et participants bénéficient de côtes de popularité digne de celles de stars hollywoodiennes.
Problème : les programmes sont empreints de sexisme, à la fois devant et derrière la caméra. Les situations sexistes et violentes envers les femmes sont légion et font l'objet de plus en plus de dénonciation de la part des acteurs du milieu.
Valérie Rey-Robert et à la fois militante féministe et spectatrice de téléréalité. C'est donc tout naturellement que lui est venue l'idée d'écrire ce livre et de mettre des mots sur ce sujet de société trop souvent mis sous le tapis car considéré comme insignifiant ou peu digne d'intérêt. Au fil des pages, elle démontre l'importance d'arrêter de détourner le regard de nos écrans qui sont tout à la fois le reflet et le modèle pour nos sociétés actuelles et qui influencent parfois plus que de raison nos comportements dans « la vraie vie ».
Un sujet plus que d'actualité : Les Anges de la téléréalité ont été déprogrammés suite à des dénonciations de faits de sexisme et de harcèlement.L'expertise d'une militante féministe reconnue qui a l'habitude de regarder ces programmes.Ce livre est indispensable pour enfin penser une réflexion autour de la téléréalité qui est considérée comme peu digne d'intérêt alors qu'elle a une influence immense sur nos vies culturelles.
Née en banlieue parisienne, dans une famille croyante et pratiquante, Mariame Tighanimine a longtemps porté le voile. Jusqu'à ce que, petit à petit, elle réalise que tout ce qu'elle dit, écrit, pense est regardé par le monde extérieur à travers son "hijab".
Ce livre-manifeste, qui assume le courage de la nuance dans un débat qui l'est souvent peu, explore les questions que le voile soulève pour les femmes et, au-delà, pour toute la société française.
Le spectre du terrorisme hante la planète depuis des décennies. Pendant qu'en Occident on faisait rimer islam avec islamisme, qu'on amalgamait monde arabe et terreur, les grands moyens étaient déployés pour venir à bout de la radicalisation de certains groupes. Mais lorsqu'un attentat est commis contre la communauté musulmane elle-même, comme à Québec en 2017 ou à Christchurch en 2019, la donne change. En stigmatisant une population déjà vulnérable, aurions-nous donné naissance à une nouvelle forme de violence politique, l'islamophobie ?
Du témoignage à la prise de parole médiatique, d'observations de terrain à la réflexion politique, les carnets de Bochra Manaï approfondissent un débat qui mène trop souvent à l'impasse. La féministe et géographe d'origine maghrébine est allée à la rencontre de jeunes dits radicalisés ainsi que de leur famille afin de mieux comprendre leur histoire. Sans voix porte un regard situé et inclusif sur un phénomène complexe, et vient jeter les bases d'une réelle conversation transformatrice.
« Ce livre est l'aboutissement d'années de réflexions et d'observations qui ont mené Bochra Manaï à prendre la plume pour s'écrire et ethnographier l'arrière-scène et les coulisses que peu de gens ont le courage d'analyser, de déconstruire et de mettre en évidence. » - Maha Zibara, extrait de la préface
La question des jeunes trans gagnerait à être mieux connue du grand public. Longtemps, les identités trans et non binaires chez les enfants et les jeunes ont été comprises comme des pathologies du développement à mettre en veilleuse, voire à corriger. Or, la littérature scientifique actuelle et l'expérience du terrain nous montrent que les identités de genre non conformes sont une expression parmi d'autres de la diversité humaine. Défendant une approche dite «transaffirmative», qui repose sur une vision non binaire du genre, non pathologisante, respectant l'autodétermination et l'expertise des personnes sur leur vie, cet ouvrage pluridisciplinaire entend fournir des fondements théoriques et pratiques sur le sujet, dans le but d'accompagner et d'améliorer la qualité de vie de ces jeunes.
Avec des textes de Éli Abdellahi, Florence Ashley, Alexandre Baril, Greta Bauer, Gabrielle Bouchard, Lucile Crémier, Aaron Devor, Karine Espineira, Maxime Faddoul, Annie Fontaine, Andrée-Ann Frappier, Gabriel Galantino, Shuvo Ghosh, Gabriel Girard, Andreea Gorgos, matthew heinz, Valeria Kirichenko, Zack Marshall, Denise Medico, Annie Pullen Sansfaçon, Jake Pyne, Marjorie Rabiau, Muriel Reboh Serero, Marie-Joëlle Robichaud, Jean-Sébastien Sauvé, Françoise Susset, Charles-Antoine Thibeault, Jacques Thonney, Raphaël Wahlen et Adèle Zufferey.
« Quand des Blancs feuillettent un magazine, surfent sur Internet ou zappent à la télévision, il ne leur semble jamais étrange de voir des gens qui leur ressemblent en position d'autorité. Les affirmations positives de la blanchité sont tellement répandues que le Blanc moyen ne les remarque même pas.
Être blanc, c'est être humain ; être blanc, c'est universel. Je ne le sais que trop, car je ne suis pas blanche. »
Après l'élection de Barack Obama, certains ont proclamé l'avènement d'une société post-raciale. Nous en sommes loin, montre Reni Eddo-Lodge dans cet essai important qui analyse les méfaits d'un racisme structurel persistant d'autant plus sournois qu'il avance masqué. Car le racisme va bien au-delà de la discrimination ou de l'injure personnelle : il imprègne le récit historique, l'imaginaire collectif, les institutions et les entreprises.
Pourquoi les Blancs pensent-ils ne pas avoir d'identité raciale ? Pourquoi la simple idée d'un James Bond noir fait-elle scandale ? Comment une fillette noire en vient-elle à se persuader qu'en grandissant, elle deviendra blanche ? Le racisme n'est pas une question de valeur morale, mais d'exercice du pouvoir. Entretenir la légende d'une égalité universelle n'aide en rien. Au contraire. Car, pour déconstruire le racisme, il faut commencer par reconnaître l'étendue du privilège blanc.
Dans un contexte où le combat antiraciste revient sur le devant la scène, la lutte contre l'antisémitisme semble être restée en marge. Pire, l'extrême droite, vecteur historique et premier de cette vieille haine, ose même prétendre être le chantre de la « défense » des Juifs.
C'est oublier que les Juifs ne sont pas « blancs » au sens sociologique du terme. Comme les autres racismes, il fait système : du cliché sur des traits physiques ou moraux, à l'insulte, jusqu'au meurtre, il y a un continuum. L'antisémitisme est un racisme, mais pourquoi n'est-il pas considéré comme tel au sein des luttes antiracistes ?
Illana Weizman s'attache à en décrypter les raisons en partant de sa propre expérience : l'idée que les Juifs sont privilégiés (cliché antisémite s'il en est), la mise en compétition des différentes minorités, la confusion avec l'antisionisme... Et si les milieux de gauche ne sont pas intrinsèquement antisémites, leur complaisance laisse le terrain à des discours stigmatisant en particulier les Noirs et les Arabes, leur faisant porter le chapeau de l'antisémitisme contemporain. Reconnaître ces biais relève de la décence, mais également de l'efficacité. Si toutes les luttes antiracistes ne convergent pas, nous en sortons tous perdants. Car, rappelle l'autrice avec Franz Fanon : « Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l'oreille : on parle de vous. »
« Le plus grand des mérites de l'enquête conduite par Aurélien Aramini est de nous obliger à changer de regard. Il a choisi de rendre compte de ce que les élèves et les adultes vivent et décrivent comme du racisme à l'école. La question centrale du livre est celle de la portée et des significations des actions antiracistes initiées par les équipes éducatives, ou, plus souvent, par une partie d'entre elles. Que faire contre le racisme à l'école ? Comment toucher les élèves, comment ne pas alimenter le racisme que l'on veut combattre avec les meilleures intentions ? » François Dubet
Aurélien Aramini, agrégé et docteur en philosophie, est chargé de mission académique dans le cadre d'un partenariat avec la Plateforme internationale sur le Racisme et l'Antisémitisme (PIRA).
Qu'y a-t-il de commun entre la mort de Joyce Echaquan en 2020 et celle de Marie-Joseph Angélique en 1734? La militante de longue date Alexandra Pierre en aurait long à dire sur le sujet. Dans ce livre, elle s'entretient avec neuf femmes engagées afin de connaître leurs histoires de résistance et faire apparaître le fil qui les unit les unes aux autres. Elle en tire un matériau inédit, ancré dans les luttes passées et futures, et détaché des grandes trames du féminisme blanc et du militantisme de gauche. Habilement orchestré, alternant de l'intime au politique, cet essai révèle une pensée en mouvement, généreuse et insoumise.
«Toutes nos histoires sont interconnectées. Nous sommes toutes des soeurs de lutte.» - Émilie Monnet et Marilou Craft, extrait de la préface
Avec la participation de Avni, Dalila Awada, Naïma Hamrouni, Widia Larivière, Marlihan Lopez, Abisara Machold, Hirut Melaku, Sheetal Pathak et Alejandra Zaga Mendez.
Pour conserver son pouvoir face à la majorité noire qui augmentait et se révoltait, le gouvernement a chargé une commission d'aller enquêter sur le racisme institutionnel dans le monde entier. En Australie, aux Pays-Bas, aux États-Unis, ses membres ont observé ce qui était efficace et ce qui ne l'était pas. De retour en Afrique du Sud, ils ont élaboré le système d'oppression raciste le plus extrême que l'humanité ait jamais connu.Trevor Noah naît en 1984 à Johannesbourg d'une mère noire et d'un père blanc. Sous l'apartheid, qui interdit les relations interraciales, son existence même est déjà un crime. Malgré le racisme et la violence qui l'entourent, il multipliera les subterfuges afin de mener une vie libre... et drôle.
Né en 1984 d'une mère noire et d'un père blanc, sous l'apartheid qui divisait encore l'Afrique du sud, Trevor Noah est un crime du fait même d'exister. Sa mère choisit de le faire passer pour un coloured, une ethnie autorisée dont la couleur de peau est proche des métis. Émigré à Los Angeles, il rejoint le programme télévisé The Daily Show en 2014, dont il prend rapidement la direction. Le New York Times le cite en 2018 dans sa liste des "100 personnes les plus influentes du monde".
Au cours des quinze dernières années, Guilaine Kinouani a nourri la réflexion sur la façon dont le racisme affecte la santé physique et mentale des personnes noires et racisées. Dans le cadre de ses recherches et travaux cliniques, elle a conçu des outils pour les aider dans leur prise de conscience et leur changement de posture. Pour appuyer ses propos, elle met en lumière des expériences des Noirs du monde entier et offre des conseils d'expert sur la manière de se libérer des mécanismes du racisme dans une société blanche, fixer des limites et faire barrage aux micro-agressions, protéger les enfants du racisme, retrouver le plaisir et la joie d'être soi.
Une analyse sans complaisance des traumatismes qui rongent les corps, les coeurs et les esprits noirs. Et un témoignage de réalités que le système de santé mentale a longtemps ignorées et niées.
En huit chapitres, construit chacun autour d'une dynamique sociétale, l'autrice offre aux lecteurs des outils pour les aider et accompagner leur réflexion sur leurs propres expériences et besoins psychologiques.
« La race est particulièrement visible dans l'alimentation. D'abord parce que le concept fut inventé pour justifier la gourmandise de certain·es Européen·nes. Ensuite parce que la nourriture prend une telle place dans nos vies - la majorité d'entre nous mange trois fois par jour - que les restaurants, les supermarchés ou les cuisines sont des lieux privilégiés pour créer et perpétuer les constructions sociales. Si je vous dis maintenant que le racisme, tel qu'on le connaît aujourd'hui, trouve son origine dans une histoire de sucre, vous risquez d'avoir du mal à l'avaler. C'est pourtant vrai. Le racisme s'est installé dans les têtes des Européen·nes en même temps que le sucre arrivait sur leurs tables. La corrélation n'a rien de fortuit. Ce système de pouvoir fut précisément créé pour que les Européen·nes puissent consommer du sucre en ayant la conscience tranquille. Et l'industrie alimentaire l'entretient depuis. »
Dans Voracisme, l'auteur mène l'enquête sur les liens consubstantiels entre racisme et alimentation, depuis l'esclavagisme dans les cultures de cannes à sucre au 17e siècle jusqu'aux cuisines de nos restaurants, en passant par l'histoire du marketing alimentaire.
Nicolas Kayser-Bril est un journaliste français et allemand. Lauréat de l'European Press Prize en 2015, il a collaboré avec Le Monde, Der Spiegel, The Guardian... Quand il n'écrit pas, il est parfois chef à domicile. Voracisme est son troisième ouvrage publié aux éditions Nouriturfu.
Dans la lignée du livre Afrofem qui entendait «traduire politiquement ses révoltes en révolution» contre le racisme d'État et le féminisme dominant, ce livre est un manifeste qui tente d'esquisser des horizons d'organisation et de libération pour la condition noire en France.
Le coeur de ce manifeste est le suivant : «Être noir·e et vouloir appartenir à une communauté et à un projet politique révolutionnaire de libération qui s'inscrivent dans une pensée panafricaniste, anticapitaliste et radicalement afroféministe.»
Dans une langue vive, ce manifeste veut éclairer les objectifs et les modalités d'une telle entreprise dans un pays où le mot «race» provoque passions et fantasmes.
Partir de l'expérience spécifique des Noir·es en France, mais aussi des rapports entretenus par la France avec les Noir·es permet de comprendre le défi que représente un tel projet.
Dans un pays obsédé par le spectre du «communautarisme», l'autrice propose de faire de la notion de «communauté» une arme contre le projet néolibéral et individualiste de dépolitisation des luttes de libération noire.
Afroféministe, ce manifeste s'inscrit dans une lecture politique du monde qui voit la nécessité pour tout projet de libération d'en finir avec les structures d'exploitation économique, sociale et politique que sont le racisme, le patriarcat et le capitalisme.
Mika Alison s'appuie sur son parcours de transition personnel - mené alors qu'elle était déjà enseignante - et sur sa pratique professionnelle quotidienne pour nous livrer quelques éléments d'analyse sur la lutte contre les discriminations dans le milieu scolaire.
Si l'école entretient encore parfois un rapport ambigu avec les transidentités et plus largement avec les questions LGBT+, des avancées certaines doivent être soulignées. Bien entendu, il reste du chemin à parcourir - et l'autrice s'y emploie, que ce soit en tant que professeure, qu'experte associée sur les questions LGBT+ au sein de son académie ou par le biais de son engagement associatif.
Ce témoignage rare, courageux et même émouvant, offre l'occasion de découvrir quel regard porte notre système scolaire - et, plus largement, notre société - sur les personnes transgenres, à travers le vécu et les analyses d'une « transeignante ».
Tant de luttes ont été menées pour que les lesbiennes sortent de l'ombre. Pourtant, les adolescentes qui prennent conscience aujourd'hui de leur homosexualité refont le même chemin tortueux, de l'invisibilité à l'affirmation. Et le récit de ces expériences demeure rare, étouffé, voire phagocyté par le tapage continu du discours hétérosexiste.
Ce livre rassemble et analyse les témoignages sans fard d'une vingtaine de jeunes femmes qui ont accepté de dévoiler pour nous ces parcours intimes. Quand prend-on conscience de son orientation sexuelle? Que faire des désirs homosexuels naissants? Comment agissent les représentations culturelles de l'hétérosexualité? Et qu'est-ce qui fait que l'on s'identifie, au final, comme lesbienne?
Toutes se souviennent de l'homophobie latente à l'école, des relations hétérosexuelles malheureuses, du sentiment d'être normales ou déviantes, des réactions de leur famille, de leur propre déni. Et du silence aussi, qu'elles ont brisé pour cet essai, qui veut aider d'autres jeunes femmes à surmonter la détresse et les blessures.
L'utopie peut se penser à l'aune du désordre : telle est l'hypothèse de cet ouvrage, bâti sur une interrogation croisée des théories de l'utopie classiques et contemporaines et des mouvements de lutte sociale qui redéfinissent, depuis le XIXe siècle et jusqu'à nos jours, le sens de l'utopie. Les pensées révolutionnaires, anarchistes, féministes, queer, post- ou décoloniales, les philosophies cyniques, surréalistes, les imaginaires de la fête, mais aussi de la terreur, de l'effondrement, de l'apocalypse ou de la prophétie interrogent l'idée d'une utopie où aucun principe d'ordre n'est préétabli.
Il faut pouvoir rendre compte de la dimension utopiste de ces pensées révolutionnaires qui, après la rupture et l'éclatement, ne visent pas le retour à l'ordre ; il faut pouvoir penser ces lieux depuis lesquels on rêve à l'épanouissement du pluriel, de l'instable, du complexe, ces présents et futurs où la poétique de l'harmonie laisse place aux esthétiques du désordre.