Avec Le Pouvoir au féminin, paru en 2016, le public français a redécouvert la figure fascinante de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780), la souveraine la plus puissante de son temps. Son art de la diplomatie et sa finesse psychologique ont marqué les esprits, tout comme ses seize enfants et son affection jamais démentie pour son mari volage.
Puisant dans des archives inédites, Elisabeth Badinter revient sur cette figure majeure par le biais de la maternité. Ce nouveau portrait révèle un aspect caché de sa personnalité: une mère complexe, fort soucieuse de ses enfants, capable de la plus grande tendresse, mais aussi parfois de dureté, voire d'injustice.
Une femme souvent tiraillée entre les choix que lui dicte son coeur et ceux imposés par la raison d'État.
« De quelle résistance, de quelle guerre parlerais-je sinon de celles que j'ai vécues ? » écrit Colette en 1945. À cette date, Brasillach, Guitry et Céline s'étonnent bruyamment que la grande écrivaine française soit épargnée par l'opprobre qui les frappe et les sanctions pénales qui les menacent. N'ont-ils pas tous écrit dans des journaux de la Collaboration ?
« Confinée et occupée à la fois », pourrait répondre la romancière qui, à l'instar de la majorité des Français, chercha à survivre sans se commettre avec l'occupant ou ses complices, gérant dans l'angoisse deux écueils majeurs : son immense notoriété qui l'exposait et la menace de la déportation pour son dernier amour, qui était juif.
Alors que Colette est plus que jamais au coeur de notre littérature, cette période de la guerre restait dans sa vie empreinte d'un halo de mystère et de beaucoup de rumeurs. Bénédicte Vergez-Chaignon, passionnée par son oeuvre, s'est emparée du sujet. Et son enquête nourrie d'archives en grande partie inédites nous entraîne dans le quotidien de la célébrité, dans les pas d'une Colette bien plus sensible à l'actualité qu'elle n'a jamais voulu l'avouer, bien plus fine politique qu'elle ne consentait à le reconnaître...
La Russie est-elle européenne ? Qu'est-ce qu'être russe ? Depuis le XVI siècle, la Russie entretient un lien complexe et ambigu avec l'Europe occidentale. À la tête d'un véritable État-continent s'étendant de l'Europe à l'Asie, les tsars de Russie puis les leaders soviétiques n'ont cessé de s'interroger sur l'identité de leur pays et les relations à nouer avec l'Europe, tour à tour perçue comme modèle de modernité et d'efficacité ou comme source de danger et de subversion. D'Ivan le Terrible à Vladimir Poutine, les décideurs russes ont été confrontés à ce « dilemme » : fallait-il imiter l'Europe pour mieux la dépasser, ou bien s'en protéger voire la rejeter au nom de l'eurasisme ?
D'une plume alerte, en s'appuyant sur un vaste ensemble documentaire, Marie-Pierre Rey explore les tourments de l'identité russe, à la croisée de l'histoire des relations internationales et de l'histoire des représentations, pour mieux décrypter les positions géopolitiques de la Russie actuelle.
Parmi les opposants à l'Empire, aucun ne fut aussi sévèrement traité que Germaine de Staël. De 1803 à 1812, l'auteure de Delphine et Corinne ou l'Italie fut bannie, confinée à quarante lieues de Paris puis condamnée à ne plus quitter son château de Coppet en Suisse.
Tout avait pourtant bien commencé et la jeune femme n'avait pas ménagé ses efforts pour séduire le Héros d'Italie. Jusqu'à ce jour du 3 janvier 1798 où leur premier face-à-face donna le ton à ce qui deviendra un affrontement sans fin entre l'Empereur et la femme la plus influente de son temps, au coeur de toutes les expériences, de toutes les réflexions sur les Lumières ou la Révolution. En suivant ce duo improbable, aventureux et impétueux, ce livre revisite la vie mouvementée de Germaine de Staël. Ses amours et ses amitiés éclairent la personnalité de celle que l'on a surnommée depuis l'impératrice de la pensée, éprise du grand général. Tout aurait dû rapprocher ces deux êtres, amoureux de gloire et désireux d'entrer dans l'histoire. Dans un récit vivant, Annie Jourdan raconte ce combat étonnant et méconnu. À l'épreuve du bannissement, Germaine de Staël fera la découverte de la censure et des limites du pouvoir impérial.
"Les Français connaissent mal celle qui fut la mère de Marie-Antoinette. Pourtant, Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780) est l'une des grandes figures tutélaires de son pays. Je l'ai découverte par sa correspondance privée, dans laquelle elle se révèle guerrière, politique avisée, mère tendre et sévère.Mais cette mère-là n'est pas n'importe laquelle, c'est une femme au pouvoir absolu, hérité des Habsbourg, qui régna pendant quarante ans sur le plus grand empire d'Europe. Et, ce faisant, elle eut à gérer trois vies, parfois en opposition les unes avec les autres : épouse d'un mari adoré et volage, mère de seize enfants, souveraine d'un immense territoire. Cette gageure qu'aucun souverain masculin n'eut à connaître, j'ai voulu tenter de la comprendre : qui fut cette femme et comment elle put - ou non - concilier ses différents statuts. Prendre la mesure, en somme, de ses forces et faiblesses, de ses priorités et inévitables contradictions. Ce portrait, qui puise à des sources abondantes et souvent inédites, ne saurait être exhaustif : Marie-Thérèse garde bien des mystères. Cette femme incomparable en son temps, qui inaugure une nouvelle image de la souveraineté et de la maternité, ressemble, sous certains aspects, aux femmes du XXIe siècle."
E. B.
Le 14 octobre 1929, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir passent leur première nuit ensemble. À Paris, la jeune Lee Miller se précipite chez Man Ray pour y apprendre le métier de photographe ; de son côté, F. Scott Fitzgerald noie son chagrin avec Ernest Hemingway au bar du Ritz car Zelda ne l'aime plus. À Berlin, la très magnétique Marlene Dietrich entame le tournage de L'Ange bleu. Une carrière l'attend. Bertolt Brecht, lui, multiplie les amantes mais c'est pour mieux servir la grande cause du théâtre... Les années trente filent dans une douce folie et les moeurs, affranchies de toute entrave morale, encouragent les aventures amoureuses. Liberté adulée le jour et la nuit, jusqu'à l'étourdissement, avant l'exil, brutal, auquel sont bientôt condamnés quelques-uns des artistes de cette grande fresque reconstituée dans le moindre détail.
De fil en aiguille, d'écrivain en artiste, de star en poète, Florian Illies brosse par petites touches une autre histoire de l'entre-deux-guerres, celle des amours saisis dans leur tumulte, à l'orée d'une guerre qui s'annonce inévitable depuis le krach boursier et la prise du pouvoir par les nazis...
En rendant son éclat à un monde délavé, La Couleur du temps offre une nouvelle histoire du monde totalement inédite avec 200 photographies colorisées prises entre 1850 et 1960.
Et l'Histoire reprend vie... C'est un récit continu qui nous emmène de la guerre de Crimée à la guerre froide, de l'âge de la vapeur à la conquête spatiale, de l'ère des empires à celle des superpuissances. C'est une scène où dansent titans et tyrans, meurtriers et martyrs, inventeurs et futurs destructeurs de monde, où hommes et femmes retrouvent leur place.
Le lecteur est saisi : les clichés qu'il croyait connaître acquièrent une dimension tout autre, presque troublante. Ceux qu'il découvre bouleversent sa vision et altèrent son regard sur les grands événements des cent années ayant présidé au monde qui est le nôtre. Les couleurs nuancées, variées, riches d'une gamme infinie de teintes soigneusement choisies infléchissent les portraits, les photos de foules, de guerres, de désastres, de libérations et de célébrations...
La mètis des Grecs - ou intelligence de la ruse - s'exerçait sur des plans très divers mais toujours à des fins pratiques : savoir-faire de l'artisan, habileté du sophiste, prudence du politique ou art du pilote dirigeant son navire. La mètis impliquait ainsi une série d'attitudes mentales combinant le flair, la sagacité, la débrouillardise... Multiple et polymorphe, elle s'appliquait à des réalités mouvantes qui ne se prêtent ni à la mesure précise ni au raisonnement rigoureux.
Engagée dans le devenir et l'action, cette forme d'intelligence a été, à partir du Ve siècle, refoulée dans l'ombre par les philosophes. Au nom d'une métaphysique de l'être et de l'immuable, le savoir conjectural et la connaissance oblique des habiles et des prudents furent déconsidérés. Reconnaître le champ de la mètis, c'est, pour les auteurs de ce livre, réhabiliter une «catégorie» que les hellénistes modernes ont largement méconnue.
Dans les campagnes du Frioul, entre le XVIe et le XVIIe siècle, d'étranges récits attirent l'attention des autorités religieuses. Les membres d'une mystérieuse confrérie, nommés benandanti, racontent se battre à coups de branches de fenouil contre de méchants sorciers armés de tiges de sorgho. L'issue de ces combats, qui se déroulent en rêve, est déterminante pour les récoltes : selon que les uns ou les autres l'emportent, l'année qui vient sera prospère ou frappée par la famine.
L'Église est prise de court face à ces phénomènes : elle ne comprend pas ces pratiques à demi païennes. Les inquisiteurs tentent de faire avouer aux benandanti que ces «batailles nocturnes» sont une réédition du classique sabbat...
En examinant, à la lumière des archives de l'Inquisition, le décalage entre les propos des juges et ceux des accusés, Carlo Ginzburg ouvrait la voie à un renouveau de l'historiographie - à la fois par ses hypothèses inédites sur les origines de la sorcellerie et par son choix de faire entendre les voix, longtemps ignorées, des persécutés.
Stendhal la déteste, Baudelaire en fait l'un des éléments du spleen, certains la mêlent aux larmes, les souverains et chefs d'État en font un usage politique - d'aucuns vont jusqu'à renoncer au parapluie lors des cérémonies officielles pour partager avec le peuple les adversités météorologiques...
Parce qu'on ne l'a pas toujours observée et vécue de la même manière, la pluie a une histoire. Dans la veine de sa récente Histoire du silence, Alain Corbin la retrace dans ces pages savoureuses. De la fin du XVIIIe siècle à nos jours, on y croisera nombre d'écrivains et d'artistes, des hommes d'État, des pratiques oubliées ; on découvrira que de l'invocation des « saints pleurards » à l'obsession contemporaine de la prévision météo, le chemin n'est pas si long qu'on pourrait le croire...
Si le syndrome d'Asperger est connu, le parcours du psychiatre autrichien dont cette forme d'autisme porte le nom l'est moins. L'historienne américaine Edith Scheffer a découvert la véritable histoire de ce médecin après la naissance de son enfant autiste. Et ce qu'elle apprend la glace d'effroi.
En 1938, professeur à l'hôpital pédiatrique de Vienne, Asperger est l'un des psychiatres appelés à façonner le nouvel Allemand selon des critères eugéniques : sélectionner les parents d'après leur hérédité, leurs défauts biologiques, leurs tendances politiques... Et parmi les enfants autistes, Asperger identifie les « négatifs » et les « positifs » à l'intelligence détonante, qui auront alors une chance d'échapper au tri macabre.
Archives inédites à l'appui, Edith Sheffer nous livre une enquête bouleversante et rétablit la vérité sans le moindre pathos sur le rôle criminel du Dr Asperger.
"Comment Hitler a-t-il été possible ? Comment un désaxé aussi bizarre a-t-il pu prendre le pouvoir en Allemagne, pays moderne, complexe, développé et culturellement avancé ? Comment a-t-il pu, à partir de 1933, s'imposer à des cercles habitués à diriger, bien éloignés des brutes nazies ? Comment a-t-il réussi à entraîner l'Allemagne dans le pari catastrophique visant à établir la domination de son pays en Europe, avec, en son coeur, un programme génocidaire terrible et sans précédent ? La réponse à ces questions, je ne l'ai trouvée qu'en partie dans la personnalité de l'étrange individu qui présida aux destinées de l'Allemagne au cours de douze longues années. Hitler, ceux qui l'admiraient comme ceux qui le dénigraient en convenaient, était une personnalité extraordinaire. Il avait de grands talents de démagogue ainsi qu'un oeil sûr, qui lui permettaient d'exploiter impeccablement la faiblesse de ses adversaires. On peut l'affirmer avec certitude : sans Hitler, l'histoire eût été différente. Cela donne à penser que la clé de l'énigme est à chercher moins dans la personnalité de Hitler que dans les changements vécus par la société allemande elle-même, traumatisée par une guerre perdue, l'instabilité politique, la misère économique et une crise culturelle. À toute autre époque, Hitler serait certainement resté un néant."
Ian Kershaw
Au début du XVIIIe siècle, la Nouvelle-France s'étendait sur un tiers du continent nord-américain, des forêts glacées du Canada aux bayous de Louisiane, en passant par les prairies du Midwest. Un Empire dont la clef de voûte fut l'alliance avec les Indiens, qui permit aux Français de s'implanter et de se maintenir sur le territoire au nez et à la barbe des Anglais. Colons, Indiens, esclaves africains composaient une Amérique française au visage cosmopolite.
Cette Amérique, que notre mémoire a occultée, n'a pas entièrement disparu. Les toponymes en témoignent - New Orleans, Baton Rouge, Montréal, etc. -, et de nombreuses villes nord-américaines ont eu pour fondateurs des Français. Des millions d'Américains, aux États-Unis comme au Canada, ont des noms d'origine française, et parmi les descendants des colons, certains parlent toujours la langue de Molière. Ce legs, on ne saurait le comprendre sans se glisser, au fil de la lecture, dans une pirogue ou dans un canoë à la recherche d'une histoire ignorée.
Dans notre société laïque, la chrétienté constitue-t-elle encore un sujet pertinent pour l'histoire ? Plus que jamais, répond Françoise Hildesheimer. En explorant celle de l'Église sur le temps long, l'historienne retrace les origines et les développements du conflit d'influence entre religion et État qui a enfiévré l'Occident des siècles durant.
Or c'est en France qu'il a connu son paroxysme. Doctrine politique originale, le gallicanisme a prôné dès le XIIIe siècle l'indépendance temporelle de l'Église de France vis-à-vis du pape ; une spécificité qui, via la rupture de la Séparation, a durablement marqué notre histoire.
La France, fille aînée de l'Église ? De Clovis à Aristide Briand en passant par Charlemagne, Charles VII et Jeanne d'Arc, Louis XIV et Bossuet ou Napoléon, ce parcours passionnant entrecroise théologie, politique, récit historique et débats d'idées pour proposer une vision inédite de l'histoire de l'Église catholique en France.
L'onde de choc provoquée par la Révolution française puis par l'Empire a longtemps fait oublier que les guerres napoléoniennes qui s'ensuivirent eurent des répercussions mondiales, loin de l'épicentre européen.
Dans cette synthèse magistrale, Alexander Mikaberidze met en lumière leurs incidences politiques, culturelles, diplomatiques et militaires à l'échelle planétaire. Partout, les grandes puissances rivalisèrent pour affirmer leur hégémonie, depuis l'Amérique jusqu'à l'Extrême-Orient.
Par leurs effets, directs ou indirects, ces guerres furent l'agent de transformation le plus puissant que l'histoire ait connu depuis la Réforme. L'ordre international s'en trouva durablement modifié, la carte du monde redessinée.
Richement documentée, précise, cette somme aussi passionnante qu'érudite est tout à la fois une oeuvre aboutie en même temps qu'une extraordinaire contribution à notre compréhension de cette époque.
Austerlitz, Iéna, Wagram, Waterloo... Au-delà de ces noms légendaires, l'historien Alexander Mikaberidze invite à porter notre regard hors d'Europe. De l'Amérique à l'Extrême-Orient,
les guerres napoléoniennes ont eu des répercussions politiques, culturelles et militaires sur tous les continents. Elles ont bouleversé l'histoire et redessiné la carte du monde.
Une synthèse inédite et magistrale.
Lecteur, lectrice, vous êtes imbattable sur le chapitre de la politesse. Vous ne mettez pas vos coudes sur la table ni vos doigts dans le nez ; vous dites aimablement merci et s'il vous plaît. Mais savez-vous seulement que les révolutionnaires tentèrent d'interdire aux Français le vouvoiement et les voeux de Nouvel An ? Que l'on pouvait encore, sous la monarchie de Juillet, manger la salade avec les doigts, mais que l'on encourait l'excommunication mondaine, ce faisant, sous le Second Empire ? Que le baisemain, cet hommage galant que l'on croit immémorial, est apparu en France au tout début du XXe siècle seulement ? Ou encore qu'il était fort impoli, jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, de louer une maîtresse de maison pour la qualité des mets qu'elle proposait à ses convives ?
Laissez-vous entraîner dans les arcanes du Bottin mondain et dans les salles à manger bourgeoises, aux courses et à l'opéra, dans les ambassades et les maisons closes, en compagnie de vos mentors : la baronne Staffe et autres auteurs de manuels de savoir-vivre lus par des millions de Français depuis deux siècles, mais aussi Honoré de Balzac, Alexandre Dumas, Marcel Proust, Robert de Montesquiou, Sacha Guitry, Hermine de Clermont-Tonnerre et Nadine de Rothschild...
L'épopée de Toussaint Louverture commence par une révolte d'esclaves à Saint-Domingue en 1791 et culmine avec la proclamation du premier État noir indépendant de l'histoire en 1804. Après l'abolition de l'esclavage par la Révolution française en 1794, Toussaint devient le principal personnage politique et militaire de la colonie et prend le titre de "gouverneur général à vie" en 1801.
Profondément attaché aux valeurs républicaines d'égalité et de fraternité, il lutte farouchement contre toute tentative de réimposer l'esclavage à Saint-Domingue. Doté d'un sens politique exceptionnel et d'une endurance à toute épreuve, Toussaint s'appuie aussi bien sur la population noire et l'armée que sur l'élite blanche et l'Église catholique. Jusqu'à sa chute face aux troupes envoyées par Bonaparte, qui saluera les qualités de ce rival hors du commun.
Puisant dans de nombreuses archives inédites - et notamment dans la correspondance de Toussaint -, Sudhir Hazareesingh retrace chaque étape de cette vie extraordinaire, des victoires contre les troupes françaises, espagnoles et britanniques à la promulgation d'une Constitution autonome, en passant par des stratégies diplomatiques innovantes. On y découvre un visionnaire intrépide qui s'inspire des idéaux des Lumières et des traditions révolutionnaires et spirituelles de Saint-Domingue.
Guerrier, législateur, chef providentiel, martyr : Toussaint est devenu une légende pour des générations entières. Premier "modèle noir", il a inspiré Victor Schoelcher, le militant antiesclavagiste Frederick Douglass et les plus grandes contestations du colonialisme, dont le mouvement de la négritude porté par Aimé Césaire.
"La Grèce antique est la plus belle invention des temps modernes", écrivait Paul Valéry. Son héritage, si longtemps placé au coeur de la culture européenne, est fait de multiples voyages vers un objet façonné et refaçonné au fil des siècles. De quelles significations la Grèce a-t-elle été successivement porteuse, à Rome, au Moyen Âge, à la Renaissance et depuis la Révolution française ? De quelles manières a-t-elle aidé à définir les identités culturelles ou nationales, la démocratie, l'histoire ? Et quel sens peut-il y avoir, aujourd'hui encore, à "partir pour la Grèce" ?
Par une réflexion lumineuse qui nous conduit d'Hérodote à Jean-Pierre Vernant, en passant notamment par Plutarque, Montaigne ou Fustel de Coulanges, François Hartog permet de comprendre l'émergence et les transformations de ce repère majeur de la pensée occidentale qu'on appelle la Grèce.
Rancé, jeune abbé habitué des plaisirs mondains, devient en quelques années une des figures majeures de la réforme cistercienne, au coeur du Grand Siècle. À l'origine de ce revirement : la mort d'une femme bien-aimée, la duchesse de Montbazon, qui le pousse à se retirer du monde pour observer une vie religieuse et austère. Constatant la décadence matérielle et spirituelle de l'abbaye de la Trappe, il décide de consacrer le reste de sa vie à y faire régner l'ordre et la règle.
À travers la biographie de cet abbé pénitent, Chateaubriand livre à demi-mots ses ultimes mémoires. Si la vie de l'écrivain s'entremêle parfois avec celle du prêtre, c'est que les deux hommes sont liés, à près d'un siècle et demi d'écart, par un même retrait de l'agitation du monde, une même désillusion de l'amour et du bonheur, une même nécessité de revenir vers Dieu.
Tandis que l'on débat du contenu des programmes d'histoire à l'école et que la loi fixe ce qui doit être commémoré, Shlomo Sand s'interroge : tout récit historique n'est-il pas idéologiquement marqué ? Peut-il exister une vérité historique moralement neutre et « scientifique » ?
En brossant le tableau d'une vaste histoire de l'Histoire, de la Mésopotamie à nos jours, il dénonce les méthodes qui ont construit les mythologies nationales modernes, autant que la tendance à faire de l'historien le prêtre de la mémoire collective et le forgeron des identités nationales.
L'auteur livre aussi un ouvrage personnel, où la polémique se mêle à la confession et au bilan désillusionné d'une longue carrière d'historien, pour aboutir à cette question provocante : « Pourquoi encore étudier l'histoire aujourd'hui ? » Certainement pas par pure dévotion pour la mémoire collective, suggère-t-il, mais pour mieux se libérer d'un passé fabriqué et se tourner résolument vers l'avenir.
L'histoire a-t-elle un sens ? Une société peut-elle se passer de religion ? Comment parvenir à une connaissance de l'homme ? Tels sont, parmi tant d'autres, les problèmes classiques de la philosophie affrontés par Michelet (1798-1874) à l'orée de sa carrière d'historien. S'il demeure avant tout, dans la mémoire collective, l'auteur d'une Histoire de France à laquelle il a consacré une grande partie de sa vie, Michelet n'a jamais conçu son oeuvre indépendamment d'une réflexion philosophique.
Les quatre textes rassemblés ici, inédits ou indisponibles à ce jour, mettent en pleine lumière la philosophie de l'histoire, la méthode et les concepts fondamentaux qui irrigueront les chefs-d'oeuvre de l'historien, depuis Le Peuple jusqu'à La Sorcière. Lire la Philosophie de l'histoire du jeune Michelet, c'est aussi découvrir un pan méconnu de la philosophie française du premier XIXe siècle, et percevoir la dynamique de la pensée française entre l'Empire et l'avènement de la Troisième République.
Ce volume contient Discours sur l'unité de la science (1825), Discours sur le système et la vie de Vico (1827), Cours de philosophie à l'École préparatoire (1828-1829, inédit) et Introduction à l'histoire universelle (1831)?
Le douzième siècle, cette Renaissance médiévale, est le grand âge de l'art roman. L'homme de ce temps possède une exacte connaissance de sa situation : il est pèlerin de la Jérusalem céleste et, de ce fait, voué à une marche ascendante. Relié à un monde invisible dans lequel il se meut, il sait d'où il vient et où il va. Sa certitude relève de sa foi. Que cette foi se développe à l'intérieur de l'Église ou qu'elle soit hétérodoxe, elle demeure vivante. Le moine y répond à l'intérieur de son cloître, le professeur dans son enseignement ; l'artiste en témoigne sur la pierre ou par la couleur. Le monde est un, du macrocosme au microcosme, et il est signe de l'Invisible. L'art et ses symboles l'enseignent Du portail de Cluny à la littérature du Graal, Marie-Madeleine Davy nous donne accès à l'extraordinaire richesse symbolique du douzième siècle.
« Bronzage : action de recouvrir un objet d'une couche imitant l'aspect du bronze. » La définition donnée par le dictionnaire Littré en témoigne : on ne songeait guère, sous le Second Empire, à aller étendre son corps au soleil !
Au début du XXe siècle, ombrelles et chapeaux rivalisent avec les préparations blanchissantes pour préserver la peau des méfaits du grand air. Dans les années 1930, les maillots de bain s'échancrent ; on préconise les bains de soleil contre l'acné et la cellulite... Comment est-on passé, en une vingtaine d'années, de la phobie du soleil à son exaltation ?
Sous ses apparences futiles, le bronzage est un fait social riche de significations. Pascal Ory se saisit avec brio d'un objet peu étudié par les historiens, et qui fut pourtant l'une des principales révolutions culturelles du XXe siècle.
L'histoire d'Antonin Carême est saisissante : à l'instar de Bonaparte, son idole, sorti de l'anonymat par la seule force de son intelligence, de son charisme et de son courage, le « roi des cuisiniers » a lui aussi connu une éblouissante trajectoire au XIX siècle.
Moins de quinze années séparent le jeune garçon analphabète et chétif, abandonné par un père trop pauvre pour le nourrir, du pâtissier en vogue, régalant le Tout-Paris de ses exquis croquembouches aux couleurs pastel et aux formes architecturales les plus extravagantes ; et moins de cinq ans auront suffi à transformer le pâtissier débutant en chef adulé des plus grandes cours d'Europe. La liste des personnalités qui firent appel à son talent parle d'elle-même : Talleyrand, Caroline Bonaparte et Joachim Murat, Napoléon, le tsar Alexandre Ier, le futur George IV, le baron et la baronne de Rothschild...
Puisant dans des archives inédites, cet essai retrace la vie trépidante de ce praticien de génie, tout en offrant un éclairage neuf sur l'essor de la gastronomie française et l'invention d'une véritable modernité culinaire.