Aristocrate bohème, figure de la haute société des années soixante, Jacqueline de Ribes est devenue une icône du style et un symbole de l'élégance française. Amie d'Yves Saint Laurent et de Luchino Visconti, elle a été l'un des ' Cygnes ' de Truman Capote et de Richard Avedon. Cette reconnaissance mondiale est illustrée, en 2015, par une magistrale exposition au Metropolitan Museum de New York. Son visage a été projeté en pleine lumière sur l'Empire State Building. Quelle femme et quels secrets se cachent derrière la légende de papier glacé ? Ce destin, qui voit s'achever l'ancien monde et apparaître de nouveaux codes, des innovations stupéfiantes, j'ai tenté d'en déchiffrer l'énigme.
D. B.
«Pour Vladimir Poutine, le contrôle de la mémoire historique, de l'interprétation du passé, est un enjeu essentiel.»
Le 24 février 2022, l'opinion mondiale découvre avec stupeur le discours de Vladimir Poutine justifiant l'invasion de l'Ukraine, au prétexte de faire cesser un «génocide» exercé par un régime qu'il convient de «dénazifer». Cette extraordinaire falsification de l'histoire s'inscrit dans le droit fil du grand récit national construit au cours des vingt dernières années par Vladimir Poutine et dont l'ONG Mémorial fit les frais en 2021. Ce récit, exaltant la grandeur d'une «Russie éternelle» face à un Occident agressif et décadent, n'admet aucune contestation pour servir les intérêts géopolitiques d'un régime dictatorial et répondre aux attentes d'une société désorientée suite à l'effondrement du système soviétique.
Ce Tract éclaire les origines de cette distorsion des faits historiques et la façon dont elle est mise en oeuvre pour légitimer la première guerre du XXIe siècle sur le continent européen.
Celle que l'on surnomma en son temps la Vierge Rouge reste un objet de fascination : qu'il s'agisse de condamner son tempérament exalté lors de la Commune de Paris ou d'admirer son héroïsme, de considérer son jugement politique et son activisme social ou d'apprécier l'institutrice anticonformiste, l'image a gardé tout son éclat.
Le mystère "Louise Michel" a fait couler beaucoup d'encre. Les biographies romancées et les prétendues autobiographies foisonnent. Pour les écrire, chacun pioche dans les textes de la révolutionnaire, se sert, gomme ou remanie... Comme si, pour faire connaître la « vie » de Louise Michel, on commençait par oublier qu'elle en a été elle-même l'autrice. Comme s'il fallait commencer par la faire taire - au fond, comme si elle dérangeait toujours.
Dans ses Mémoires de 1886, on découvre une Louise Michel tour à tour adolescente facétieuse, institutrice féministe, révolutionnaire patentée, déportée en Nouvelle-Calédonie, combattante anarchiste, passionnée d'art et de science, enthousiaste de la nature... On découvre aussi la Louise Michel qui pense, qui parle et qui écrit, la plume acérée, la sensibilité à vif, la conscience intrépide.
Cette journée fut la seule dont la maîtrise aura échappé au Grand Roi, lui qui se voulait l'ordonnateur tout-puissant de son royaume. Interroger la portée de la mort de Louis XIV conduit à reconsidérer ce très long règne à l'aune du projet politique que ce prince avait lui-même conçu.
Qu'est-ce qui fait la singulière grandeur du siècle de Louis XIV ? La gloire, le roi de guerre, l'"État machine", la fabrique d'une culture royale : ce souverain a élevé le prestige de la monarchie française au sommet de son rayonnement ; il a achevé d'installer l'appareil administratif de l'Ancien Régime en l'inscrivant dans le patrimoine génétique de nos institutions ; il a érigé les ' mystères de l'État ' en méthode de gouvernement et fait pénétrer l'éclat de sa figure sacrée jusque dans la plus humble chaumière.
Ce livre donne à comprendre ce qui s'éteint avec le Roi-Soleil et ce qui va perdurer de son oeuvre.
Miles Davis (1926-1991) est un trompettiste qui a marqué l'histoire du jazz et l'histoire de la musique. Son album Kind of Blue est souvent considéré comme le meilleur album de jazz de tous les temps. Le parcours d'un artiste noir respecté dans une Amérique ségrégationniste, malgré le racisme qu'il subit. Le portrait d'un homme parfois décrit comme colérique et égocentrique qui vit pour sa musique.· Une plongée dans les différents courants du jazz (bebop, hardbop, free jazz...). Une fine analyse musicale des albums de Miles. Miles Davis, c'est : le son, la capacité à se réinventer et faire évoluer sa musique, la faculté à créer une alchimie entre ses musiciens et à découvrir de nouveaux talents.
Qui fut Saint Louis ? Peut-on le connaître et, Joinville aidant, entrer dans son intimité ? Peut-on le saisir à travers toutes les couches et les formations de mémoires attachées à construire sa statue et son modèle ? Problème d'autant plus difficile que, la légende rejoignant pour une fois la réalité, l'enfant roi de douze ans semble avoir été dès le départ programmé, si l'on ose dire, pour être ce roi idéal et unique que l'histoire en a fait.
Cette étude approfondie ne se veut - c'est ce qui fait sa puissante originalité - ni la France de Saint Louis ni Saint Louis dans son temps, mais bien la recherche, modeste et ambitieuse, tenace et constamment recommencée, de l'homme, de l'individu, de son moi, dans son mystère et sa complexité. Ce faisant, c'est le pari de fondre dans la même unité savante et passionnée le récit de la vie du roi et l'interrogation qui, pour l'historien, le double, l'habite et l'autorise : comment raconter cette vie, comment parler de Saint Louis, à ce point absorbé par son image qu'affleure la question provocatrice Saint Louis a-t-il existé ?
Elle a fait la France de son vivant et plus encore pendant les siècles qui suivirent son martyre. Son irruption dans la guerre de Cent Ans change le cours de l'Histoire. Guidée par des voix qui lui intiment de bouter les Anglais hors du royaume, Jeanne devient la Pucelle, chef de guerre et héros politique. Elle communique sa hardiesse à ses compagnons d'armes et à Charles VII, qu'elle fait sacrer à Reims.
Mais sa renommée, jusqu'au-delà des frontières, ne se résume pas à sa vaillance. Elle est également édifiée par tous ceux qu'effraie la figure d'une femme prophétesse et guerrière : Jeanne d'Arc terrorise les Anglais et sans doute ses juges. Ils font d'elle une ' putain ribaude ' et une sorcière, la capturent, l'emprisonnent, la soumettent à un procès inique qui la condamne au feu.
C'est la construction d'un personnage maléfique que ce livre donne à lire, en interrogeant les sources à frais nouveaux. Le procès de condamnation, véritable tribunal d'inquisition, fabrique des chefs d'accusation pour déshonorer la Pucelle : son alliance avec le diable, ses échanges avec les démons, le signe mystérieux qu'elle aurait présenté à Charles VII pour le persuader d'asseoir son pouvoir légitime...
Pourtant, son courage et son supplice n'ont pas suffi à lui attirer la reconnaissance du roi. Pour lui, Jeanne d'Arc a en partie échoué dans ses prophéties comme dans la guerre.
Reste le peuple, dont on explore ici les croyances et les peurs ; car c'est le peuple qui restitue finalement à Jeanne d'Arc son honneur, avant que la légende ne s'en empare.
"Je dois tout vous noter! Je vous note! Ils achèteront plus tard mes livres, beaucoup plus tard quand je serai mort, pour étudier ce que furent les premiers séismes de la fin, et la vacherie du tronc des hommes, et les explosions des fonds d'âme... Ils savaient pas, ils sauront !..."
Célèbre à trente-huit ans, dès la publication de son premier livre, Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline (1894-1961) reste aujourd'hui encore un écrivain très controversé. Haï par les uns qui ne voient en lui qu'un antisémite virulent et un nihiliste outrancier, il est adulé par les autres qui ne veulent retenir que le caractère fondamentalement novateur de sa littérature. Yves Buin propose une approche critique, montrant que la lumière peut côtoyer la ténèbre. Médecin des pauvres, anticommuniste, pacifiste, Céline, qui reconnaissait à l'écrivain le droit d'inventer sa propre biographie, ne cesse de tricher, de mentir, mais paie comptant, "met sa peau sur la table", et échafaude une oeuvre qui fait de lui un des plus grands grands prosateurs classiques du XXe siècle.
Sur cette duchesse devenue reine, statufiée en idole de la Bretagne, il existe une littérature pléthorique mais qui repose sur des sources fragiles et plutôt rares. Pour reconstituer son itinéraire si bref et si chahuté, il faut suivre ses pas en retrouvant et en interrogeant ceux qui l'ont accompagnée.
L'existence d'Anne de Bretagne se lit comme un précipité de vie : duchesse à onze ans, reine de France à quinze ans, mère à seize ans, veuve à vingt et un ans, remariée et reine à vingt-deux ans, enceinte à quatorze reprises au moins, mais ne laissant que deux héritières quand elle meurt à trente-sept ans. De son vivant et plus encore depuis sa mort, on s'est emparé d'elle pour soutenir des causes inconciliables, l'indépendance du duché de Bretagne qu'elle a défendue en effet jusqu'au bout ou, au contraire, l'annexion pure et simple de l'Armorique au royaume de France. Anne est au coeur de cet enjeu séculaire. Son règne achève le siècle d'or d'un État breton qui croyait pouvoir jouer dans la cour des grands avant de céder à plus puissant que lui.
Cette biographie dessine le portrait intime d'une de nos premières femmes politiques. Elle en restitue les croyances, l'intelligence de l'histoire, le goût des images enluminées, l'art de la sociabilité décliné au féminin - c'est à elle qu'on doit l'invention de la cour des Dames.
À la faveur de son destin singulier et au fil des pages s'écrit également, en miroir, l'histoire croisée du royaume des lys et du duché de l'hermine.
Le mardi 29 mai 1453, les armées ottomanes de Mehmet II prennent Constantinople, la capitale inaugurée par Constantin plus de mille
ans auparavant, le 11 mai 330.
L'originalité profonde de l'ouvrage de Michel Kaplan est de restituer l'histoire de l'Empire byzantin en fonction des contraintes et des nécessités (politiques, religieuses, physiques, géographiques, culturelles) qui dictèrent cette histoire singulière. Ce faisant, il évalue la présence de l'héritage byzantin dans l'Europe d'aujourd'hui. Notre civilisation doit à Byzance la transmission du legs de la Grèce antique : la totalité des ouvrages conservés depuis l'Iliade jusqu'aux Pères de l'Église nous a été transmise par les manuscrits copiés par les Byzantins. Sur le plan artistique, largement lié à la religion, l'héritage byzantin est presque limité à l'Europe orthodoxe, avec le plan en croix grecque et l'art de l'icône, suite à l'événement le plus important de l'histoire byzantine, le rétablissement du culte des images en 843.
Enfin, l'État byzantin a constitué durant tous ces siècles un État de droit. La justice reposait sur le corpus de Justinien ; le pouvoir impérial reste jusqu'au bout autocratique par principe, mais le droit prime la force.
L'histoire de l'Occident plonge ses racines dans Théodoric l'Ostrogoth, Clovis le Franc et son continuateur Charlemagne, Otton Ier et ses successeurs, autant de souverains qui prenaient leurs exemples à Constantinople.
"C'est à tort que les hommes se lamentent sur la fuite du temps, l'accusant d'être trop rapide, sans s'apercevoir que sa durée est suffisante ; mais la bonne mémoire dont la nature nous a dotés fait que les choses depuis longtemps passées nous semblent présentes."
Visionnaire de génie, séducteur invétéré, esprit mordant, Léonard de Vinci (1452-1519) veut tout connaître du monde. De la physique à la botanique, de la géologie à l'anatomie, en passant par l'astronomie, la musique, les mathématiques, l'architecture, la sculpture, le dessin, la peinture, rien ne doit échapper à son insatiable curiosité. Pourtant, si l'on excepte son goût pour l'organisation de fêtes spectaculaires, nombre de ses travaux restèrent à l'état d'ébauches. Ainsi, à peine une douzaine de tableaux peuvent-ils lui être attribués avec certitude. Et si ce n'étaient les milliers de pages de ses fameux Carnets, l'emploi du temps de l'inépuisable inventeur resterait une énigme que Sophie Chauveau tente ici de percer. En toile de fond : l'Italie de la Renaissance.
"Dites-moi, me demanda Skliansky, qu'est-ce que c'est que Staline ?"
Skliansky connaissait par lui-même suffisamment Staline. Il voulait obtenir de moi une définition de cette personnalité et l'explication de ses succès. Je réfléchis.
"Staline, dis-je, est la plus éminente médiocrité de notre parti."
"C'était un rude voyage et bien périlleux qu'elle entreprenait. Tout le pays était couru par les hommes d'armes des deux partis. Il n'y avait plus ni route, ni pont ; les rivières étaient grosses ; c'était au mois de février 1429. S'en aller ainsi avec cinq ou six hommes d'armes, il y avait de quoi faire trembler une fille."
De l'enfance paysanne aux flammes du bûcher, Jules Michelet retrace le destin de la "Pucelle d'Orléans".
Napoléon n'a pas manqué de biographes. On s'en étonnerait à tort. Les hommes qui ont laissé une empreinte aussi profonde sur leur époque et sur les imaginations sont-ils si nombreux ? L'écho de son extraordinaire aventure a retenti bien au-delà des frontières de la France et même de l'Europe. Depuis, la légende a un peu pâli, le monde a changé. Le mythe s'épuise à mesure que les passions qui l'ont entretenu s'éteignent : celles de la gloire, de l'héroïsme et de la guerre. Toute cette magie est morte avec les hécatombes du XXe siècle. Mais Napoléon n'a pas été seulement un conquérant. Stratège hors pair, il fut aussi le plus doué des élèves de Machiavel dans l'art de gouverner. Plus qu'au guerrier, c'est au Premier consul que vont aujourd'hui les hommages. Ce qui reste, c'est le souvenir d'une volonté éclairée s'appliquant à relever les ruines de la Révolution avec une intelligence, une énergie et une efficacité incomparables - avec brutalité aussi, car on ne saurait ignorer combien cet homme si positif était, pour le meilleur comme pour le pire, étranger à toute idée de bien et de mal.
Ce qui, en lui, parle encore aux imaginations modernes, c'est autre chose : la croyance, qui était la sienne, et que nous voudrions être la nôtre, que notre sort ne résistera pas à notre volonté. Bonaparte est une figure de l'individu moderne : l'homme qui s'est créé à force de volonté, de travail et de talent, qui a fait de sa vie un destin en repoussant toutes les limites connues.
Un quart de siècle seulement sépare son entrée sur la scène de l'Histoire de sa disparition. Histoire si brève et si riche - énigmatique aussi par bien des côtés - qu'elle ne peut être traversée trop vite. L'historien ne peut marcher au pas des armées de l'Empereur. Un Napoléon suivra ce Bonaparte. Celui-ci retrace l'histoire du jeune Napoléon, de la Corse aux Tuileries, des années obscures de l'enfance jusqu'à la proclamation du Consulat à vie en 1802 où, sans encore porter le titre d'empereur, il rétablit à son profit la monarchie héréditaire. S'il est dans la vie de chaque homme, comme dit Jorge Luis Borges, un moment où il sait "à jamais qui il est", ce livre s'attache à le découvrir pour comprendre comment Napoléon est devenu Napoléon.
Grand prix Gobert de l'Académie française 2014
Prix du Mémorial / Grand Prix littéraire d'Ajaccio 2014
Grand prix de la Biographie politique 2013
Grand prix de la Fondation Napoléon 2013
Son nom continue à résonner dans nos mémoires et à orner les murs de nos villes. C'est qu'il a incarné la France aux heures dramatiques de la Grande Guerre. Mais il y a plus. Si Clemenceau figure dans la galerie des "hommes ont fait la France", c'est qu'il s'est trouvé au carrefour de tous les grands événements de son temps : la débâcle de 1870, la Commune, le moment Boulanger, l'affaire Dreyfus, la marche vers la guerre, puis la victoire et ses lendemains désenchantés. Ce médecin de Montmartre devenu journaliste incisif, ce redoutable orateur mué en homme d'État, ce duelliste impénitent, ce séducteur insatiable, cet esprit universel qui aura tant vécu réussit à se trouver toujours au coeur de la vie nationale. Un Tigre aux mille vies.
Ce livre le suit dans sa longue quête du pouvoir et d'un idéal républicain. Il en restitue les tribulations et les métamorphoses. Ce qui rend sans pareil ce destin, c'est une aptitude à tirer de ses contradictions-mêmes une force qui ne cessera de le servir. Ce Vendéen tient la Révolution pour un "bloc" sans en épouser les excès. La République pour lui, c'est d'abord liberté et la justice, mais aussi l'ordre et, si besoin, l'impitoyable répression du désordre. Cet ancien rebelle, ce dreyfusard intransigeant réussit à soumettre les militaires au pouvoir civil et à réconcilier la France de Jeanne d'Arc avec celle de Valmy. Lui qui a personnifié la Revanche amènera néanmoins la France à composer avec les contraintes de la paix. Clemenceau, c'est unique, sait parler à tous les Français.
"Le peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre."
Surtout connu pour avoir été le Premier ministre du Royaume-Uni durant la Seconde Guerre mondiale, puis de 1951 à 1955, sir Winston (1874-1965) fut un homme aux multiples facettes. Ministre du Commerce, secrétaire du Home Office, Premier Lord de l'Amirauté, ministre de l'Armement, secrétaire d'État à la Guerre et secrétaire d'État à l'Air, chancelier de l'Échiquier, il occupa de nombreux postes politiques et ministériels. Mais il fut aussi officier dans l'armée britannique, correspondant de guerre, peintre, journaliste, historien, et obtint même le prix Nobel de littérature. Cette biographie alerte dresse un portrait sans concession d'un homme qui prétendait que la guerre était presque aussi dangereuse que la politique : "Pendant la guerre vous pouvez être tué une seule fois seulement, en politique plusieurs."
Robespierre reste une énigme, et une énigme qui soulève les passions. Il a ses admirateurs inconditionnels et ses détracteurs farouches. À la ferveur pour l' 'Incorruptible' des uns répond la répulsion pour le 'Tyran' sanguinaire des autres. Cette division reflète l'antagonisme
des mémoires de la Révolution française. 1789 et 1793 continuent de symboliser les deux faces contrastées de notre événement fondateur : le glorieux avènement de la liberté, d'un côté, et la dérive terroriste, de l'autre. Or Robespierre a pour originalité de faire le lien entre ces
deux visages. Le champion des droits du peuple à la Constituante est aussi le pourvoyeur de la guillotine de la Convention montagnarde.
Comment passe-t-on de l'un à l'autre? Rupture ou continuité?
C'est cette question classique que reprend ce livre. Il s'efforce d'y
répondre en scrutant minutieusement l'itinéraire de pensée que l'abondant discours robespierriste permet de reconstituer. Un parcours qui
éclaire le sens de l'événement révolutionnaire lui-même. Robespierre apparaît dans cette lumière comme l'homme qui a le plus intimement
épousé le principe de la 'révolution des droits de l'homme' qu'a été la Révolution française. Il est également celui qui a érigé la Terreur en instrument du règne de la Vertu, dans la tourmente de 1793-1794, en échouant, pour finir, à procurer une fondation durable au régime
politique que les droits de l'homme appelaient comme leur traduction.
En quoi ce parcours donne exemplairement à comprendre le problème que la Révolution a légué à la France et que, plus de deux siècles après, elle n'a toujours pas fini de résoudre.
"L'imagination gouverne le monde."
Figure universelle du génie humain, Napoléon Bonaparte (1769-1821) a échoué à fonder une dynastie mais a défini la politique moderne. Par son gouvernement, il a montré au monde qu'un pays pouvait vivre durablement sous une autre loi que celle de la monarchie absolue et des privilèges héréditaires et ecclésiastiques. En France, notre Code civil et nombre de nos institutions ont été, depuis leur création par Napoléon, peu ou pas réformés et ont été adoptés et adaptés dans le monde entier. Ramener le destin exceptionnel de celui que Clausewitz appelait le "Dieu de la guerre" à la dimension d'une vie d'homme parmi les hommes est le pari de ce livre. Bonaparte s'est tôt persuadé d'avoir un destin : cette biographie nous raconte les hasards de sa vie. Il s'est peu à peu sacrifié à l'État français jusqu'à sacrifier en lui l'homme privé : Pascale Fautrier lui restitue son humanité, et écrit ici le roman de Bonaparte.
Il a refait la France par deux fois. En 1940, à la suite d'un désastre militaire qui laisse un pays exsangue, déchiré, déboussolé. C'est l'heure du rebelle qui refuse la défaite. Il est presque seul, armé d'une volonté inflexible et de la certitude que la Résistance reste l'unique horizon et la condition même d'un retour de la nation à elle-même. Il n'en doutera jamais. La France libre est d'abord une affaire de résolution, politique et morale, qu'il saura incarner comme personne.
Il refait la France encore en 1958, dans la bourrasque d'une guerre d'Algérie interminable dont on n'arrive plus à concevoir l'issue. C'est maintenant l'heure du restaurateur. Sur les décombres d'un régime décomposé, il crée, fort d'un large soutien politique, une nouvelle république.
Michel Winock revisite ces deux moments où la France se trouve sommée de se réinventer. Il mesure le rôle que peuvent exercer les individus dans les infléchissements de l'histoire. Il interroge également le portrait d'un homme qui conjugue sans fard un audacieux esprit de réforme avec une notion aiguë de la continuité historique de la nation. Il lui est arrivé de prendre quelque licence avec la légalité, mais sans relâcher son attachement à la démocratie, seul fondement légitime d'un pouvoir enraciné dans la volonté populaire.
Comme celui d'autres grands hommes, le portrait de Charles de Gaulle paraît aujourd'hui irréductible à nos assimilations partisanes. Un demi-siècle après sa mort, il a fini par incarner ce qui nous unit encore.
Depuis plus de vingt ans, Daniel Cordier a entrepris la rédaction d'une somme sur Jean Moulin dont les trois premiers tomes (parus chez J.-Cl. Lattès en 1989 et 1993) ont fait date dans l'historiographie de la Résistance.
Jean Moulin, la République des catacombes, n'est pas le quatrième tome de cette biographie. Il s'agit d'un travail entrepris à l'occasion du centenaire de la naissance de Jean Moulin, en vue d'offrir à la fois une synthèse complète des connaissances acquises sur l'Inconnu du Panthéon et un grand nombre de documents inédits concernant le pan d'histoire dont il fut l'un des acteurs essentiels. La mission de Jean Moulin dura dix-huit mois, entre sa nomination et sa mort : dix-huit mois au coeur des cinquante mois d'occupation. L'intérêt et l'originalité du présent volume résident dans la mise en perspective de cette mission, rattachée pour la première fois à tout ce qui la précède et la fonde, et surtout à ce qui la prolonge, depuis le drame de Caluire jusqu'à la Libération - et bien au-delà.
La première partie du livre analyse la nature et le déroulement de la mission du délégué personnel du général de Gaulle en France. Chargé d'unifier une résistance intérieure encore éclatée et balbutiante, il lui faudra aussi tenir compte de tout ce qui sépare ces mouvements disparates de la France Libre, constituée en force politique et militaire à Londres. Dissensions idéologiques, luttes d'influence, conflits personnels : déjà l'après-guerre se prépare. Daniel Cordier, acteur devenu historien, éclaire cette période de façon inédite, faisant ressortir des figures légendaires comme celles de Pierre Brossolette ou du colonel Passy dans leur conflit avec Moulin, ou celle, osbcure, de René Hardy, dont le procès, minutieusement analysé ici, révèle a posteriori les enjeux de la Résistance. Une large place est réservée à la tragédie de Caluire.
La seconde partie est consacrée à l'héritage de Jean Moulin, pour la première fois révélé à travers les violentes querelles qu'il suscita au sein de l'état-major de la Réistance et de la France Libre. Pourquoi Brossolette, par exemple, fut-il éliminé de la succession de Moulin? Cette énigme trouve ici sa réponse. D'autres figures essentielles mais moins connues apparaissent dans toute leur grandeur : celle d'André Philip ou encore celle de Jacques Bingen, qui illustre par son action et son martyre les déchirement de l'après-Moulin.
Enfin, un long 'Post-scriptum' apporte une réplique vigoureuse et documentée aux récentes polémiques.
Nul n'était mieux placé que Daniel Cordier pour faire le tableau en grand et en détail des drames et des rivalités qui ont dicté les enjeux de la Libération.
Dans notre mémoire nationale, l'éclat du règne de Charlemagne a éclipsé celui de son petit-fils et homonyme, Charles II, surnommé Ie Chauve. Pourtant, il est l'un des trois rois qui, en 843, par le fameux traité de Verdun, ont organisé la succession de l'ensemble des royaumes francs, lui-même recevant la Francie occidentale. Il est celui qui à Noël 875, deux ans avant sa mort, reçut à Rome la couronne impériale, à l'imitation de son grand-père dont il s'est efforcé sa vie durant de restaurer la grandeur. Charles le Chauve est alors le phare de l'Occident chrétien, la réincarnation de l'empereur Constantin, le successeur spirituel du roi David, le plus haut serviteur du Christ qui, affirme le pape, l'a consacré Sauveur du monde. Inhumé à Saint-Denis, sanctuaire de la légitimité française, il est l'autre grand Carolingien.
Entreprenant, habile, obstiné, il conçut le rêve de dilater l'héritage de ses pères jusqu'au-delà des limites que le milieu du IXe siècle pouvait concevoir. Pourvu d'une haute culture aiguisée par sa curiosité d'esprit, à l'aise dans les plus graves questions théologiques et politiques, attentif à sa propre image, il s'est entouré d'une pléiade de savants et d'artistes qui s'employaient à le célébrer dans des ouvrages admirables, encore visibles. Cette lumière qui l'a nimbé et a éclairé son époque est ici restituée, au fil des grandes journées qui décidèrent de son destin et de celui du royaume de France alors en formation.
"Le but de la musique devrait n'être que la gloire de Dieu et le délassement des âmes."
On n'a longtemps vu en Johann Sebastian Bach, en français Jean-Sébastien Bach (1685-1750), qu'un organiste virtuose, voire un protestant bigot ou un fonctionnaire du culte composant à marche forcée. Pourtant, cantates, Passions, concertos, sonates, fugues, canons, passacailles, rien ne résiste à la boulimie de ce musicien complet qui maîtrise parfaitement la facture des instruments, la technique instrumentale, la composition, l'improvisation, la pédagogie, et la gestion d'une institution musicale. Homme aux multiples facettes et père de vingt enfants, l'auteur de L'Art de la fugue, qui ignore la cassure habituelle entre musique profane et religieuse, est considéré aujourd'hui comme un des plus grands musiciens de tous les temps.
Claude Monet et Georges Clemenceau, c'est l'histoire de deux caractères volcaniques et intransigeants au service de deux aventures uniques : celle de l'Impressionnisme et celle de la République. Deux aventures qu'ils ont menées, l'un et l'autre, comme chefs de file. Contre les conservatismes et contre les conformismes. Monet imposant un mouvement esthétique que beaucoup, à juste titre, considèrent comme une nouvelle Renaissance. Française celle-là. Clemenceau bataillant pour asseoir la République sur des principes et des valeurs fondés sur la liberté intégrale de l'individu. L'amitié de combat de Clemenceau et de Monet s'est nourrie de deux lumières au service d'une certaine idée de la France : liberté de créer, liberté de vivre.
Depuis plus de vingt ans, Daniel Cordier a entrepris la rédaction d'une somme sur Jean Moulin dont les trois premiers tomes (parus chez J.-Cl. Lattès en 1989 et 1993) ont fait date dans l'historiographie de la Résistance.
Jean Moulin, la République des catacombes, n'est pas le quatrième tome de cette biographie. Il s'agit d'un travail entrepris à l'occasion du centenaire de la naissance de Jean Moulin, en vue d'offrir à la fois une synthèse complète des connaissances acquises sur l'Inconnu du Panthéon et un grand nombre de documents inédits concernant le pan d'histoire dont il fut l'un des acteurs essentiels. La mission de Jean Moulin dura dix-huit mois, entre sa nomination et sa mort : dix-huit mois au coeur des cinquante mois d'occupation. L'intérêt et l'originalité du présent volume résident dans la mise en perspective de cette mission, rattachée pour la première fois à tout ce qui la précède et la fonde, et surtout à ce qui la prolonge, depuis le drame de Caluire jusqu'à la Libération - et bien au-delà.
La première partie du livre analyse la nature et le déroulement de la mission du délégué personnel du général de Gaulle en France. Chargé d'unifier une résistance intérieure encore éclatée et balbutiante, il lui faudra aussi tenir compte de tout ce qui sépare ces mouvements disparates de la France Libre, constituée en force politique et militaire à Londres. Dissensions idéologiques, luttes d'influence, conflits personnels : déjà l'après-guerre se prépare. Daniel Cordier, acteur devenu historien, éclaire cette période de façon inédite, faisant ressortir des figures légendaires comme celles de Pierre Brossolette ou du colonel Passy dans leur conflit avec Moulin, ou celle, osbcure, de René Hardy, dont le procès, minutieusement analysé ici, révèle a posteriori les enjeux de la Résistance. Une large place est réservée à la tragédie de Caluire.
La seconde partie est consacrée à l'héritage de Jean Moulin, pour la première fois révélé à travers les violentes querelles qu'il suscita au sein de l'état-major de la Résistance et de la France Libre. Pourquoi Brossolette, par exemple, fut-il éliminé de la succession de Moulin? Cette énigme trouve ici sa réponse. D'autres figures essentielles mais moins connues apparaissent dans toute leur grandeur : celle d'André Philip ou encore celle de Jacques Bingen, qui illustre par son action et son martyre les déchirement de l'après-Moulin.
Enfin, un long Post-scriptum apporte une réplique vigoureuse et documentée aux récentes polémiques.
Nul n'était mieux placé que Daniel Cordier pour faire le tableau en grand et en détail des drames et des rivalités qui ont dicté les enjeux de la Libération.