En choisissant d'étudier le nationalisme de Maurice Barrés, Zeev Sternhell ne pouvait manquer de se heurter à une question essentielle : comment le jeune écrivain des années 1880, dilettante et anarchisant, a-t-il pu devenir, en l'espace de quelques années, l'un des grands interprètes de la pensée traditionaliste française, le doctrinaire et lei poète du culte de la Terre et des Morts ? Comment, en d'autres termes, s'est opéré le passage, dans le climat intellectuel et moral de la fin du XIXe siècle, du principe de I' exaltation de la personne à l'idée de la subordination de l'individu à la collectivité, de l'affirmation hautaine du Moi individuel à la soumission au Moi national ?
A cette interrogation majeure Zeev Sternhell répond d'abord en retraçant avec une impitoyable précision toutes les étapes d'une biographie intellectuelle : le recensement exhaustif (et c'est là sans doute l'un des apports les plus originaux de l'ouvrage) de l'oeuvre journalistique de Barrès permet, sur ce plan, de fixer les points de repère essentiels, de suivre les cheminements, de démontrer toute la logique interne
La seconde réponse est fournie par l'étude, non moins exhaustive, de l'environnement politique et intellectuel, c'est-à-dire des formes d'engagement, des amitiés et des influences : l'action de certaines écoles, certains groupes de pensée et certains doctrinaires se trouve, dans ces perspectives, pleinement, et pour la première fois, mise en valeur ; c'est tout le panorama d'une certaine France de la fin du XIXe siècle qui se trouve en fait restitué.
Depuis le début des années 1980, cherchant, avec le retour de la démocratie, à construire des sociétés nouvelles, la plupart des pays d'Amérique latine ont connu des mutations profondes. Ils expérimentent, mettent en oeuvre des politiques publiques novatrices, en particulier sur le plan social et environnemental. De nouvelles élites ont partout émergé, de nouveaux partis ont été créés, des mouvements sociaux inédits sont nés.
L'Amérique latine s'affirme de manière originale sur la scène internationale. En constante recherche de son unité, elle sait aussi cultiver la diversité des pays qui la composent, parmi lesquels le Brésil qui entend participer à la gouvernance mondiale. Courtisée par l'Europe au travers d'un « partenariat stratégique », elle l'est aussi par l'Asie, Chine et Inde en tête.
Démocratie participative, multicuturalisme, populisme intégrateur, unité dans la diversité... En pleine effervescence, le continent latino-américain ouvre de nombreuses pistes, qui pourraient inspirer l'Europe pour son propre renouvellement.
Les institutions financières ont révélé leur impuissance à prévenir les comportements abusifs et les prises de risques incontrôlées, facilités par la complexification des produits financiers et par lexplosion technologique.Pourquoi linstauration de règles déontologiques dans le monde de la finance na-t-elle pu empêcher les scandales, exposant ses professionnels à une critique morale et à la mise en cause de leur responsabilité ?
Spécialiste de l'époque contemporaine, René Rémond (1918-2007) est l'auteur d'une uvre majeure qui a largement contribue? au renouveau de lhistoire politique et religieuse en France. Il a approfondi la réflexion sur la dialectique des faits et des représentations. Il a pris une part éminente dans les débats civiques de son temps.Cet ouvrage rassemble les témoignages dhistoriens qui lont côtoyé, qui se sont enrichis de son influence et qui ont collabore? avec lui. À quoi sajoutent des analyses daspects particuliers de son uvre.Cet hommage collectif permet de mieux comprendre litinéraire, le parcours intellectuel, le rayonnement multiforme de René Rémond. Il fait pleinement mesurer lempreinte profonde quil a laissée.
Pour retrouver le chemin de l'innovation et de la croissance, les entreprises du secteur culturel doivent renoncer à leur posture monolithique. Entrer dans le monde hybride qui est désormais le nôtre plutôt que dresser de vaines murailles réglementaires.
En permettant à la multitude de participer à la création et au partage des savoirs, internet a aboli la frontière entre producteurs et consommateurs de biens culturels, et développé de nouveaux modes de création de valeur.
Massivement adoptées par les individus, les nouvelles pratiques instaurées par le web 2.0 ne menacent pas l'existence du cinéma, de la musique ou des livres - aucun média n'a jamais tué ses prédécesseurs -, mais elles remettent en cause les logiques économiques qui ont dominé ces métiers jusqu'à présent.
Loin de céder au catastrophisme ambiant, cet ouvrage propose quelques clés pour faire face à l'incertitude, pour apprendre à naviguer selon les nouvelles lois du monde numérique et à en relever les défis.
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Et si l'avenir de Paris était sa banlieue ?
En dix ans, une vision nouvelle de la région parisienne s'est discrètement imposée. Le modèle hiérarchique d'une Île-de-France centrée sur Paris intra muros, administrée par l'État et gouvernant la France a cédé la place à une métropole auto-organisée, dans laquelle ont émergé de fortes polarités économiques et culturelles et se sont créés des réseaux multilatéraux à l'échelle européenne et mondiale.
Ni Paris, ni l'État n'ont disparu, mais la banlieue s'affirme,les PME franciliennes s'émancipent, la jeunesse et la diversité de la population s'imposent. Transport, logement,inégalités, beaucoup reste à faire, mais la métropole du Grand Paris, créée en décembre 2013, esquisse un mode de gouvernance plus efficace et plus juste, avec pour enjeu qu'il soit pleinement démocratique.
Une lecture indispensable pour comprendre cette mutation, pour appréhender les prochaines échéances franciliennes et pour apprécier la façon dont la France est entrée dans le XXIe siècle.
La philanthropie est la pratique contestataire d'une élite qui revendique pour elle-même la compétence à résoudre les problèmes sociaux. Elle s'est affirmée comme telle au XIXe siècle, face à la charité qui soulage et contre la démocratie qui légitime les seuls élus. Aujourd'hui encore, elle est portée par des individus qui valorisent une nouvelle gestion du social sur la base d'expertises acquises dans d'autres domaines d'activités.
Ce livre offre un très large panorama des travaux portant sur la philanthropie des deux côtés de l'Atlantique. Alliant perspective historique et observation au sein du monde philanthropique contemporain, il propose une analyse de ses normes et de ses règles et montre son évolution vers toujours plus de professionnalisation et de légitimation.
Un regard iconoclaste sur une activité dont l'aura médiatique n'a jamais été aussi grande qu'en ce début de XXIe siècle.
Qu'un État refuse de ratifier les conventions multilatérales ou qu'il conteste l'ordre international, et l'on parle d'« État déviant », voire d'« État voyou », tels l'Iran, le Venezuela ou la Somalie. Mais quid des États-Unis ou de la Chine qui, par exemple, n'ont pas ratifié le Statut de Rome créant la Cour pénale internationale ?
Dans un espace mondial qui tend vers une intégration croissante et une densification des échanges entre États, le nombre de traités internationaux ratifiés permet de mesurer à la fois le degré d'intégration des États et leur marginalisation active ou subie. La déviance des États relève de postures distinctes, qu'il s'agisse d'écarts par rapport aux normes liés à d'importants handicaps structurels empêchant des États pauvres ou isolés d'exister sur la scène internationale, du choix de superpuissances de se positionner au-dessus du système ou encore de la volonté d'États émergents de se placer en outsider face à l'ordre imposé par les puissances dominantes.
Un éclairage précieux sur les modalités de la participation des États au système international, sur le rôle des Nations unies, des organisations régionales et des ONG, et une vision nouvelle des relations multilatérales dans un monde post-2001.
L'histoire politique des Juifs de France s'inscrit tout entière dans un balancement entre le civique et le civil, entre l'espace public et l'espace privé, entre la citoyenneté républicaine et l'attachement à des valeurs spécifiques, entre le bonheur public et le bonheur privé. Elaborant une « conception enchantée de la Révolution », la plupart se sont montré des patriotes sourcilleux, entièrement dévoués à la République dont le modèle attira longtemps de nombreux immigrants. Déçus sinon trahis par les multiples guerres franco-françaises, de nombreux Juifs se sont éloignés du mythe républicain en cherchant à redéfinir une identité collective.Cette recherche a été facilitée par le recul contemporain du jacobinisme autorisant l'expression des différences et la naissance d'une citoyenneté plurielle. La renaissance actuelle d'une conscience identitaire provient également, de l'affaire Dreyfus au Front national, de l'épanouissement d'un antisémitisme exacerbé, devenant de nos jours, après Carpentras, presque légitime. L'identité politique des Juifs de France, hier comme aujourd'hui, se construit toujours entre l'universalisme et le particularisme : c'est cette perspective novatrice qui guide la recherche collective présentée dans cet ouvrage.ONT CONTRIBUÉ À CET OUVRAGE : Michel Abitbol, Phyllis Cohen Albert, Chantal Benayoun, Pierre Birnbaum, Jean-Marc Chouraqui, Richard I. Cohen, Alain Dieckhoff, Nancy L. Green, Paula Hyman, Philippe Landau, Catherine Nicault, Laurence Podselver, Aron Rodrigue, Dominique Schnapper, Sylvie Strudel, Pierre-André Taguieff.
Les guerres civiles ne sont aujourd'hui ni plus fréquentes ni plus meurtrières que dans le passé. Elles nous préoccupent davantage car la paix dépend de leur contrôle.
L'auteur établit une typologie de ces conflits, distinguant guerres civiles partisanes, conflits entre groupes socio-économiques et guerres identitaires dont il analyse les facteurs, l'histoire et les modes de résolution.
Quand la haine et la peur gagnent un pays, que la guerre et le massacre se propagent, il est toujours quelques hommes et quelques femmes qui ne se laissent pas entraîner. Sans mot dire, ils se tiennent de côté. Dans le secret et le risque, ils veulent aider plus que dénoncer, protéger plus que détruire. Parfois, ceux-là même qui participent au carnage tentent aussi de sauver. Dans ces situations d'extrême violence, une résistance civile, improvisée, tend à se développer, faite d'une multitude de petits actes individuels et de l'action de quelques organisations clandestines.
À partir de 3 cas - les génocides des arméniens, des juifs et des tutsis -, cet ouvrage représente la première tentative à la fois internationale, comparative et pluridisciplinaire pour constituer l'acte de sauvetage en objet de recherche, en se dégageant de la catégorie mémorielle du « Juste ». Le résultat est d'une richesse exceptionnelle et dérangeante. Impossible de dresser un portrait type du sauveteur, cependant les actes de sauvetage témoignent d'un fait historique : l'existence discrète d'une société informelle de sauvetage - si fragile soit-elle - dès que commence le génocide.
Réunissant trente chercheurs de onze pays, cet ouvrage est dirigé par Jacques Sémelin, historien et politiste, directeur de recherche CNRS au CERI (Centre d'études et de recherches internationales de Sciences Po), Claire Andrieu, professeure des Universités en histoire contemporaine à l'Institut d'études politiques de Paris, et Sarah Gensburger, docteure en sociologie (EHESS).
Il y a plus d'un siècle, bien avant la naissance du commerce équitable, des citoyens se font les apôtres d'une consommation engagée. Une association, la Ligue sociale d'acheteurs, incite en effet les consomateurs à tenir compte des conditions de travail des ouvriers et des employés. Elle conseille par exemple de ne pas faire ses courses le dimanche afin de promouvoir le repos hebdomadaire ou de choisir sa couturière sur une liste qu'elle a établie.
Catholiques atypiques, ouverts à d'autres pays, à d'autres religions et à de nouveaux rapports de genre, ces militants choisissent le biais de la consommation pour traiter de questions politiques et sociales - une idée venue de Grande-Bretagne et des États-Unis - et trouver leur place dans la IIIe République.
En retraçant les origines, l'histoire et la postérité de la Ligue, des années 1880 jusqu'aux années 1930, cet ouvrage offre un éclairage inédit sur l'histoire de la société française dans la première moitié du xxe siècle.
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