Pourquoi le 18 juin 1901 Picasso est-il « signalé comme anarchiste » à la Préfecture de police, quinze jours avant sa première exposition parisienne ? Pourquoi le 1er décembre 1914 près de sept cents peintures, dessins et autres oeuvres de sa période cubiste sont-ils séquestrés par le gouvernement français pour une période qui dure près de dix ans ? D'où vient l'absence presque totale de ses tableaux dans les collections publiques du pays jusqu'en 1947 ? Comment expliquer, enfin, que Picasso ne soit jamais devenu citoyen français ? Si l'oeuvre de l'artiste a suscité expositions, ouvrages et commentaires en progression exponentielle à la hauteur de son immense talent, la situation de Picasso « étranger » en France a paradoxalement été négligée. C'est cet angle inédit qui constitue l'objet de ce livre.
Pour l'éclairer, il faut exhumer des strates de documents ensevelis, retrouver des fonds d'archives inexploités, en rouvrir, un à un, tous les cartons, déplier chacune des enveloppes, déchiffrer les différentes écritures manuscrites. Alors tout s'organise autrement et le statut de l'artiste se révèle beaucoup plus complexe qu'on ne l'imaginait.
Un étranger nommé Picasso nous entraîne dans une enquête stupéfiante sur les pas de l'artiste surdoué, naviguant en grand stratège dans une France travaillée par ses propres tensions. On le voit imposer au monde son oeuvre magistrale, construire ses propres réseaux et devenir un puissant vecteur de modernisation du pays. Un modèle à contempler et peut-être à suivre.
Le volume que Zweig consacre à Tolstoï est l'un des plus personnels et emblématiques de la collection.La présentation de Stefan Zweig s'ouvre sur un Tourgueniev moribond qui, du fond de sa couche, rédige quelques mots à l'attention de Tolstoï pour le supplier de reprendre la plume (« Revenez à la littérature ! C'est votre don véritable. Grand écrivain de la terre russe, entendez ma prière ! »). Avec cette scène inaugurale, Zweig amène aussitôt le lecteur au moment clé de la biographie de Tolstoï : vers sa cinquantième année, l'écrivain russe est victime d'un ébranlement intérieur qui va le pousser à rechercher sans fin, chez les philosophes d'abord puis dans la religion, le sens caché de la vie. Zweig ne cache pas son admiration pour celui qui s'est alors donné pour mission de se sauver lui-même, et toute l'humanité avec.
« Tout homme d'état, tout sociologue découvrira dans sa critique approfondie de notre époque des vues prophétiques, tout artiste se sentira enflammé par l'exemple de ce poète puissant qui se tortura l'âme parce qu'il voulait penser pour tous et combattre par la force de sa parole l'injustice de la terre. »
Né le 28 novembre 1881 à Vienne, Stefan Zweig, écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien, s'est suicidé le 22 février 1942 à Petrópolis, au Brésil. Ami de Freud, Schnitzler, Romain Rolland ou encore Richard Strauss, Zweig faisait partie de l'intelligentsia juive viennoise, avant de quitter son pays en 1934 en raison de la montée du nazisme. Réfugié à Londres, il poursuit une oeuvre de biographe et surtout d'auteur de romans et de nouvelles.
Dans la vie d'un lecteur, certains auteurs occupent une place à part : lectures inaugurales, compagnons de tous les jours, sources auxquelles on revient. La collection « Les auteurs de ma vie » invite de grands écrivains d'aujourd'hui à partager leur admiration pour un classique, dont la lecture a particulièrement compté pour eux.
Après ses vies de Magellan, de Marie Stuart ou de Fouché, faut-il rappeler le génie de biographe de Stefan Zweig ? Marie-Antoinette (1933) rétablit la courbe et la vérité d'un destin obscurci par la passion ou la honte posthumes. L'auteur a fait le ménage dans la documentation, puisant dans la correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère, Marie-Thérèse d'Autriche, et dans les papiers de Fersen, grand amour de la reine.
Qui était Marie-Antoinette faite, l'année de ses quinze ans et par raison d'Etat, reine de France ? Une débauchée futile ? Une icône pour la Restauration ? Nous la suivons de la chambre de son époux, qu'elle appelait son « nonchalant mari », le falot Louis XVI, jusqu'au lit de la guillotine. Quel voyage ! Quelle histoire ! Le monde enchanté et dispendieux de Trianon, la maternité, le début de l'impopularité, l'affaire du collier, la Révolution qui la prit pour cible, la fuite à Varennes, la Conciergerie, l'échafaud...
Zweig s'est penché sur Marie-Antoinette en psychologue. Il ne la divinise pas : elle « n'était ni la grande sainte du royalisme ni la grande « grue » de la Révolution, mais un être moyen, une femme en somme ordinaire ». Il analyse la chimie d'une âme bouleversé par les événements, qui, sous le poids du malheur et de l'Histoire, se révèle à elle-même et se rachète, passant de l'ombre de la jouissance à la lumière de la souffrance. « A la toute dernière heure, Marie-Antoinette, nature moyenne, atteint au tragique et devient égale à son destin ».
Davantage qu'un livre d'histoire : un roman vrai.
Aristocrate bohème, figure de la haute société des années soixante, Jacqueline de Ribes est devenue une icône du style et un symbole de l'élégance française. Amie d'Yves Saint Laurent et de Luchino Visconti, elle a été l'un des ' Cygnes ' de Truman Capote et de Richard Avedon. Cette reconnaissance mondiale est illustrée, en 2015, par une magistrale exposition au Metropolitan Museum de New York. Son visage a été projeté en pleine lumière sur l'Empire State Building. Quelle femme et quels secrets se cachent derrière la légende de papier glacé ? Ce destin, qui voit s'achever l'ancien monde et apparaître de nouveaux codes, des innovations stupéfiantes, j'ai tenté d'en déchiffrer l'énigme.
D. B.
«Pour Vladimir Poutine, le contrôle de la mémoire historique, de l'interprétation du passé, est un enjeu essentiel.»
Le 24 février 2022, l'opinion mondiale découvre avec stupeur le discours de Vladimir Poutine justifiant l'invasion de l'Ukraine, au prétexte de faire cesser un «génocide» exercé par un régime qu'il convient de «dénazifer». Cette extraordinaire falsification de l'histoire s'inscrit dans le droit fil du grand récit national construit au cours des vingt dernières années par Vladimir Poutine et dont l'ONG Mémorial fit les frais en 2021. Ce récit, exaltant la grandeur d'une «Russie éternelle» face à un Occident agressif et décadent, n'admet aucune contestation pour servir les intérêts géopolitiques d'un régime dictatorial et répondre aux attentes d'une société désorientée suite à l'effondrement du système soviétique.
Ce Tract éclaire les origines de cette distorsion des faits historiques et la façon dont elle est mise en oeuvre pour légitimer la première guerre du XXIe siècle sur le continent européen.
2 octobre 1925, sur la scène du théâtre des Champs-Élysées, le public, venu en nombre, découvre Joséphine Baker dans La Revue nègre. Elle a 19 ans, c'est un triomphe. Elle danse le charleston, vêtue de sa seule peau brune, portant sa nudité comme une panthère noire sa fourrure. En 1931, elle chante J'ai deux amours. Une star internationale est née.
Gérard Bonal, dans une approche personnelle et presque sentimentale, liée à ses souvenirs d'enfance, livre un portrait par touches de la « Vénus noire ». Il nous entraîne sur ses traces, de l'enfance pauvre à Saint-Louis, Missouri, jusqu'à la lutte pour les droits civiques aux côtés de Martin Luther King. On embarque avec elle en 1925 sur le paquebot qui l'emmène vers l'Europe, dans un voyage qu'elle espère sans retour, pour fuir la misère et la ségrégation. On l'escorte dans le Paris nocturne des Années folles, celui des théâtres de music-hall - le Casino de Paris, les Folies Bergère -, des night-clubs de Pigalle, au bras de ses amants, Georges Simenon ou Giuseppe Abatino, dit Pepito, son impresario et mentor pendant dix ans. Dès 1941, l'icône des Années folles rejoint les services secrets de la France libre. Militant inlassablement pour la fraternité universelle, elle adoptera après la guerre douze enfants venus du monde entier, sa fameuse « tribu arc-en-ciel », qu'elle installera dans le château des Milandes, en Dordogne.
À sa mort, le 12 avril 1975, une vague d'émotion submerge le pays, des funérailles nationales sont décrétées. Aujourd'hui, la petite danseuse de Saint-Louis qui a conquis Paris en une soirée sera la première femme noire à reposer au Panthéon.
Les nombreuses femmes qui ont eu l'audace d'entreprendre de longs voyages ont pour la plupart disparu dans les brumes de l'histoire. Aujourd'hui, leurs récits sont redécouverts.
Grâce à la marche, ces femmes ont trouvé leur indépendance et se sont parfois même autorisé un changement de vie radical. Nan Shepherd, poétesse écossaise ; la peintre galloise Gwen John ; Clara Vyvyan, voyageuse et randonneuse ; l'écrivaine et philosophe Simone de Beauvoir ou Georgia O'Keeffe, célèbre peintre américaine, en témoignent.
Artistes, philosophes, écrivaines, ces femmes ne marchaient pas pour jouir de toute la liberté dont peut jouir un homme, ni pour faire de l'exercice.
Elles marchaient afin de penser par elles-mêmes, de mettre de l'ordre dans leurs émotions, d'affirmer leur indépendance. Elles marchaient pour exister.
Alexandra Kollontaï, quelle femme ! Et quel destin !
Aristocrate russe, elle rejette très tôt son milieu, son pays et choisit la révolution et le monde. Révolution de 1905, exil, prison, agitation clandestine, et, en 1917, elle est avec Lénine dans la révolution. Elle fait partie de son premier gouvernement, ministre - commissaire du peuple - alors qu'en Europe les femmes n'accéderont, et rarement, à la fonction de ministre qu'après la Seconde Guerre mondiale. Puis, cinq ans plus tard, première femme ambassadeur que l'histoire ait connue.
Mais Alexandra Kollontaï, qui parle plusieurs langues, remarquable oratrice, sera aussi un tribun célèbre, s'adressant avec facilité aux ouvriers américains, aux socialistes allemands, aux marins révoltés de Kronstadt ou aux femmes musulmanes de l'Asie centrale, partout électrisant les auditoires fascinés.
Kollontaï est aussi une féministe passionnée, théoricienne de l'amour libre, combattant pour l'émancipation et les droits des femmes. Et encore une amoureuse dont les amours tumultueuses choquent Lénine, ce qui ne l'empêche pas d'être une mère attentive à son fils.
Autre Kollontaï, l'écrivain dont les écrits politiques, les romans, le journal tenu tout au long d'une vie constituent une oeuvre remarquable dont la qualité littéraire est unanimement reconnue.
Cette existence multiforme, si dense n'a pas empêché Alexandra Kollontaï de s'imposer à l'attention de ses contemporains par sa beauté inaltérable et une élégance constante, saluée toujours par la presse qui la présenta comme un modèle, préfigurant ainsi les « icones » médiatiques du XXe siècle.
Enfin, et ce n'est pas le moindre de ses exploits, Alexandra Kollontaï sortit victorieuse de la folie destructrice de Staline. Alors que Staline déshonora et extermina toute la vieille garde bolchevique, Kollontaï échappa au sort tragique de tous ses camarades de combat et vécut, indemne et active, à quelques mois près, aussi longtemps que Staline.
Pour retracer ce destin incroyable et comprendre cette personnalité hors du commun et le demi-siècle qu'elle aura marqué, l'auteur a rassemblé une documentation considérable - archives, écrits de Kollontaï, mémoires de bolcheviks présents à l'époque - et des études historiques qui y sont consacrées.
Historienne de la Russie, auteur de L'Empire éclaté, Hélène Carrère d'Encausse, membre depuis 1991 de l'Académie française dont elle est Secrétaire perpétuel depuis 1999, a notamment publié aux Editions Fayard Le Malheur russe, Nicolas II, Lénine, Les Romanov, Six années qui ont changé le monde, 1985-1991, Le Général de Gaulle et la Russie, La Russie et la France.
50 ans auprès du couple royal - Confidences exclusivesAmi intime et biographe du couple royal, l'écrivain Gyles Brandreth a recueilli ses confidences durant plus de cinquante ans. À partir des notes de ses conversations privées avec Elizabeth, il livre un ouvrage très personnel et inédit sur le plus ancien monarque de l'Histoire. De son enfance dans les années 1920 à l'ère de Harry et Meghan, de ses années de guerre au château de Windsor à sa mort à Balmoral, ce livre est à la fois le récit d'un siècle tumultueux de l'histoire royale et le portrait d'une femme remarquable. Avec un humour rafraîchissant so british, une honnêteté et une justesse sans faille, Elizabeth s'impose comme LA biographie incontournable d'une souveraine qui, sa vie durant, a été l'emblème de la force et de la résilience dans le monde entier.
Antonio Gramsci (1891-1937) reste l'un des penseurs majeurs du marxisme, et l'un des plus convoqués.
L'OEuvre-vie aborde les différentes phases de son action et de sa pensée - des années de formation à Turin jusqu'à sa mort à Rome, en passant par ses activités de militant communiste et ses années d'incarcération - en restituant leurs liens avec les grands événements de son temps : la révolution russe, les prises de position de l'Internationale communiste, la montée au pouvoir du fascisme en Italie, la situation européenne et mondiale de l'entre-deux-guerres. Grâce aux apports de la recherche italienne la plus actuelle, cette démarche historique s'ancre dans une lecture précise des textes - pour partie inédits en France -, qui permet de saisir le sens profond de ses écrits et toute l'originalité de son approche.
Analysant en détail la correspondance, les articles militants, puis les
Cahiers de prison du révolutionnaire, cette biographie intellectuelle rend ainsi compte du processus d'élaboration de sa réflexion politique et philosophique, en soulignant les
leitmotive et en restituant " le rythme de la pensée en développement ".
Au fil de l'écriture des
Cahiers, Gramsci comprend que la " philosophie de la praxis " a besoin d'outils conceptuels nouveaux, et les invente : " hégémonie ", " guerre de position ", " révolution passive ", " subalternes ", etc. Autant de concepts qui demeurent utiles pour penser notre propre " monde grand et terrible ".
Marie-Claude Vaillant-Couturier, dite Maïco, est la fille gâtée de Lucien Vogel, éditeur d'avant-garde, et Cosette de Brunhoff, soeur du créateur de Babar. Adolescente à l'aube des années 30, Maïco danse aux bals russes, pose pour Vogue, croise Aragon, Picasso, Gide, Malraux, bien d'autres Apprentie peintre à Berlin en pleine montée du nazisme, elle en revient métamorphosée et se tourne vers la photo. Elle fréquente alors les jeunes Capa, Cartier-Bresson, Gerda Taro, qui, comme elle, voient en l'URSS le seul rempart contre le nazisme. En 1933, son reportage clandestin au camp de Dachau est un scoop mondial.
Elle rencontre alors Paul-Vaillant Couturier, rédacteur en chef de L'Humanité, leader communiste et prophète vénéré des « lendemains qui chantent ». Coup de foudre absolu. L'amour et la politique ne feront désormais qu'un. A la mort de Paul, en 1937, la jeune veuve de 25 ans incarne les espoirs du héros du Front Populaire. Résistante de la première heure, déportée à Auschwitz puis à Ravensbrück, son courage est inébranlable. Libérée par l'Armée Rouge, elle choisit de rester auprès des mourants et afin que « le monde sache l'horreur concentrationnaire ».
Seule femme à témoigner au procès de Nuremberg, Maïco avance sans faillir vers Gring et les accusés nazis, devant une assistance saisie par un « effroi sacré », selon Joseph Kessel. Les images de sa déposition implacable font le tour du monde. « Regardez-moi, car à travers mes yeux, ce sont des centaines de milliers de morts qui vous regardent, par ma voix ce sont des centaines de milliers de voix qui vous accusent ». Devenue député, elle fera voter à l'Assemblée Nationale l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité, sans jamais renier son dévouement à l'URSS et sa foi communiste.
Cette journée fut la seule dont la maîtrise aura échappé au Grand Roi, lui qui se voulait l'ordonnateur tout-puissant de son royaume. Interroger la portée de la mort de Louis XIV conduit à reconsidérer ce très long règne à l'aune du projet politique que ce prince avait lui-même conçu.
Qu'est-ce qui fait la singulière grandeur du siècle de Louis XIV ? La gloire, le roi de guerre, l'"État machine", la fabrique d'une culture royale : ce souverain a élevé le prestige de la monarchie française au sommet de son rayonnement ; il a achevé d'installer l'appareil administratif de l'Ancien Régime en l'inscrivant dans le patrimoine génétique de nos institutions ; il a érigé les ' mystères de l'État ' en méthode de gouvernement et fait pénétrer l'éclat de sa figure sacrée jusque dans la plus humble chaumière.
Ce livre donne à comprendre ce qui s'éteint avec le Roi-Soleil et ce qui va perdurer de son oeuvre.
« Gustave Caillebotte (1848-1894) était un peintre. Mais pas seulement.
C'était surtout un passionné. Artiste novateur reconnu par ses pairs, premier collectionneur des impressionnistes, grand navigateur, philatéliste renommé, botaniste innovant, il mena de front plusieurs passions jusqu'à les maîtriser pour exceller.
Plus d'un siècle après, qui peut encore le raconter ?
L'artiste n'eut pas d'enfant mais plusieurs frères, dont Martial qui lui donna deux descendants. Jean fut abattu à bord de son avion de guerre en 1917, laissant seule Geneviève, unique descendante, dont je suis l'arrière-petite-fille. Durant quatorze passionnantes années, cette aïeule me conta, en menus détails, l'histoire du mouvement impressionniste, de son oncle et de ses amis, Renoir, Monet, Degas ou Pissarro. Elle possédait nombre de lettres, photographies, objets qui suscitaient mon émerveillement. »
Nourrie de ces précieuses archives familiales, Stéphanie Chardeau-Botteri renoue les fils d'une vie au service de l'amitié et de l'art.
Stéphanie Chardeau-Botteri est experte en oeuvres du xixe siècle et membre de la Chambre nationale des experts spécialisés. Elle a participé à l'organisation de nombreuses expositions consacrées à son aïeul.
L'histoire de la famille qui a forgé l'Amérique.Plus encore que les Kennedy, le clan Roosevelt est LA dynastie politique américaine par excellence. Sa longévité s'étend sur trois siècles, elle recense plusieurs héros patriotes lors de l'épopée de la fondation des États-Unis, et elle compte dans ses rangs de grands businessmen et philanthropes typiques de l'aristocratie new-yorkaise du XXe siècle naissant. Surtout, cette famille d'origine hollandaise - bien vite scindée entre deux branches distinctes, celle de Hyde Park et celle d'Oyster Bay - donne deux grands présidents. Theodore (au pouvoir entre 1901 et 1909) puis Franklin (à la tête du pays de 1933 à 1945) guident une Amérique agitée par deux guerres mondiales et la Grande Dépression. Le premier, républicain, est l'un des quatre présidents à avoir son visage gravé dans le rocher du mont Rushmore, tandis que le second, démocrate et élu à quatre reprises à la Maison Blanche, initie entre autres le fameux
New Deal et rompt avec l'isolationnisme caractéristique des États-Unis.
Mais le parcours de cette famille est loin d'être une simple histoire d'hommes : Eleanor Roosevelt, femme de Franklin mais aussi grande diplomate et militante, est aujourd'hui encore le modèle parfait de la
First Lady ; tandis qu'Alice Roosevelt, fille de Theodore, rebelle et féministe avant l'heure, fut en son temps une superstar mondiale.
Cet ouvrage, digne des meilleures sagas historiques, est le récit d'un pays, d'une famille, mais aussi de nombreux destins, certes liés mais tous uniques.
Le 21 juin 1943, Jean Moulin est arrêté. Il vient d'être dénoncé. Face à lui, Klaus Barbie, le chef de la Gestapo de Lyon. Tous deux savent que la partie est finie.
" Affreusement torturé par un ennemi sans honneur ", dit le général de Gaulle, le héros français va mourir lors de son transfert en Allemagne. Son corps est incinéré et ses cendres sont classées
" inconnues " au cimetière du Père-Lachaise.
C'était il y a quatre-vingts ans.
On pense tout connaître, tout savoir de celui qui a donné sa vie pour la France. Pourtant, nul n'évoque plus sa mémoire. En entrant au Panthéon, en 1964, et surtout dans les livres d'histoire, l'homme a été réduit à l'image figée d'un héros.
Il est temps de raconter la vie de Jean Moulin, d'écrire son épopée alors que ses derniers compagnons sont aujourd'hui disparus , de sonder ses faiblesses, de restituer son humanité. De lui rendre hommage.
Fabrice Grenard, le grand spécialiste de la Résistance, a relevé ce défi. Avec cet ouvrage, il nous plonge au coeur des années sombres et réveille notre fierté patriotique.
L'entrée dans la prestigieuse " Bibliothèque des Illustres " du flamboyant prince d'Orléans.Philippe d'Orléans (1674-1723), duc de Chartres puis duc d'Orléans, a dirigé la France pendant près de sept ans et demi, de 1715 à 1723. Après la mort de Louis XIV, durant l'enfance de Louis XV, son gouvernement est désigné comme la " Régence ", sans autre qualificatif, et Philippe lui-même est le " Régent " par excellence. Fils de Monsieur et de Madame Palatine, neveu du Roi-Soleil, arrière-grand-père du régicide Philippe Égalité, aïeul de Louis-Philippe, le dernier roi des Français, le Régent est une figure mythique de l'histoire de France. Il n'en demeure pas moins un personnage énigmatique, tout à la fois libéral et libertin, réformateur et autoritaire. Prince des Lumières, mais dévoré par sa part d'ombre, il s'inscrit dans la lignée des " despotes éclairés ", avec toute l'ambiguïté que comportent ces termes contradictoires.
Celle que l'on surnomma en son temps la Vierge Rouge reste un objet de fascination : qu'il s'agisse de condamner son tempérament exalté lors de la Commune de Paris ou d'admirer son héroïsme, de considérer son jugement politique et son activisme social ou d'apprécier l'institutrice anticonformiste, l'image a gardé tout son éclat.
Le mystère "Louise Michel" a fait couler beaucoup d'encre. Les biographies romancées et les prétendues autobiographies foisonnent. Pour les écrire, chacun pioche dans les textes de la révolutionnaire, se sert, gomme ou remanie... Comme si, pour faire connaître la « vie » de Louise Michel, on commençait par oublier qu'elle en a été elle-même l'autrice. Comme s'il fallait commencer par la faire taire - au fond, comme si elle dérangeait toujours.
Dans ses Mémoires de 1886, on découvre une Louise Michel tour à tour adolescente facétieuse, institutrice féministe, révolutionnaire patentée, déportée en Nouvelle-Calédonie, combattante anarchiste, passionnée d'art et de science, enthousiaste de la nature... On découvre aussi la Louise Michel qui pense, qui parle et qui écrit, la plume acérée, la sensibilité à vif, la conscience intrépide.
« De quelle résistance, de quelle guerre parlerais-je sinon de celles que j'ai vécues ? » écrit Colette en 1945. À cette date, Brasillach, Guitry et Céline s'étonnent bruyamment que la grande écrivaine française soit épargnée par l'opprobre qui les frappe et les sanctions pénales qui les menacent. N'ont-ils pas tous écrit dans des journaux de la Collaboration ?
« Confinée et occupée à la fois », pourrait répondre la romancière qui, à l'instar de la majorité des Français, chercha à survivre sans se commettre avec l'occupant ou ses complices, gérant dans l'angoisse deux écueils majeurs : son immense notoriété qui l'exposait et la menace de la déportation pour son dernier amour, qui était juif.
Alors que Colette est plus que jamais au coeur de notre littérature, cette période de la guerre restait dans sa vie empreinte d'un halo de mystère et de beaucoup de rumeurs. Bénédicte Vergez-Chaignon, passionnée par son oeuvre, s'est emparée du sujet. Et son enquête nourrie d'archives en grande partie inédites nous entraîne dans le quotidien de la célébrité, dans les pas d'une Colette bien plus sensible à l'actualité qu'elle n'a jamais voulu l'avouer, bien plus fine politique qu'elle ne consentait à le reconnaître...
" Un témoignage bouleversant venu du froid et de l'horreur. "Annie Coppermann - Les Échos
Septembre 1939. Alors que Varsovie est écrasée sous les bombes allemandes, les accords du Nocturne en ut dièse mineur de Chopin s'élèvent à la radio nationale. L'interprète s'appelle Wladyslaw Szpilman. Il est juif. Pour lui, c'est une longue nuit qui commence... Une longue nuit dont l'issue aurait pu être la mort, sans un officier allemand, Wilm Hosenfeld - le plus improbable des sauveteurs. Hanté par l'atrocité des crimes nazis, il va protéger et sauver le pianiste.Mort en 2000 à Varsovie, Wladyslaw Szpilman a eu une carrière internationale de compositeur et de pianiste. Il aura fallu plus de cinquante ans pour que l'on redécouvre enfin ce texte, sobre et émouvant. Suivi d'extraits du journal de Wilm Hosenfeld Présentation d'Andrzej Szpilman Postface de Wolf Biermann
Grand Prix des lectrices de "ELLE" 2002
S'il n'eut sans doute que fort peu à voir avec le héros de Dumas, le véritable d'Artagnan se révèle, à la lecture des archives, un fascinant personnage. Charles de Batz Castelmore connut, grâce à sa seule valeur, une ascension sociale exceptionnelle au coeur du Grand Siècle. Autant qu'un habitué des camps et des sièges, le commandant de la compagnie des mousquetaires du roi est un personnage clef du système de pouvoir louis-quatorzien. Proche de Lionne, Le Tellier, Louvois, fréquentant Mme de Sévigné, d'Artagnan s'impose comme l'agent de confiance de Mazarin. Il est l'homme des missions délicates (l'arrestation de Fouquet, l'emprisonnement de Lauzun). Une mort glorieuse au siège de Maëstricht, en juin 1673, viendra clore la carrière de ce petit gentilhomme devenu grand seigneur... Cette biographie de Jean-Christian Petitfils, spécialiste du Grand Siècle et de l'Ancien Régime, est le fruit de multiples recherches d'archives ; comportant un grand nombre de documents inédits, elle a été couronnée par l'Académie française.
Vénérée pour la virtuosité de son jeu, son incroyable vaillance et ses audaces, ou dénigrée pour sa personnalité incandescente, son anticonformisme et ses outrances médiatiques, jamais star n'a autant déchaîné les passions que Sarah Bernhardt (1844-1923), dont le seul nom reste une légende.
Celle qui fut la muse des plus grands écrivains et des plus célèbres portraitistes de son temps, avant d'inspirer romanciers, dramaturges et cinéastes, ne fut pas seulement une actrice
géniale. La mythique « Voix d'or », comme la surnommait Victor Hugo, cumulait tous les talents, également auteure, peintre et sculptrice de renom. Révulsée par la misère, l'injustice et l'intolérance, elle se fit aussi connaître pour ses engagements courageux : elle ne cessa de lutter contre la peine de mort, s'engagea aux côtés de Zola pendant l'affaire Dreyfus et combattit avec Louise Michel pour les droits, civils et politiques, des femmes.
On croyait tout connaître de « la Divine », mais l'ouverture de sources longtemps inaccessibles, archives et correspondances inédites, a permis de découvrir des aspects insoupçonnés de
cette personnalité brûlante.
C'est la vie de cette Sarah Bernhardt, étonnamment moderne, que ressuscite Hélène Tierchant avec une vraie tendresse et une plume vivante et délicate.
« Je m'armai pour la lutte, aimant mieux mourir en plein combat que m'éteindre
dans les regrets d'une vie manquée. »
Sarah Bernhardt
" Ce témoignage rare fait la chronique saisissante d'une invasion aussi mal préparée que menée." Le JDD
« Mon Dieu, si je survis, je ferai tout pour changer ça. » C'est sous le feu nourri de l'artillerie ukrainienne que Pavel Filatiev s'est fait cette promesse. Membre du 56e régiment d'assaut aéroporté russe, il participe dès le 24 février 2022 à la guerre déclenchée par le Kremlin. Blessé à l'oeil, il est évacué et demande à démissionner pour raisons de santé. Démission refusée. Il décide alors de fuir la Russie. Mais pas avant d'avoir témoigné, en publiant un long manifeste sur le réseau social VKontakte : ZOV, « l'appel », en référence aux trois lettres peintes sur les blindés qui ont envahi l'Ukraine. Réfugié en France, Pavel Filatiev se bat aujourd'hui avec courage pour faire connaître la vérité. L'impréparation des troupes russes, le désespoir des combattants transformés en chair à canon, la gabegie, les primes jamais versées, les morts : derrière la propagande, la réalité est accablante, et son récit, implacable, en témoigne.
L'intégralité des droits d'auteurs seront reversés à des ONG venant en aide aux victimes de la guerre en Ukraine.
Le " Lion rouge " de l'Empire.Qui ne connaît pas le maréchal Ney ? Il figure avec Murat, Lannes ou encore Davout, parmi les maréchaux d'Empire les plus connus et les plus populaires. De fait, rien ne lui a manqué pour lui assurer une place prédominante dans l'épopée napoléonienne, ni la bravoure, ni les victoires, ni les malheurs... Sa popularité, le maréchal la gagna d'abord lors des guerres de la Révolution en s'illustrant au sein de l'armée de Sambre-et-Meuse. Avant que sa bravoure à Friedland, à la Moskova - dans une carrière héroïque comptant près de 300 combats et de 50 batailles rangées - n'emporte l'adhésion de ses contemporains. Pourtant, l'homme n'est pas d'un bloc et a eu de nombreux détracteurs ; sa susceptibilité envers ses condisciples ternit son image, également écornée par son inconstance politique notamment manifeste lors de la campagne de France puis durant les Cent-Jours. Sa mort, face à un peloton d'exécution, le 7 décembre 1815, fit cependant de lui un martyr.
Cette belle biographie met en scène ce personnage de légende en s'appuyant sur de nombreuses archives, qu'elles soient privées ou publiques, sans oublier les Mémoires de contemporains. Lesquels se sont souvent interrogés sur cet homme qui mêla étroitement, au point de les confondre, tant la franchise et la susceptibilité que le courage et l'inconstance.
Sous ce titre sont regroupés des textes très divers : articles scientifiques sur les crises et les affrontements qui ont ébranlé le judaïsme, du IIe siècle avant notre ère aux négateurs du grand massacre du XXe siècle. Sont également repris des préfaces à des ouvrages de passion et de raison, des reportages en Israël, des prises de position dans la presse quotidienne ou hebdomadaire. Il se trouve que Pierre Vidal-Naquet, qui avait choisi le monde antique gréco-romain comme objet d'études historiques, était aussi un Juif. En tant que tel, il s'efforçait de penser dans l'histoire, la mémoire, le présent, le destin des siens : journaliste ou historien de métier, c'est un même homme qui a écrit tous ces textes au nom d'un même engagement existentiel.