Antonio Gramsci (1891-1937) reste l'un des penseurs majeurs du marxisme, et l'un des plus convoqués.
L'OEuvre-vie aborde les différentes phases de son action et de sa pensée - des années de formation à Turin jusqu'à sa mort à Rome, en passant par ses activités de militant communiste et ses années d'incarcération - en restituant leurs liens avec les grands événements de son temps : la révolution russe, les prises de position de l'Internationale communiste, la montée au pouvoir du fascisme en Italie, la situation européenne et mondiale de l'entre-deux-guerres. Grâce aux apports de la recherche italienne la plus actuelle, cette démarche historique s'ancre dans une lecture précise des textes - pour partie inédits en France -, qui permet de saisir le sens profond de ses écrits et toute l'originalité de son approche.
Analysant en détail la correspondance, les articles militants, puis les
Cahiers de prison du révolutionnaire, cette biographie intellectuelle rend ainsi compte du processus d'élaboration de sa réflexion politique et philosophique, en soulignant les
leitmotive et en restituant " le rythme de la pensée en développement ".
Au fil de l'écriture des
Cahiers, Gramsci comprend que la " philosophie de la praxis " a besoin d'outils conceptuels nouveaux, et les invente : " hégémonie ", " guerre de position ", " révolution passive ", " subalternes ", etc. Autant de concepts qui demeurent utiles pour penser notre propre " monde grand et terrible ".
Une somme unique et accessible : 5 000 ans d'histoire, toutes régions et cultures confondues. Une référence pour quiconque s'intéresse à l'évolution des langues et des peuples.
Comment raconter l'histoire des langues, d'avant la naissance de l'écriture jusqu'à nos jours ? Comment rendre compte de ce fait social, qui joue un rôle majeur dans le destin de tous les peuples ? Comment saisir les langues, aux frontières poreuses, dans leur mouvement perpétuel et leur inventivité, elles qui se heurtent, cohabitent, s'influencent, s'éteignent ou se recréent ?
Compte tenu du grand nombre de langues - environ 6 000 aujourd'hui -, l'ouvrage se concentre sur celles dont il est possible de raconter l'histoire.
Un récit en trois temps : celui d'avant l'écriture, le plus souvent mystérieux ; celui des traditions orales et de l'écriture pratiquée par des élites ; celui, enfin, de la large diffusion des textes imprimés. Des phases qui, selon les régions, s'enchaînent à des périodes différentes.
Composé de modules - une région, une époque -, le livre ménage différents parcours. Le lecteur suit le fil d'Ariane, du début à la fin, ou " entre " par un sujet qui l'intéresse, puis circule au gré de ses curiosités. Un voyage dans le temps et l'espace qui invite, sans négliger les classiques (l'hébreu, le grec, le latin, le sanskrit, etc.), à partir à la rencontre du javanais, du persan, du breton, du yiddish, du swahili, du quechua... ou des pidgins mélanésiens.
Nous avons changé d'époque : l'inéluctabilité du bouleversement global du climat s'est désormais imposée. Pollution, empoisonnement par les pesticides, épuisement des ressources, baisse des nappes phréatiques, inégalités sociales croissantes ne peuvent plus être envisagés de manière isolée. Le réchauffement climatique a des effets en cascade sur les êtres vivants, les océans, l'atmosphère, les sols. Ce n'est pas un " mauvais moment à passer " avant que tout ne redevienne " normal ". Mais nos dirigeants sont incapables de prendre acte de la situation. Guerre économique oblige, notre mode de croissance, irresponsable, voire criminel, doit être maintenu coûte que coûte. Ce n'est pas pour rien que la catastrophe de La Nouvelle-Orléans a frappé les esprits : la réponse qui a été apportée - l'abandon des pauvres tandis que les riches se mettaient à l'abri - apparaît comme un symbole de la barbarie qui vient, celle d'une Nouvelle-Orléans à l'échelle planétaire. Mais dénoncer n'est pas suffisant. Il s'agit d'apprendre à briser le sentiment d'impuissance qui nous menace, à expérimenter ce que demande la capacité de résister aux expropriations et aux destructions du capitalisme.
En Afrique, aux Antilles et sur le continent américain, les esclaves ont été des acteurs majeurs et pourtant largement mésestimés de l'histoire. À rebours de l'historiographie dominante, ce livre, qui repose notamment sur les nombreux récits de vie qu'ils ont transmis, s'attache ainsi à montrer qu'ils ont contribué à l'évolution culturelle et sociale des côtes et de l'arrière-pays africains, à la création de nouvelles sociétés métissées aux Amériques ou à l'invention de formes de résistance.
En restituant l'intensité des échanges noués entre l'Afrique et les Amériques, et en décrivant l'importance de phénomènes tels que la traite dans l'Atlantique sud ou la généralisation de l'esclavage interne précolonial dans les sociétés africaines du XIXe siècle,
Être esclave offre une synthèse particulièrement éclairante des apports les plus récents de l'historiographie internationale sur l'esclavage.
Robin des bois volant aux riches pour donner aux pauvres, telle est la figure légendaire du " bandit social " : hors-la-loi pour le souverain ; vengeur, justicier et héros aux yeux de la société paysanne. Des haïdoucs, bandits des Balkans, aux cangaçeiros du Brésil, en passant par Jesse James et Billy the Kid, Eric J. Hobsbawm retrace ici l'histoire mouvementée du banditisme social. Il inscrit le destin de ces marginaux dans l'étude des structures économiques et sociales qui conditionnent leur apparition, établissant notamment un lien entre les " épidémies de banditisme " et des phases intenses de crise économique. Le personnage du bandit apparaît comme le masque de communautés paysannes réagissant à la destruction de leur mode de vie, entre criminalité organisée et mobilisation politique. Hobsbawm décèle dans l'histoire des bandits l'une des généalogies primitives des mouvements sociaux. Jusqu'à aujourd'hui, la question du bandit demeure : comment, pour des révoltés, passer de la délinquance à la politique ?
Plus de soixante auteurs réunis pour faire l'histoire, protéiforme et en perpétuelle évolution, des mouvements sociaux en France, de la Restauration à nos jours. Les meilleurs spécialistes de l'histoire sociale proposent un récit et des analyses accessibles au plus grand nombre pour une fresque sans équivalent. Un livre de référence enfin disponible au format poche. Cet ouvrage vient combler une lacune et relever un défi. Après que l'évanouissement des horizons d'attente a disqualifié les grands récits qui, jadis, prétendaient donner un sens aux mobilisations collectives, il semble désormais possible et nécessaire d'en entreprendre l'histoire hexagonale. Possible, car les travaux existent qui permettent d'en renouveler l'approche comme d'en explorer des aspects inédits. Nécessaire, parce que, de nouveau, la question sociale, mondialisée dans ses causes et ses manifestations, revient en force sur le devant de la scène publique, en quête d'interprétations, de relais, de connexions et de solutions.
L'histoire développée ici s'attache, du XIXe siècle à nos jours, à tous les types de mouvements sociaux - révolutions, rébellions, émeutes, grèves, campagnes électorales, pétitions, etc. - et quels qu'en soient les acteurs - ouvriers, paysans, jeunes, catholiques, minorités sexuelles, etc. Centrée sur la France, elle n'en ignore pas les interactions coloniales et internationales. Attentive à cerner l'articulation du social avec le politique, le culturel, l'idéologique et le religieux, elle entend réintégrer les mobilisations collectives dans une histoire globale dont elles furent et demeurent des moments essentiels.
En partenariat avec
Le Mouvement social.
Le libéralisme continue d'exercer une influence décisive sur la politique mondiale et de jouir d'un crédit rarement remis en cause. Si les " travers " de l'économie de marché peuvent à l'occasion lui être imputés, les bienfaits de sa philosophie politique semblent évidents. Il est généralement admis que celle-ci relève d'un idéal universel réclamant l'émancipation de tous et de toutes. Or c'est une autre histoire que nous raconte ici Domenico Losurdo, une histoire de sang et de larmes, de meurtres et d'exploitation. Selon lui, le libéralisme est, depuis ses origines, une idéologie de classe au service d'un petit groupe d'hommes blancs, intimement liée aux politiques les plus illibérales qui soient : l'esclavage, le colonialisme, le génocide, le racisme et le mépris du peuple.
Dans cette enquête historique magistrale qui couvre trois siècles, du XVIIe au XXe, Losurdo analyse de manière incisive l'oeuvre des principaux penseurs libéraux - tels que Locke, Burke, Tocqueville, Constant, Bentham ou Sieyès - et en révèle les contradictions. Assumer l'héritage du libéralisme et dépasser ses clauses d'exclusion est une tâche incontournable. Les mérites du libéralisme sont trop importants et trop évidents pour qu'on ait besoin de lui en attribuer d'autres, complètement imaginaires.
Si l'urgence et les injonctions économiques demeurent les grandes lignes conductrices de notre époque, il faut bien reconnaitre qu'une rupture s'est faite en ce qui regarde le temps historique. Suite à l'effondrement d'une vision optimiste de l'avenir, celle de la modernité, le présent règne désormais en maître, nous rendant incapables d'envisager un futur autre. Jérôme Baschet étudie ici les mécanismes propres à cette hégémonie et propose quelques voies pour en sortir et rouvrir le futur.
Le manque de temps est l'une des pathologies de l'homme moderne. Elle s'aggrave sans cesse dans notre monde soumis à la tyrannie de l'urgence, saturé d'écrans chronométriques et exigeant toujours plus d'efficacité, de rapidité, de calculs et d'anticipations à court terme. Quant à notre rapport au temps historique, au passé et au futur, il a été entièrement bouleversé au cours des dernières décennies. Alors que dominaient jadis la foi dans le progrès et la certitude d'un avenir meilleur, nous vivons désormais le règne sans partage du présent perpétuel.
Dans une langue à la fois lumineuse et érudite, cet essai intense s'efforce, en s'appuyant notamment sur l'expérience rebelle des zapatistes du Chiapas, d'identifier des modalités émergentes du rapport au temps et à l'histoire - ce dont découlent aussi quelques propositions visant à arracher le savoir historique à l'étouffement présentiste. Sans en revenir au futur de la modernité, connu d'avance et garanti par les lois de l'histoire, il s'agit - et c'est un enjeu politique majeur de notre époque - de rouvrir le futur, de faire place au désir de ce qui n'est pas encore, sans l'enfermer dans aucune forme de planification.
Jérôme Baschet nous invite ainsi à repenser la temporalité révolutionnaire, loin des schémas convenus d'un Grand Soir toujours remis à plus tard ou d'un enfermement dans le pur instant de l'action immédiate. Il s'agit au contraire de poser les bases qui permettent de tenir ensemble incandescence du maintenant et souci de l'à-venir, agir présent et anticipation stratégique, sens de l'urgence et nécessité de la préparation.
En menant l'enquête sur quatre continents, s'appuyant sur les témoignages d'experts mais aussi de nombreux agriculteurs, M.-M. Robin dresse le bilan du modèle agro-industriel qui, après un demi siècle, n'est pas parvenu à nourrir le monde, tandis qu'il participait largement au désastre écologique, poussant vers les bidonvilles des millions de paysans. Son enquête le montre : oui, on peut " faire autrement " pour résoudre la question alimentaire. " Si on supprime les pesticides, la production agricole chutera de 40 % et on ne pourra pas nourrir le monde. " Prononcée par le patron de l'industrie agroalimentaire française, cette affirmation est répétée à l'envi par les promoteurs de l'agriculture industrielle. De son côté, Olivier de Schutter, rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation des Nations unies, a affirmé en 2011 que " seule l'agroécologie peut relever le défi de la faim et répondre aux besoins d'une population croissante ". D'après la FAO, il faudra augmenter la production agricole de 70 %, pour pouvoir nourrir les 9 milliards d'habitants que comptera le monde en 2050. Comment y parvenir ?
C'est à cette question que tente ici de répondre Marie-Monique Robin, après une enquête sur quatre continents. Elle dresse le bilan du modèle agro-industriel qui, après un demi-siècle, n'est pas parvenu à nourrir le monde, tandis qu'il participait largement au réchauffement climatique, épuisait les sols, les ressources en eau et la biodiversité, et poussait vers les bidonvilles des millions de paysans. Elle explique que, pratiquée sur des exploitations à hauteur d'homme, l'agroécologie peut être hautement efficace d'un point de vue agronomique et économique et qu'elle représente un modèle d'avenir productif et durable.
Il est donc possible de " faire autrement " pour résoudre la question alimentaire en respectant l'environnement et les ressources naturelles, à condition de revoir de fond en comble le système de distribution des aliments et de redonner aux paysans un rôle clé dans cette évolution.
Ambitieuse, provocante et stimulante, cette Histoire populaire de l'humanité propose une alternative radicale à l'histoire traditionnelle, une réflexion puissante sur les courants profonds des peuples qui s'agitent sous l'écume des pouvoirs. De la révolte de Spartacus à la guerre des Paysans, de la rébellion des Boxers en Chine à celle des Diggers et des Levellers en Angleterre, des luttes des ouvrières du textile dans l'Amérique de la fin du XIXe siècle à la révolution russe, ce livre adopte le point de vue des délaissé-e-s de l'histoire " officielle ". Il offre une formidable plongée dans les combats que n'ont cessé de mener les révolté-e-s, les dominé-e-s et les minorités du monde entier pour affirmer leurs droits et leur légitimité politiques.
Point ici de rois et de reines, de généraux, de ministres ou de prétendus " grands hommes ", mais des femmes et des hommes ordinaires qui ont dû lutter, s'organiser, mettre en place des stratégies de résistance et de conquête contre des puissances et des systèmes oppressifs : le servage, le féodalisme, le colonialisme, le capitalisme. Et si aujourd'hui le système capitaliste semble avoir colonisé jusqu'aux corps et aux esprits, l'histoire, nous prévient Harman, réserve des surprises : elle est ouverte aux possibles et peut basculer, pour peu que les forces nécessaires soient capables de s'organiser, dans le sens d'une forme de société véritablement émancipatrice.
À quoi sert l'archéologie ? L'archéologie fascine, elle fait partie des métiers que voudraient faire les enfants, voeu que très peu réaliseront. Les enfants en effet s'interrogent sur l'origine, et tous les adultes à leur tour. Car, au fond, la question est bien celle de l'origine : du monde, des humains, de chaque société. Et pour élucider ces mystères, depuis le XIXe siècle, l'archéologie s'est progressivement substituée aux religions et assure une mission essentielle : elle construit le passé, le territoire et la légitimité historique de chaque nation.
C'est ce que montre cet essai, où l'archéologue engagé Jean-Paul Demoule rend compte de la double fonction de cette discipline, scientifique d'une part, idéologique de l'autre, avec des frontières qui parfois se brouillent. En témoignent les débats français autour de l'enseignement de l'histoire et du " roman national ", puis de l'" identité nationale ", marqués depuis les années 2000 par l'irruption des " Gaulois ", des " Barbares " et des manipulations de l'histoire dans les discours politiques et médiatiques.
En témoignent également, dans de nombreux pays, les manières dont agit l'archéologie, tant dans ses interprétations historiques que dans sa mise en oeuvre sur le terrain, avec sa contamination croissante par les idéologies ultralibérales de la concurrence généralisée. On verra ainsi, dans le cas spécifique de la France, comment la convergence des intérêts économiques à court terme, de l'idéologie ultralibérale mais aussi des incuries administratives met en danger le sauvetage d'un patrimoine archéologique gravement menacé.
" L'Âge moderne est l'Âge des Juifs, et le XXe siècle est le Siècle des Juifs. La modernité signifie que chacun d'entre nous devient humain, mobile, éduqué, professionnellement flexible. [...] En d'autres termes, la modernité, c'est le fait que nous sommes tous devenus juifs. "
Avec le XXe siècle, le capitalisme " ouvre les carrières aux talents ", tandis que le nationalisme transforme les peuples en " peuple élu ". Les Juifs deviennent les modernes par excellence. Et, de fait, leurs grandes " Terres promises " au XXe siècle furent bien l'Amérique capitaliste et libérale, et Israël, " le plus excentrique des nationalismes ". Mais on oublie souvent que la Russie soviétique fut le grand réservoir d'utopie et de promotion sociale pour les Juifs.
Mobilisant la démographie et la sociologie autant que la littérature, l'auteur montre que les Juifs jouèrent un rôle absolument central dans l'édification de l'URSS, avant que la machine stalinienne ne se retourne contre eux.
Méditation sur le destin du peuple juif, pour lequel le XXe siècle fut tout à la fois une apothéose et une tragédie, ce livre propose une réflexion inédite et profonde sur la modernité, le nationalisme, le socialisme et le libéralisme.
Élu par la magazine Lire parmi les vingt meilleurs livres de l'année 2008 (catégorie "Histoire").
Ce guide présente des notions générales sur le travail archéologique tel qu'il se pratique actuellement, tout en le replaçant dans son histoire et au sein des sciences humaines. Les auteurs s'adressent particulièrement à des étudiants, mais tous ceux qui souhaitent s'initier à l'archéologie apprécieront également ce guide. Grâce à lui, les étudiants de licence peuvent bénéficier d'un manuel adapté à leurs besoins. Cette nouvelle édition, actualisée, augmentée et illustrée, accorde une place importante aux renouvellements de la recherche archéologique de ces dernières années. Bénéficiant de l'expérience de quatre enseignants-chercheurs, archéologues et pédagogues reconnus et très complémentaires, ce manuel allie rigueur scientifique et accessibilité.
Par un éminent spécialiste, une synthèse sur la minorité la plus importante d'Europe, avec ses dix millions de personnes, au-delà de préjugés et stéréotypes millénaires.
Roms, Tsiganes, Gitans, Manouches, Gens du voyage... On en parle quotidiennement. Mais sait-on qu'ils forment la minorité la plus importante d'Europe ? Sait-on qu'ils ont une langue, une culture ? La connaissance qu'on en a passe à travers le filtre de préjugés qui se sont sédimentés au cours de mille ans d'histoire et viennent inspirer puis justifier les actions menées à leur égard. Cette minorité transnationale existe par la force d'une organisation sociale qui a permis sa survie dans la dispersion et face à des traitements coercitifs : rejet, esclavage, envoi aux galères, extermination, assimilation. Il s'agit de communautés dynamiques, qui vivent une mutation profonde et se positionnent aujourd'hui en tant que partenaires des institutions nationales et internationales. Roms et Tsiganes sont au coeur des enjeux sociopolitiques du XXIe siècle marqué par l'émergence des minorités et par le développement de la mobilité dans une Europe qui se voudrait sans frontières. Ils sont également au centre des réflexions sur le multiculturalisme.
Publié pour la première fois en 1913,
Philémon, Vieux de la Vieille est un livre aussi insolite que précieux. Et résolument hybride, conformément à la volonté de son auteur, Lucien Descaves. Se parant d'atours romanesques, Philémon se révèle en effet un authentique livre d'histoire, dans l'acception la plus exigeante du terme. Durant une décennie, Descaves a minutieusement compulsé les documents de toutes natures (archives, manuscrits, correspondances, journaux) mais, surtout, interrogé patiemment les survivants de la Commune, préférant à la froideur du papier la chaleur du témoignage oral.
Sensible et loyal, Descaves a tenu à rendre hommage à ces hommes et femmes qui ont vu et fait la dernière des révolutions françaises et dans l'intimité desquels il a vécu. Il en résulte une oeuvre vivante sur leurs années d'exil et leur difficile retour, où percent la tendresse et l'affection de l'auteur, où affleure en maints endroits une émotion à la fois sobre et juste. Nul mieux que lui n'a su restituer plus fidèlement ce que fut un communard, figure éminemment attachante et bien différente de la caricature anachronique peuplant notre imaginaire collectif.
Rares sont les ouvrages qui allient l'exactitude historique à l'agrément que procure la lecture d'un bon roman. Assurément,
Philémon est de ceux-là.
Pierre Vidal-Naquet aura été l'un des plus grands historiens français contemporains. Entré en histoire avec la guerre d'Algérie, il n'aura cessé ensuite d'être vigilant, aux antipodes des gesticulations médiatiques auxquelles est aujourd'hui trop souvent identifiée la figure de l'intellectuel.
Pierre Vidal-Naquet a été cet enfant qui en mai 1944, à l'âge de quatorze ans, a vu disparaître à jamais ses parents, déportés par la Gestapo vers Auschwitz. Il lui a fallu une force vitale exceptionnelle pour transformer cette rupture existentielle en pulsion d'engagement, ancrée chez lui jusqu'à sa disparition en 2006. Animé d'un souci constant de défense de la justice et de la vérité contre les mensonges d'État, il aura été le dernier grand intellectuel dreyfusard du XXe siècle. Incarnant un certain mode d'intervention dans la Cité, il a d'abord cherché à faire la lumière sur la disparition de Maurice Audin en 1957, s'insurgeant avec rigueur contre l'usage de la torture en Algérie - prélude à tant d'engagements ultérieurs. Mais il fut tout autant un grand savant, s'affirmant comme l'un des éminents représentants de l'école d'anthropologie historique qui, avec Jean-Pierre Vernant et Marcel Detienne notamment, a renouvelé le regard sur la Grèce antique.
C'est ce parcours hors norme que restitue ici au plus près François Dosse, en mobilisant une documentation considérable et des dizaines de témoignages originaux, souvent émouvants, toujours instructifs. Au fil de cette traversée du second XXe siècle, on découvrira les multiples facettes d'un intellectuel attachant, parfois lunatique, toujours passionné. Il s'est notamment engagé contre l'émergence du négationnisme, pourfendant les arguments de ceux qu'il appelait les " assassins de la mémoire ". Taraudé par son identité d'intellectuel français et juif, soucieux à la fois de l'existence d'Israël et condamnant sa politique au nom d'une conscience diasporique, il a vécu sa judéité comme un conflit intérieur.
Sa vigilance nous manque. Revivre son parcours dans cette biographie est une leçon de vie pour le présent.
Puissante reine d'Afrique centrale, Njinga ne recula devant aucun moyen pour préserver son territoire des colonisateurs portugais esclavagistes. Au XVII e siècle, cette figure guerrière transgressive, dont l'intelligence n'a d'égal que la férocité, défie toutes les lois du genre. Cet ouvrage livre l'histoire de cette femme exceptionnelle et bouscule les récits hégémoniques sur l'histoire de l'Afrique.
Puissante reine d'Afrique centrale, Njinga ne recula devant aucun moyen pour préserver son territoire des colonisateurs portugais esclavagistes. Au XVIIe siècle, cette figure guerrière transgressive, dont l'intelligence n'eut d'égale que la ténacité, défia toutes les lois du genre : politiques, religieuses, sociales.
À la tête d'une armée de soldats femmes et hommes, la reine Njinga mena une guerre sans merci contre les envahisseurs qui ravageaient et dépeuplaient l'Afrique centrale, y capturant des esclaves pour les déporter au Brésil dans les plantations de canne à sucre. Njinga décida même de rejoindre la secte terrifiante des Imbangala cannibales afin de contrer un ennemi mieux armé. Elle sut aussi, en fin stratège, jouer les capucins contre les jésuites, véritables artisans de la colonisation et du trafic d'esclaves, pour conduire une campagne diplomatique d'ampleur. Elle finit par obtenir la reconnaissance de son royaume par le pape Alexandre VII et par conserver son indépendance.
Femme libre, reine courageuse et fière qui défendit ardemment son rang et son africanité, Njinga reste vivante dans la mémoire des descendants d'esclaves, en Amérique comme en Afrique centrale. Linda Heywood rend enfin justice à ce personnage hors norme, qui a toute sa place dans l'histoire mondiale.
L'histoire méconnue des musées français ; une lecture claire et précise de ses principaux moments et enjeux depuis deux siècles, par l'un des meilleurs spécialistes français de la muséographie. (Cette édition numérique reprend, à l'identique, la seconde édition de 2008.)
Les musées français ont été largement remodelés, voire reconstruits, depuis une génération : ils suscitent aujourd'hui un attachement unanime de la part d'un public de plus en plus nombreux. Mais cette mutation spectaculaire a souvent effacé la mémoire des lieux derrière une célébration convenue de la muséologie contemporaine. Saisir les musées comme ensembles matériels et, indissolublement, comme savoirs, valeurs et régimes de sens : tel est le projet de cet ouvrage. Illustrant, dans son moment fondateur, l'utilité publique de l'art et du savoir, le musée du XIXe et XXe siècles se met au service, selon les cas, des propagandes républicaines et monarchique, participant à la construction de la Nation et des identités collectives. La fin du XXe siècle voit surgir un nouveau modèle d'établissement, qui place les publics au centre de ses préoccupa-tions et contribue au développement culturel comme à la définition d'un patrimoine. Loin d'une image stéréotypée de l'accroissement continu des musées, dans un unanimisme réconciliateur de l'art et du savoir, l'auteur prouve combien les enjeux politiques, voire sociaux, ont toujours marqué l'histoire de ces institutions et de leurs rencontres plus ou moins réussies avec les visiteurs.
Rompant avec nombre de commentaires à chaud, l'historien Pierre-Jean Luizard, grand spécialiste de la région, analyse l'ascension fulgurante et le fonctionnement de l'État islamique. Dans cet essai, qui fait dialoguer l'actualité immédiate et la grande Histoire, il explique pourquoi nous sommes pris dans le " piège Daech ", cet " État-monstre " que l'Occident a largement contribué à faire émerger.
Profitant des crises en chaîne qui secouent l'Irak et la Syrie, le groupe État islamique a fait une entrée fracassante et sanguinaire dans l'actualité internationale. " Daech " a pris le contrôle d'une vaste région et dispose aujourd'hui de gigantesques ressources financières. Sa volonté de construire un État le distingue nettement d'Al-Qaïda.
Rompant avec nombre de commentaires à chaud, l'historien Pierre-Jean Luizard, grand spécialiste de la région, essaie de comprendre les succès de l'État islamique, dans le contexte de déliquescence des États de la région, notamment l'Irak et la Syrie. Il met au jour des logiques moins visibles, locales autant que mondiales, sociales autant que religieuses, dont les racines remontent au début du siècle dernier, à l'époque où l'Europe dessinait les frontières actuelles du Moyen-Orient.
Dans cet essai qui fait dialoguer l'actualité immédiate et la grande Histoire, l'auteur explique pourquoi nous sommes aujourd'hui tombés dans le " piège Daech ".
Prix Brienne du livre géopolitique 2015
Prix étudiant du Livre Politique-France Culture 2016
Au coeur de la mémoire nationale et des trajectoires individuelles, les archives en France ne sont pas seulement un symbole. Le terme désigne en effet les millions de documents produits ou reçus par les administrations, les entreprises, les associations, les individus, mais aussi les services publics et privés qui les collectent, les conservent et les communiquent, ainsi que les dépôts et les salles de lecture.
Les archives sont à la source de l'histoire et sont mobilisées par les sciences sociales, autant qu'elles restituent les activités des administrations, des associations, des entreprises... L'exigence actuelle de transparence publique, la recrudescence des conflits mémoriels placent aujourd'hui archivistes, généalogistes, historiens et citoyens devant des enjeux considérables, proprement politiques et de portée internationale.
Cet ouvrage se propose de guider le lecteur à travers cet univers mal connu en présentant les transformations de la législation, les mutations institutionnelles des services de conservation et de communication, les défis nouveaux des usages des archives et de l'entrée dans l'ère du document numérique.
La " sale guerre " algérienne des années 1990 par un ancien parachutiste des forces spéciales :ce témoignage exceptionnel, qui a connu un retentissement considérable lors de sa première publication en 2001, demeure un document historique sans équivalent.
Ancien parachutiste dans les forces spéciales de l'armée algérienne, Habib Souaïdia apporte dans ce livre le premier témoignage, à visage découvert, d'un officier ayant vécu au jour le jour la " sale guerre " qui a déchiré son pays dans les années 1990. Il raconte ce qu'il a vu : la torture, les exécutions sommaires, les manipulations, les assassinats de civils. Et, surtout, il lève le voile sur l'un des tabous les mieux gardés du drame algérien : le fonctionnement interne de l'armée. Il donne à voir le cynisme calculateur et la folie sanguinaire de certains généraux, le bourrage de crâne de leurs troupes, mais aussi le désespoir des soldats contraints à des actes barbares, les ravages de la drogue et des purges internes... Loin de la désinformation qui a trop souvent empêché l'opinion européenne de prendre conscience de la dimension effrayante de cette " sale guerre ", ce témoignage exceptionnel, qui a connu un retentissement considérable lors de sa première publication en 2001, demeure un document historique sans équivalent. " Je m'appelle Habib Souaïdia. Je suis un ancien officier ayant appartenu aux troupes spéciales de l'armée algérienne. Engagé volontaire, en 1989, dans les rangs de l'Armée nationale populaire (ANP), j'étais loin de penser que j'allais être un des témoins de la tragédie qui a frappé mon pays. J'ai vu des collègues brûler vif un enfant de quinze ans. J'ai vu des soldats se déguiser en terroristes et massacrer des civils. J'ai vu des colonels assassiner, de sang-froid, de simples suspects. J'ai vu des officiers torturer, à mort, des islamistes. J'ai vu trop de choses. Autant d'atteintes à la dignité humaine que je ne saurais taire. Ce sont là des raisons suffisantes, j'en suis convaincu, pour briser le mur du silence. "
La journaliste russe Tania Rakhmanova révèle les dessous stupéfiants d'une " démocratie " transformée en régime autoritaire et liberticide dans les années 2000. Au fil d'épisodes dignes d'un roman d'espionnage, on découvrira le jeu des intrigues au coeur du Kremlin, authentique " démocrature ". Une édition mise à jour et augmentée, en particulier sur la crise syrienne et les récentes tensions en Ukraine.
Vladimir Poutine est l'un des hommes les plus puissants de la planète et, jusqu'à présent, l'un des dirigeants les plus populaires de la Russie moderne. Pourtant, en 1999, il n'était encore qu'un obscur fonctionnaire du FSB, le service de renseignement russe. Comment est-il soudain devenu l'héritier du président Boris Eltsine ? Comment cet ancien lieutenant-colonel du KGB, totalement inconnu un an avant son élection à la tête de la Russie en 2000, est-il arrivé au pouvoir et a-t-il pu, depuis, en contrôler tous les rouages ? Poursuivant dans ce livre la minutieuse enquête qu'elle avait conduite pour son film La Prise du pouvoir par Vladimir Poutine, Tania Rakhmanova révèle les dessous stupéfiants d'une " démocratie " transformée en régime autoritaire et liberticide dans les années 2000. Au fil d'épisodes dignes d'un roman d'espionnage, on découvrira le jeu des intrigues au coeur du Kremlin, les dégâts provoqués par une corruption généralisée ou la scandaleuse instrumentalisation de la guerre en Tchétchénie. Ainsi que les vrais ressorts de la nouvelle politique internationale de Moscou, notamment face à la guerre civile syrienne et à la crise ukrainienne de 2014. Mais aussi, fil rouge de cette enquête, la manipulation des médias. Entre désinformation et censure - sans parler des assassinats de journalistes -, le contrôle de la télévision est devenu l'instrument de pouvoir privilégié de la Russie de Poutine, conformément à son précepte : " Les gens n'ont pas besoin de savoir la vérité. Ce que vous ne montrez pas n'existe pas. "
Sur le territoire de l'ancien grand-duché de Lituanie, les Litvaks ont fortement imprégné le judaïsme dans son ensemble grâce à leurs talents et à leur humanisme, bien au-delà de ses limites " naturelles "
Au coeur du vaste yiddishland, en Litvakie - sur le territoire de l'ancien grand-duché de Lituanie -, s'est développée durant des siècles une civilisation originale, dont se réclamaient plus d'un million et demi de Juifs avant la Seconde Guerre mondiale. Baltes, Polonais et Biélorusses, ces Litvaks ou " Juifs lituaniens " affirmaient leur spécificité dans un univers à la fois ouvert sur le monde et intimement attaché aux traditions. Religieux ou laïques, très souvent engagés sur les plans culturels, linguistique et politique, ils ont compté d'éminentes personnalités, dont certaines ont acquis une stature internationale : Marc Chagall, Sergueï Eisenstein, Emmanuel Levinas, Jacques Lipschitz, Golda Meir, Chaïm Soutine, etc. Dans ce livre, les auteurs retracent l'histoire méconnue de cette civilisation : ils montrent comment, à Vilnius, Minsk, Bialystok ou dans les shtetleh, sous l'influence du Gaon de Vilna, les Litvaks ont fortement imprégné le judaïsme dans son ensemble grâce à leurs talents et à leur humanisme. La Litvakie a alors débordé bien au-delà de ses limites " naturelles ". Quelques dizaines de milliers de Litvaks ont survécu aux souffrances et à l'horreur de la Shoah. Mais plus d'un million d'entre eux avaient quitté le " vieux pays " pour perpétuer, sur les cinq continents, une certaine manière de vivre, une éthique exigeante qui les rendait à la fois semblables et différents des autres Juifs. L'originalité de cet ouvrage qui rappelle le destin des Litvaks est d'éclairer la richesse de leur civilisation et de leur héritage, bien vivant, de New York à Melbourne, de Paris au Cap via Tel Aviv.
De jeunes chercheurs issus des deux rives de la Méditerranée proposent une analyse originale centrée sur les loisirs, le temps libre, les pratiques culturelles d'une génération trop souvent caricaturée. En décalant ainsi le regard, en prenant du recul par rapport à l'actualité immédiate et aux approches normatives, ce livre foisonnant permet de comprendre dans toute leur richesse les mouvements qui bouleversent en profondeur les sociétés arabes.
Ce livre propose un regard inédit sur les nouvelles générations du monde arabe. Un regard calme, vivant et parfois déroutant qui s'écarte des clichés. Non, les jeunes Arabes ne peuvent se réduire aux figures du terroriste potentiel, de l'éternel migrant ou de l'icône exotique de la " révolution " ! Originaires des deux rives de la Méditerranée et partageant le quotidien de cette génération, les chercheurs et chercheuses qui ont rédigé cet ouvrage ont décidé de sortir des sentiers battus en racontant comment les jeunes Arabes occupent leur temps libre : ce temps de liberté et de loisir où l'on peut réfléchir, s'épanouir et se construire ; ce temps " vide " aussi, où l'on peut parfois dériver, se perdre et se briser... Du Maroc au Yémen, de l'Algérie à la Syrie, de la Tunisie au Liban, en passant par l'Irak, la Libye, l'Égypte, la Jordanie, la Palestine, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ces spécialistes dressent avec sensibilité, humour ou inquiétude un portrait exceptionnel de cette génération dont on parle beaucoup, mais qu'on écoute trop rarement. Ce livre donne ainsi la parole à des jeunes hommes et femmes qui, héritiers de traditions plurielles, animés par des idées nouvelles et travaillés par divers mouvements culturels, inventent l'avenir de sociétés en plein bouleversement.